L’Évolution du Seuil de Pauvreté : Quelles Implications pour Nos Sociétés ?
Découvrez l'impact des nouveaux seuils de pauvreté sur nos classes moyennes et l'importance des questions économiques et sociales dans notre quotidien.
Alors que les sujets économiques et sociaux suscitent peu d’intérêt, ils sont pourtant cruciaux pour notre qualité de vie. Analysons ensemble l’évolution du seuil de pauvreté et ses conséquences sur les familles de Mauritanie, du Sénégal et d’autres pays d’Afrique.
Je publie aujourd’hui un sujet peu prisé par certains amis. Parmi mes publications où je tente de varier les thèmes en dissertant sur le maximum de sujets les thématiques relatives aux questions économiques et sociales paraissent susciter le moins d’intérêt. Pourtant, il s’agit de sujets instructifs liés à nos conditions de vie touchant à ce qui nous est le plus vital pour nos familles. À savoir notre rapport à l’eau potable, aux problématiques de l’assainissement, à un système éducatif assurant des conditions optimales de réussite à nos enfants ainsi qu’à une offre de structures de santé de bonne qualité assortie d’une assurance
médicale universelle.
Mais ce qu’une partie de nos élites ne semble pas supporter ce sont les chiffres qui alimentent et sans doute agrémentent forcément ce type de publication portant sur des questions économiques et sociales. Il est rare de voir sur le Net des publications chiffrées de nos experts ou économistes locaux. Je fais souvent la critique dans mes publications à nos ministres d’économie de ne jamais user de chiffres démonstratifs pour appuyer certaines de leurs déclarations sur la situation du pays.
Alors de quoi allons-nous parler ? De la pauvreté ou plutôt de l’extrême pauvreté. Un sujet si souvent décliné dans ma page d’actualité. Pourquoi maintenant ? Parce qu’il y a une évolution du seuil de pauvreté calculé régulièrement par la Banque mondiale. C’est la nouveauté de la semaine. Depuis 2017, le critère définissant le seuil en dessous duquel on tombe dans l’extrême pauvreté passe de 2,15 dollars à 3 dollars par personne et par jour pour les pays à faible revenu et de 3,65 à 4,20 dollars pour les citoyens des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure.
Comment la Banque mondiale classe-t-elle les pays sur le plan économique ?
En Mauritanie, au Sénégal et même au Maroc et sans doute en Algérie ces pays sont considérés comme faisant partie des nations à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. En revanche, nos voisins sahéliens de la nouvelle AES Mali, Niger, Burkina figurent parmi les pays à faible revenu (PRF) et présentent des PIB par habitant inférieurs à 1000 dollars. La Guinée vient d’intégrer la catégorie des pays a revenu intermédiaire (PRI). Cela signifie que les PRF ne sont pas condamnés à le demeurer éternellement. Si leur économie s’améliore ils rejoignent les PRI. Cette catégorie des pays à revenu intermédiaire est à mon avis un fourre-tout où l’on retrouve plus d’une centaine de pays, 108 exactement, que tout oppose. Des Pibs oscillant entre 1 135 à 13 875 dollars. Vous y trouvez la Guinée, la Mauritanie ainsi que la Turquie, le Brésil, la Russie et la Chine (oui, la Chine la seconde puissance économique qui talonne les États-Unis). Au sommet de la pyramide, les pays à revenu élevé constituent la référence affichant des PIB per capita au dessus de 14 000 dollars. On y retrouve tous les pays occidentaux, les dragons de l’Asie et les pétromonarchies.
Quel est l’impact sur nos classes moyennes (salariés, travailleurs indépendants et retraités) des nouveaux seuils de pauvreté
Venons-en à l’impact réel de ces nouveaux seuils et évaluons comment nos classes moyennes parviennent à s’en démarquer ou pas.
Rappelons que la Mauritanie par sa position de pays à revenu intermédiaire inférieur se voit appliquer comme seuil 4,20 dollars par personne et par jour pour échapper à la pauvreté. Convertissons en monnaie locale ces montants en dollars. 1 dollar étant égal à 39,62 MRU ce jour du 11 juin 2025, soit pour une commodité de nos calculs à 400 MRO en faisant l’impasse sur les décimales après les 4 dollars par personne et par jour.
Ce qui aboutit pour un mois à 50 400 MRO par personne. La barre paraît haute, voire très haute pour nos citoyens. Considérons qu’une famille compte en moyenne 5 membres. Et c’est un minimum en Mauritanie, le montant à garantir aux 5 éléments de la famille pour qu’ils échappent à une pauvreté de nature monétaire est de 252 000 MRO mensuels.
Une première remarque plutôt préoccupante, ce qu’une seule personne doit gagner pour éviter la pauvreté se trouve nettement au-dessus du SMIG mensuel (45 000Mro). Une ultime incohérence de notre système d’allocation ou de répartition des revenus. Autrement dit, tous les travailleurs payés au SMIG et même au delà jusqu’à 240 000 Mro sont, aux termes des nouveaux critères de la pauvreté, en plein dans l’extrême pauvreté. Difficile à concevoir !
Ce n’est pas tout. La très grande majorité des retraités de la fonction publique et encore davantage tous les retraités de la CNSS que je connais mieux sont aussi considérés – je pèse mes mots – comme pauvres, voire extrêmement pauvres.
Qu’en est-il des salaires des enseignants de l’éducation ? Ceux du primaire ? Et leurs collègues du secondaire ? Ainsi que le personnel de santé, les infirmiers, sages-femmes ? J’imagine qu’ils sont au-dessus du seuil des 25 400 Mru. Dans quelle limite ?
Il y a une nouvelle attitude que je suggère aux amis qui liront cette publication c’est de lever le voile sur les salaires qu’ils perçoivent et de les comparer aux seuils de pauvreté définis par la Banque mondiale qui fait naturellement référence dans le monde. Cela nous permettra de bien compléter, comprendre et prochainement mettre l’accent sur les efforts impératifs que l’État devra fournir pour tenir compte des éléments factuels et apporter d’urgence toute mesure corrective largement nécessaire.
Post Scriptum : je rappelle n’avoir jamais eu besoin de l’assistance d’aucune sorte de l’intelligence Artificielle pour la rédaction de cette publication.
Béchir Fall