Mauritanie

Editorial de La Nouvelle Expression : A Mohamed S. Merzoug, le citoyen de l’OMVS

Editorial de La Nouvelle Expression : A Mohamed S. Merzoug, le citoyen de l’OMVS
« Il était de notre responsabilité d’agir pour protéger les migrants des réseaux criminels et des passeurs. Nous avons constaté les drames humains causés par ces flux migratoires, avec des familles endeuillées après des tragédies en mer. Il était impératif d’intervenir », a déclaré Mohamed Salem Merzoug
C’est seulement après ma sortie sur la question relative aux rafles des étrangers que j’ai pris connaissance de ces propos venant de Mr le ministre mauritanien des Affaires étrangères, patron de la diplomatie mauritanienne, Mohamed Salem Merzoug.
Monsieur le ministre, cette posture est salutaire si son application sur le terrain épouse les règles du respect de la dignité et surtout quand celle-ci cesse d’être sélective. Car, quand vous parlez, Monsieur le ministre, de tragédies en mer, vous oubliez que depuis 2019 des Mauritaniens cherchent à connaitre le sort de leurs enfants sans qu’il y ait un soutien efficient de la part de l’Etat.
Cet Etat refuse même de reconnaitre les drames des jeunes Mauritaniens dans l’Atlantique. Que s’est-il passé pour que ce même Etat se soucie de la perte des vies humaines en mer aujourd’hui ? Prétexte utilisé pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière chez eux… Alors, c’est pour vous dire que ce n’est pas seulement les étrangers en situation irrégulière qui affrontent les vagues de la mer mais des Mauritaniens aussi.
Toutefois, votre posture est tout de même en nette rupture avec celle de votre collègue de la sécurité intérieure, lui qui s’emploie à installer des camps de types palestiniens, les victimes de l’entité sioniste.
La Mauritanie n’est pas Israël et je ne pense pas qu’il y ait dans cette Mauritanie un seul soutien ou admirateur de Netanyahu, le Premier ministre israélien.
Monsieur le ministre, votre collègue chargé de la sécurité, que je n’ai jamais connu par le passé, m’inspire la peur et le désarroi et j’espère me tromper sur son cas, même si les agissements de certains policiers sur le terrain me laissent un peu perplexe sur sa vision et gestion de cette problématique. Mais, vous et lui, avez péché dans un aspect important qui pouvait mieux expliquer la situation : c’est la communication.
Les canaux, le style et le temps choisis étaient, me semble-t-il, inappropriés. Vous avez et vous continuez à laisser l’image du pays à la merci des influenceurs sur les réseaux sociaux. « Nous avons reçu ici même des Mauritaniens mais, après vérification par le dispositif mis en place par l’agence des titres sécurisés, ils ont été libérés. Nous ne sommes pas en charge de l’expulsion mais, avant cet ultime recours, les interpellés passent tous par l’outil de vérification.
Personne n’a été expulsé sans que sa situation ne soit identifiée et connue… », a déclaré une source policière lors de notre passage (le député Balla Touré et moi-même) dans des commissariats et centres de détention des migrants.
Il a été observé dans nos différents échanges que la police arrive à reconnaitre clairement le manque de communication qui entoure son travail et déplore l’attitude des certains de ses éléments. La désinformation et le manque de communication, voire de transparence sur leur travail en faveur du citoyen, est préjudiciable ; seules les bavures de certains policiers résonnent et occupent le devant de la scène.
Des bavures qui peuvent contribuer à l’instabilité et la frustration des populations mais aussi à ternir encore plus l’image du pays ; un pays très mal en point. Voici, Monsieur le ministre, la situation connue de ce phénomène.
Comme vous, le ministre de l’intérieur doit chercher à redorer son blason, il en va de l’image du pays dans le concert des nations civilisées. Tous, nous partirons et la Mauritanie restera.
L’écriture de l’histoire dont nous avons, aujourd’hui, Monsieur le ministre, la responsabilité doit être digne et peu ou même irréprochable. Consacrons notre vie et engagement à l’action vraie et défendable pour ce pays meurtri.
Votre collègue de l’Intérieur ne peut fermer ses yeux sur les bavures de certains éléments de la police ; en le faisant, il travaille contre la Mauritanie et contre les policiers honnêtes qui veillent sur la sécurité du citoyen et de ses biens.
Votre posture la plus salutaire encore a été l’attitude que vous avez adoptée en 2022 en parlant avec les chancelleries et les associations des communautés étrangères en Mauritanie pour la gestion de la situation des migrants.
Il était plus digne, une fois encore, de faire la même chose, en fixant un délai pour que les concernés prennent leurs dispositions. Gouverner, c’est anticiper. Avec cette manière de gérer ce phénomène naturel et mondial, on retrouvera le Merzoug, ex-patron de l’OMVS, et non cette image, aujourd’hui, de nature à nuire votre réputation.
Monsieur le ministre, refusez d’être ce que vous n’êtes pas ; n’acceptez pas d’être le bouc émissaire des pyromanes tapis dans l’ombre. Vous êtes et vous avez été un homme qui a inspiré une génération, ma génération, vous le Professeur à l’université, cadre du premier et le plus important parti de l’opposition de l’ère démocratique de l’histoire politique du pays. Je me souviens encore que c’était avec joie qu’on vous aidait à faire démarrer votre voiture de type 504 en utilisant nos biceps de jeunes sportifs et militants.
Vous avez fini par rejoindre le camp adverse où vous vous êtes fait respecter. Vous avez eu à occuper beaucoup de positions stratégiques jusqu’à la gestion de l’OMVS pendant plusieurs années, contraint à quitter malgré le soutien de tous les chefs d’Etats des pays membres de cette organisation sous-régionale, sauf Abdelaziz, le Président de votre pays, la Mauritanie. Aujourd’hui, le destin a décidé que vous conduisez, la diplomatie alors que lui, l’ex président, est en prison.
Vous avez quitté l’OMVS avec honneur et dignité et la reconnaissance des services rendus à la sous-région ; vous avez été décoré par la présidence sénégalaise. Alors, vous êtes l’une des personnalités au gouvernement qui a intérêt à bien soigner les relations de notre pays avec nos voisins car, plus qu’un Mauritanien, vous êtes un citoyen de l’OMVS.
Camara Seydi Moussa

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