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L’éloge poignant de Mohamed Vall Ould Sidi Moyle : Une réflexion sur l’intégrité et le devoir

Découvrez l’éloge prononcé par Mohamed Vall Ould Sidi Moyle en mémoire du colonel Mohamed Lemine Ould N’Diayane, une réflexion profonde sur l’intégrité, le devoir et les valeurs de la République mauritanienne.

L’éloge prononcé par Mohamed Vall Ould Sidi Moyle à la mémoire du colonel Mohamed Lemine Ould N’Diayane ne se limite pas à une simple cérémonie funèbre. Il représente un acte de dévoilement, révélant les tensions entre intégrité individuelle et logiques du pouvoir collectif dans l’histoire militaire de la Mauritanie.
L’éloge prononcé par Mohamed Vall Ould Sidi Moyle à la mémoire du colonel Mohamed Lemine Ould N’Diayane dépasse de loin les codes habituels de la rhétorique funèbre. Il s’agit moins d’une célébration posthume que d’un acte de dévoilement, où la biographie sert de miroir d’un ordre plus large.
La première strate notable de l’éloge réside dans le choix d’un ton qui oscille entre l’emphase morale et la précision chirurgicale. À travers une série de contrastes marqués — entre probité et opulence, douceur et brutalité, fidélité et putschisme —, l’auteur construit un personnage d’exception non seulement par ses actes, mais par sa négation implicite de ce qui l’entoure.
« Dans un corps où bon nombre de commandants se sont transformés en seigneurs… sa main est restée d’une propreté sans égale. »
Ce passage, par exemple, ne se contente pas de louer un homme. Il dresse en arrière-plan l’inventaire discret d’un système perverti. L’éloge devient topographie morale inversée, traçant en négatif les pathologies présumées d’une institution.
L’éloge s’organise autour d’une opposition fondamentale : l’intégrité individuelle face aux logiques du pouvoir collectif. La fidélité du colonel n’est pas décrite comme une loyauté passive envers un régime, mais comme une forme de souveraineté éthique — intransférable, non négociable, et difficilement récupérable par l’un ou l’autre des camps.
« Peut-être que Ould Taya n’avait pas raison. Peut-être que les Chevaliers du Changement n’avaient pas raison non plus. »
Cette double concession, inhabituelle dans un hommage militaire, désamorce toute lecture partisane. L’auteur refuse de figer l’histoire en dualité binaire. Il suggère, au contraire, que le colonel échappe aux logiques d’alignement politique, et que sa mort constitue une perte pour tous les camps confondus, précisément parce qu’elle procède d’un autre ordre : celui du devoir désintéressé.
Un des éléments les plus subtils du texte tient au reproche implicite adressé à l’État, tous régimes confondus. La formule :
« Il ne fait aucun doute… que l’État de Ould Taya, comme ceux qui lui ont succédé, ont manqué à leur devoir de reconnaissance »
fonctionne comme un point de bascule rhétorique. Ce n’est plus seulement l’homme qu’on pleure, mais la République qu’on interroge : pourquoi cet oubli ? Pourquoi ce vide cérémoniel autour d’un officier qui aurait incarné, selon l’auteur, les valeurs mêmes que l’État prétend défendre ?
Il ne s’agit pas d’une accusation explicite, mais d’une question suspendue, qui engage le lecteur dans une réflexion sur la mémoire officielle, sur ce qu’on célèbre — et ce qu’on tait.
Le texte d’Ould Sidi Moyla n’est pas seulement un hommage à un officier tombé au champ d’honneur. C’est un miroir tendu à l’histoire militaire et politique de la Mauritanie contemporaine, une tentative d’écrire, à travers la figure d’un seul homme, un contre-récit éthique aux turbulences du pouvoir et de ses héritages.
Sans jamais nommer directement les responsables, sans jamais céder à l’émotion brute, l’auteur désigne les absences, les oublis, et redonne à une figure effacée la dignité d’une présence morale intransigeante.
Loin d’être un panégyrique conventionnel, ce texte devient, pour ceux qui savent lire entre les lignes, une archive politique sur l’exil de l’honneur en République.

Mohamed Ould Echriv Echriv

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