Actualités Politiques en Mauritanie | Rapide InfoAccueil |

El Insaf en session : congrès en vue, encens présidentiel et diplomatie au jasmin chinois

Un congrès à préparer, des décisions "historiques" saluées en chœur et une semaine sino-mauritanienne dans les tuyaux : retour sur la dernière réunion d’El Insaf, entre sérieux politique et ballet bien chorégraphié.

Un congrès à préparer!

Réuni ce 15 juin 2025, le Bureau exécutif du Parti El Insaf a déroulé un programme à la hauteur de ses ambitions : réforme interne, applaudissements présidentiels, et même une commission pour célébrer l’amitié avec la Chine. Retour sur un communiqué au style classique, relevé d’une pincée d’humour.

(tags) : El Insaf, congrès politique, Sid’Ahmed Ould Mohamed, Ghazouani, Parti au pouvoir, réforme interne, politique mauritanienne, Chine, diplomatie, humour politique

Dans la salle du siège du Parti El Insaf, le dimanche 15 juin 2025, les fauteuils n’étaient pas vides, les discours non plus. Le Bureau exécutif s’y est réuni « en session ordinaire », ce qui, dans le langage des partis bien installés, signifie surtout : on garde la main sur la manivelle, en attendant que le moteur électoral redémarre.

Un exposé présidentiel taille XXL

Le président du parti, M. Sid’Ahmed Ould Mohamed, n’a pas dérogé à la tradition : exposé fleuve, énumération en cascade, autosatisfaction bien tempérée. Tout y passe : réforme du parti (toujours en chantier), préparation du prochain congrès (en gestation avancée), et bien sûr – rituel obligé – un hommage appuyé au « climat d’apaisement politique » instauré par Son Excellence Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Le ton est solennel, mais l’exercice s’apparente parfois à un concours de louanges où chaque paragraphe cherche à battre le précédent en révérence.

Réformes et gratitude : le bingo des bulletins officiels

Dans cette réunion, les grandes causes étaient servies : la lutte contre la corruption (encore et toujours), l’amélioration des services essentiels (comme chaque saison), et la titularisation des employés de la SOMELEC et des médias publics (vive l’électricité, et vive l’ORTM !). À défaut de révolution politique, le Bureau semble convaincu que l’on tient là les « décisions historiques » de l’année.

Petite touche sociale : un fonds pour loger les enseignants – parce que rien ne dit « réforme » comme un toit au-dessus de la tête d’un maître. Et puis bien sûr, un vibrant « merci président ! » lancé depuis le bureau exécutif, au nom des militants, du peuple, des enfants, des chats errants, et de l’électorat flottant.

Diplomatie sucrée et panda en vue

Autre moment fort : la suggestion de créer une commission pour célébrer les 60 ans des relations sino-mauritaniennes. Une belle occasion pour ressortir les archives photographiques de Mao serrant la main à Moktar, et pour graver quelques plaques commémoratives en mandarin sur fond de musique traditionnelle.

La Chine, c’est l’ami fidèle, mais aussi le prestataire préféré. On imagine déjà le programme de la semaine : exposition de calligraphie, défilé de costumes traditionnels et, qui sait, un panda symbolique offert à la Mauritanie (faute de TGV ou de satellite).

Un congrès à l’horizon… ou l’art de peindre un ciel bleu

Mais le vrai nerf de la réunion, c’est le congrès. Le mot revient comme un tambour de guerre. Il faudra « accélérer les réformes », « renouveler les instances », « renforcer la démocratie interne »… Autant de phrases qui feraient sourire un sociologue, mais qui restent efficaces pour galvaniser les fidèles (ou du moins les faire patienter jusqu’à l’échéance électorale).

Derrière la rhétorique bien huilée, on sent pourtant que l’enjeu est réel : il s’agit de garder le cap, rassembler les troupes, et faire croire que le parti bouge – même si c’est en rond.

 El Insaf, toujours en campagne, jamais en repos

Ce communiqué est à la politique ce que le couscous est à la cuisine : copieux, familier, et plein de semoule rhétorique. Le Bureau exécutif a salué, apprécié, remercié, validé, approuvé… Et au fond, c’est bien cela la fonction première de ce genre de réunion : maintenir l’apparence du mouvement, s’assurer que les rideaux restent tirés, et que le spectacle continue.

Après tout, en politique comme au théâtre, le silence entre deux scènes ne signifie pas l’absence d’intrigue – juste un changement de décor.

AOB

Rapide info

Laisser un commentaire

Articles similaires