En 2020, le Sahel aura-t-il le plus fort taux de croissance d’Afrique ?

Malgré les opérations terroristes, la région conserve un produit intérieur brut 65% supérieur au PIB moyen de l’ensemble du continent révèle une étude de l’Agence française de développement (AFD).

Laurent Ribadeau Dumas
Rédaction Afrique

« Le PIB de ce vaste territoire (le Sahel, NDLR) devrait progresser de 5,9% en 2020, contre 3,8% en moyenne pour le continent », prévoit l’Agence française de développement (AFD). Et ce, malgré les opérations jihadistes.

« Tout d’abord, d’importantes zones sahéliennes demeurent épargnées par les violences. En particulier le Sénégal, qui figurait ces cinq dernières années parmi les vingt économies les plus dynamiques au monde. Cette année encore, le pays devrait enregistrer une croissance de 6,8% », relate Le Monde dans un article qui rend compte de la présentation de l’ouvrage de l’AFD. Dans le même temps, l’exploitation de matières premières, comme le fer en Mauritanie ou l’or au Burkina Faso, « bénéficient de cours avantageux sur les marchés mondiaux ».

La production d’or entravée au Burkina
Mais ces activités économiques sont rattrapées par la situation sécuritaire. A commencer par l’exploitation de l’or au Burkina. Dans ce pays, la production est passée de 400 kilos en 2007 à plus de 52 tonnes en 2018, selon la Chambre des mines locale. Douze mines industrielles étaient en exploitation fin 2018 et quatre autres devraient ouvrir à court terme. Le secteur a contribué en 2018 pour 11,4% au Produit intérieur brut (PIB), avec 1540 milliards de francs CFA de recettes d’exportation (2,6 milliards d’euros), et généré 266 milliards de FCFA (450 millions d’euros) de recettes budgétaires, selon le ministère des Mines.

Le secteur aurifère officiel compte 9 200 emplois directs et 26 100 emplois indirects. Mais le sous-secteur artisanal, aussi appelé orpaillage, emploie 1,5 million de personnes et génère une production annuelle supplémentaire d’environ 10 tonnes d’or, selon le ministère des Mines.

Depuis deux ans, le secteur minier a enregistré au moins une dizaine d’attaques. Notamment contre celle de Boungou (Est), le 6 novembre 2019. Celle contre un convoi transportant du personnel de la société minière canadienne Semafo, qui exploite le site depuis septembre 2018, a fait 38 morts et une soixantaine de blessés. L’exploitant a d’ailleurs annoncé « la suspension des opérations » jusqu’à nouvel ordre, « par respect pour les victimes et leurs proches ».

En s’attaquant de manière répétée au secteur aurifère, les groupes jihadistes tentent de frapper l’Etat burkinabè au portefeuille. « Même si les sites miniers ne sont pas directement visés par les attaques, cela va créer de l’inquiétude pour les investisseurs. Ils vont hésiter à miser sur de nouveaux projets », estime le responsable d’une compagnie aurifère cité par l’Agence France Presse (AFP). « Les investissements dans le secteur minier sont lourds, c’est en centaines de millions de dollars. Les investisseurs ne sont pas prêts à prendre des risques s’il n’y a pas la sécurité dans le pays. »

« L’autre problème, c’est que cette insécurité fait fuir les expatriés. Or, les compagnies minières ont du mal à attirer des expatriés qualifiés » en Afrique de l’Ouest, ajoute-t-il. Selon un fournisseur d’équipements du secteur, « les groupes miniers ont beaucoup réduit leurs activités d’exploration au Burkina, parce qu’ils ne peuvent plus y travailler normalement. Il y aura des répercussions sur la production à long terme ».

Franceinfo

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page