Enfin, les Nigériens ont réussi à le faire !
Enfin, les Nigériens ont réussi à le faire !
Nous venons de recevoir une magnifique leçon de patriotisme authentique de la part du peuple nigérien, qui est plus multiethnique que nous, Mauritaniens.
En effet, le 26 mars, dans le contexte de la charte de la refondation, qui redéfinit les bases culturelles du pays, une loi nouvelle a reconnu onze langues nationales, en plaçant en tête de liste l’Haoussa, la langue la plus parlée du pays.
D’autres pays de la sous-région vont suivre l’exemple et enfin accorder la priorité à leurs patrimoines nationaux dans un ordre raisonnable, en tenant compte des réalités socioculturelles de leurs pays multiethniques.
Le Sénégal, après avoir survécu à la volonté de l’ancien régime de maintenir le règne d’une seule ethnie, en l’occurrence les Poulo-Toucouleurs, pourra bientôt ouvrir grand les portes devant cette réforme, puis conférer à la langue wolof son rôle fondamental en tant que langue de l’unité de la Nation sénégalaise.
De même, les Maliens vont bientôt adopter le bambara comme langue officielle du Mali.
Il est certain que les ethnocentristes pulaars réagiront vigoureusement partout où cela est possible, mais les patriotes sincères les stopperont net.
Qu’en est-il de la Mauritanie ?
Là c’est plus compliqué. Il y a une population noire et une autre moins noire. La stigmatisation est donc facile à cause du racisme envers les Noirs, en tout cas à l’époque coloniale, en Afrique du Sud sous l’apartheid et aux États-Unis, par exemple.
Ainsi, les ennemis de l’arabe ont toujours utilisé de manière erronée l’argument fallacieux : celui qui apprend la langue arabe sera arabisé pour que sa négritude disparaisse !
Honnêtement est-ce que le français ou l’anglais ont ‘’dépigmenté ‘’ les Africains ?
Et les Peuls nigériens seront-ils officiellement reconnus comme des Haoussas par cette réforme linguistique à portée patriotique ?
Certainement pas. Comme mentionné précédemment, l’unité se réalise en utilisant une seule langue, unissant des individus de divers milieux ethniques.
De plus, l’identité nationale dans ces pays n’est pas plurielle. Et aucun groupe ethnique ne pourra l’exiger, quel que soit son ethnocentrisme, à l’exception de la Mauritanie, qui est considérée comme le maillon faible des pays de la sous-région ouest africaine.
Alors, tout patriote soucieux de l’intérêt général de son pays et capable de briser le carcan du sectarisme ethnico-racial doit être inspiré par la leçon du Niger.
Par conséquent, le peuple mauritanien attend de tous les partis politiques de déclarer le respect non négociable de l’article 6 de notre constitution, consacrant le caractère officiel de la langue arabe. Et tout parti qui ne respecte pas la volonté nationale ne devrait pas avoir droit à la reconnaissance officielle.
Ely Ould Sneiba
Le 9 avril 2025