En Tunisie, un procès qui signe “l’aveu d’un régime qui ne se maintient plus que par la peur”
En Tunisie, un procès qui signe “l’aveu d’un régime qui ne se maintient plus que par la peur”
“Les verdicts sont tombés. Ils sont lourds et désarmants”, se lamente Nizar Bahloul, directeur de Business News, dans un éditorial publié deux jours après une avalanche de condamnations contre des opposants au régime de Kaïs Saïed, dans le cadre de l’affaire dite “du complot contre la sûreté de l’État”. Une affaire qui, selon Nizar Bahloul, “n’entrera pas uniquement dans les annales judiciaires du pays, elle occupera aussi un chapitre de l’histoire triste de la Tunisie”.
“Après une instruction bâclée, remplie d’aberrations” et “à l’issue de trois audiences hyperbâclées”, relève Business News, des peines de quatre à soixante-six ans de prison ont été prononcées contre 37 accusés dans la nuit du 18 au 19 avril, et relayées par l’agence de presse officielle Tunis Afrique Presse (TAP), rapporte Kapitalis. Soit un total de 892 années de réclusion.
TAP a précisé que “parmi les condamnés se trouvent des personnalités politiques, des avocats, des hommes d’affaires dont certains sont emprisonnés depuis leur arrestation, il y a deux ans, et d’autres en liberté [puisqu’ils ont fui le pays]”. Elle ajoute que ces accusés ont été jugés coupables à divers degrés de “complot contre la sûreté de l’État” et d’“adhésion à un groupe terroriste”.
“Avant tout d’un procès politique”
“La défense a dénoncé une instruction viciée, des preuves absentes ou farfelues, des témoins anonymes au passé judiciaire douteux et, surtout, une justice sous l’influence du pouvoir exécutif”, résume Kapitalis. Mais, reprend Nizar Bahloul, “si ce procès entre dans les annales judiciaires et va entrer dans l’histoire de cette période noire de la Tunisie, ce n’est pas en raison de ses irrégularités et de la vacuité du dossier seulement, mais aussi pour l’identité des prévenus”. Parmi eux, “des personnalités réputées pour leur sérieux et leur patriotisme” qui “auraient été décorées de la Légion d’honneur tant elles ont donné à la Tunisie”. Dont, l’influent homme d’affaires Kamel Eltaïef, condamné à soixante-six ans de réclusion, ou l’homme politique social-démocrate Khayam Turki, condamné à quarante-huit ans.
Avec Yahoo.com
Courrier International