Entre l’article 11 et l’intelligence artificielle, quel journalisme pour demain ?
Entre l’article 11 et l’intelligence artificielle, quel journalisme pour demain ?
Il fut un temps où le journaliste mauritanien maniait sa plume comme on manie un sabre : avec précision, rigueur et une bonne dose de prudence. Prudence, car le spectre de l’article 11 rôdait dans chaque rédaction, imposant à la pensée critique une camisole invisible. Pourtant, malgré cette chape de plomb, les journalistes de l’époque cultivaient une discipline presque monastique : vérification minutieuse des sources, pesée des mots, respect scrupuleux de la vérité. On ne plaisantait pas avec l’information : elle était sacrée.
Aujourd’hui, le décor a radicalement changé. Les journaux de papier ont cédé la place aux flux numériques, les cafés littéraires aux fils Twitter et TikTok, et l’intelligence artificielle s’invite désormais dans les salles de rédaction comme un nouveau rédacteur en chef – infatigable, gratuit, mais porteur de biais bien réels. La rapidité a remplacé la profondeur, la viralité s’impose parfois à la véracité. Le moindre mot, oublié ou mal placé, suffit désormais à métamorphoser un article en fake news et à déclencher une tempête numérique. La tentation est grande de céder au diktat du clic, plutôt que de résister au nom de la vérité.
Et pourtant, à bien y réfléchir, rien n’a vraiment changé : hier, c’était l’article 11 qui muselait les journalistes ; aujourd’hui, ce sont les algorithmes, la tyrannie de la vitesse et l’ombre des fausses nouvelles qui brouillent la vérité. Le combat reste identique : informer juste, informer vrai.
La question est donc posée : ferons-nous des nouvelles technologies des alliées pour renforcer l’éthique journalistique, ou des béquilles qui finiront par atrophier notre esprit critique ? L’intelligence artificielle peut bien aligner des phrases, mais elle ne saura jamais remplacer la flamme intérieure du journaliste : ce mélange d’instinct, de doute et de courage qui fait que, face à la rumeur, il exige une preuve ; face au mensonge, il cherche la lumière.
Hier, on craignait l’article 11. Aujourd’hui, on redoute l’erreur d’un mot qui déforme tout un récit. Mais demain, espérons-le, on se rappellera qu’aucune technologie, aussi brillante soit-elle, ne pourra écrire à notre place le contrat de confiance qui lie la presse à son public.
Rédaction Rapide info