Éditorial – Quand la rumeur étouffe l’avenir
Éditorial - Quand la rumeur étouffe l’avenir
Rumeur! Hier et aujourd’hui encore, ça bruissait. Ça chuchotait. Ça tournait en boucle sur les ondes et sur les réseaux. Un remaniement. Oui, non, peut-être. Comme une fièvre qui s’empare des conversations et se nourrit d’elle-même. Le pays tout entier suspendu à une question : qui part, qui reste ?
Et pourtant… ailleurs, au même moment, se joue quelque chose de colossal. Mauritanide 2025. Des milliards de dollars en opportunités. Des investisseurs, des délégations, des projets concrets qui pourraient redessiner notre avenir. Et pourtant… silence. Relégué au second plan. Éclipsé par des rumeurs de couloir.
On dit que les investisseurs observent. Et c’est vrai. Ils observent tout. Les contrats, les mines, le gaz. Mais aussi nos obsessions. Nos priorités. Et que voient-ils ? Un pays qui s’agite pour des fauteuils, alors qu’une fenêtre historique s’ouvre sous ses yeux. Que comprennent-ils ? Instabilité. Fragilité. Incertitude. Trois mots qui font fuir le capital plus vite qu’une tempête de sable.
Oui, les ministres vont et viennent. C’est la règle du jeu politique. Mais la richesse du sous-sol, elle, demeure. Le fer, le cuivre, l’or, le gaz offshore. Tout cela ne bouge pas. C’est là. C’est ce qui pourrait – si nous le voulons vraiment – transformer la Mauritanie. Alors pourquoi cette frénésie autour de quelques noms ? Pourquoi ce vertige du passager, quand l’essentiel est là, solide, devant nous ?
La vérité est brutale : tant que nous laisserons la rumeur dicter notre rythme, nous resterons prisonniers d’un présent qui s’use. La Mauritanie mérite mieux qu’une politique réduite à des pronostics de couloir. Elle mérite une vision. Elle mérite que l’on parle de ce qui compte : l’économie, l’avenir, le long terme.
Alors posons-nous la question, la seule qui vaille : voulons-nous être le pays des rumeurs, ou le pays des projets ?
Ahmed Oul Bettar