En Algérie, une marche du Hirak empêchée et émaillée d’arrestations.

En Algérie, une marche du Hirak empêchée et émaillée d’arrestations.
La police a procédé, vendredi lors de la 117e manifestation des vendredis du Hirak, à de nombreuses arrestations de militants, opposants et journalistes.

La police algérienne a empêché, vendredi 14 mai, la marche hebdomadaire du mouvement pro démocratie du Hirak, après la prière du vendredi, à Alger.

Les forces de police, en grand nombre, ont encerclé la mosquée Errahma, point de départ de la marche, et ont dispersé la foule sans ménagement. Des manifestants et des journalistes, qui s’apprêtaient à y participer ont été bousculés et interpellés, ont constaté l’Agence France-Presse (AFP) et des témoins.

« Plusieurs journalistes ont été interpellés et empêchés de couvrir la 117e manif des vendredis du Hirak tandis que d’autres ont été molestés par les forces de l’ordre », a confirmé sur Twitter Reporters sans frontières (RSF).

Un photographe de l’AFP, Ryad Kramdi, a notamment été interpellé dans le quartier populaire de Bab El Oued, fief de la contestation, et conduit dans un poste de police local. Il a été relâché dans la soirée, sans explication, après avoir été retenu pendant huit heures. « Nous avons été bien traités mais c’était très très stressant », a témoigné le photographe.

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Au moins une dizaine d’autres journalistes et photographes ont été arrêtés, dont Khaled Drareni, correspondant en Algérie pour la chaîne francophone TV5, Kenza Khatto, journaliste à Radio M, et un vidéaste de l’agence internationale Reuters, selon des sites d’information indépendants.

Un groupe de journalistes a été relâché en fin d’après-midi, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association d’aide aux prisonniers d’opinion.

Plus de 70 personnes actuellement incarcérées
Le CNLD a également fait état de nombreuses arrestations dans le pays, parmi lesquelles des figures du Hirak, des avocats et des opposants, comme le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, et l’ancienne détenue et militante du Hirak Dalila Touat. La plupart des personnes interpellées recouvrent généralement la liberté en attendant d’être convoquées devant la justice.

A l’approche des élections législatives anticipées du 12 juin, rejetées par le Hirak, la répression s’accroît en Algérie, selon les organisations de défense des droits humains. Plus de 70 personnes sont actuellement incarcérées, poursuivies pour des faits en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles, d’après le CNLD.

Le régime paraît déterminé à briser le mouvement de protestation afin d’appliquer sa « feuille de route » électorale, sans tenir compte des revendications de la rue – Etat de droit, transition démocratique, justice indépendante – et de la non-participation des principaux partis d’opposition.

Le ministère de l’intérieur a ainsi décidé cette semaine d’obliger les organisateurs des marches du Hirak – mouvement pacifique et sans véritable leadership – à « déclarer » au préalable les manifestations auprès des autorités.

« Une répression disproportionnée et injustifiée a été exercée contre le Hirak pacifique, a dénoncé vendredi la Ligue Algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) dans un communiqué. La LADDH rappelle au pouvoir ses obligations de respect des droits humains et exige l’arrêt de la répression et la libération de l’ensemble des prévenus, des détenus d’opinion et des journalistes. »

Des marches ailleurs dans le pays
Quelques dizaines de manifestants ont néanmoins réussi à marcher vendredi, en scandant « Etat civil et non militaire », un slogan phare de la contestation. « Nous ne nous arrêterons pas, quoi que vous fassiez », ont crié les protestataires à l’adresse des autorités. Certains se sont dirigés vers Bab El Oued, un bastion du Hirak, où plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées sans pouvoir marcher.

Ailleurs, en province, des marches se sont déroulées à Oran, Mostaganem (nord-ouest), Jijel (est) et en Kabylie, à Béjaïa (nord-est) et Tizi Ouzou (est), au lendemain de la fête de l’Aïd-El-Fitr, marquant la fin du mois de jeûne du ramadan.

Né en février 2019 du rejet massif d’un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, qui a démissionné peu après, le Hirak réclame un changement radical du « système » politique en place depuis l’indépendance en 1962.

Le Monde avec AFP

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