Les élites éternelles : un mal mauritanien ou une réalité universelle ?
En Mauritanie, on critique la concentration du pouvoir entre les mêmes mains. Mais ailleurs, les grandes démocraties ne font-elles pas, elles aussi, tourner les mêmes visages ? Une réflexion sur la permanence des élites éternelles et les failles institutionnelles.
Les élites éternelles
On reproche à la Mauritanie d’être gouvernée par les mêmes figures depuis des décennies. Mais ailleurs, dans les grandes démocraties, la scène n’est-elle pas tout aussi figée ? En politique, souvent, on reprend les mêmes et on recommence !
On reproche souvent à la Mauritanie d’être dirigée par un petit cercle d’hommes qui se passent le pouvoir d’une main à l’autre, comme s’il n’existait pas d’alternative. L’expression revient souvent : « toujours les mêmes ». Pourtant, un regard attentif sur les grandes démocraties occidentales révèle une vérité dérangeante : là aussi, ce sont souvent les mêmes visages, les mêmes familles politiques, les mêmes réseaux d’influence qui gouvernent depuis des décennies. En politique, c’est souvent la même rengaine : on reprend les mêmes et on recommence !
La différence ne réside donc pas dans la permanence des élites, mais dans la structure du système. Ailleurs, les institutions fonctionnent, les contre-pouvoirs existent, la justice agit, les médias enquêtent, et le citoyen peut sanctionner par le vote. Chez nous, le problème n’est pas tant qu’un petit groupe dirige, mais que ce groupe tient tout : l’État, l’économie, la parole publique et parfois même l’avenir des autres.
Il est trop facile de condamner la Mauritanie comme une exception africaine. Ce qui manque, ce n’est pas un renouvellement de visages, mais un renouvellement des règles du jeu. Car sans institutions solides, la démocratie reste un théâtre où les acteurs changent rarement — et où le peuple, spectateur fatigué, n’applaudit plus.
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