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D’une stratégie des Pêches et de l’Economie Maritime à une autre

Le Ministère des Pêches et de l’Economie Maritime avait callé sa stratégie quinquennale actuelle au deuxième mandat 2015-2019 de l’ancien Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz. Aujourd’hui, le voilà organiser un atelier dans le cadre d’un processus devant aboutir à la mise en place d’une nouvelle stratégie sectorielle.  Il s’agit de l’«Atelier de restitution et de consolidation du rapport de l’évaluation de la mise en œuvre de la stratégie Nationale de Gestion Responsable pour un Développement Durable du secteur des Pêches et de l’Economie Maritime 2015-2019 ».

 

Pourtant le rapport présenté par les Consultants parle, lui, de « Evaluation à mi-parcours de la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de Gestion Responsable pour un Développement Durable du secteur des Pêches et de l’Economie Maritime 2015-2019 » et précise qu’il (le rapport) porte sur la période 2016-2018. Ainsi, on confond la date de l’application du système de quotas (1er janvier 2016) avec celle de l’adoption et de l’application de la stratégie dans sa globalité (23 Février 2015).

Peu importe la période considérée. L’essentiel c’est d’avoir des données collectées en fonction des TDRs, que ces données soient intelligemment traitées et interprétées, toujours en rapport avec les TDRs et qu’enfin les propositions de solutions et les recommandations puissent permettre de corriger les erreurs du passé et servir l’objectif de mise en place d’une nouvelle stratégie sectorielle. Une stratégie que la tradition demande son indexation, cette fois-ci, sur le premier mandat du Président de la République Mohamed Cheikh El-Gazouani et son harmonisation avec ses orientations générales et son programme électoral.

Le rapport proprement dit

 

En ce qui concerne le rapport proprement dit, il ressemble globalement à une bonne présentation de l’état actuel du secteur des pêches et non à une évaluation à mi-parcours ou d’une mise en œuvre de la stratégie. En conséquence, il sera difficile pour les représentants du Projet PRAO-MR (Banque Mondiale) et de la Commission des Marchés de valider cette étude et ce pour trois principales raisons.

D’abord, le texte est trop narratif et consiste en une compilation des avis des personnes rencontrées et des données du derniers GT/IMROP de février dernier dont certaines restent discutables malgré les tapages faits autour des résultats dudit groupe de travail par certains ‘’commis de l’Etat’’.

Ensuite, il y a l’absence d’une vraie évaluation des innovations introduites par la stratégie échue, des objectifs de cette stratégie (globaux et spécifiques) ou par rapport à la SCAPP ou aux exigences de l’intégration sous-régionale et de l’accompagnement de la communauté internationale.

Les plus importantes parmi de telles innovations seraient (i) l’accent mis sur le caractère de propriété commune des ressources halieutiques et sur la responsabilité de l’Etat dans sa gestion de manière durable, transparente et équitable, (ii) l’introduction du système de gestion par quotas individuels transférables ou non (QIT), (iii) la redéfinition des types et régimes de pêche ainsi que la révision d’autres détails relatifs à l’entrée dans la pêche de nouveaux acteurs et à l’allocation de la ressource pour les rendre conformes aux objectifs fixés et en faciliter la réalisation

D’autre part, manque des effets explicites du cumul des réalisations énumérées dans l’étude et liées particulièrement à la mise en œuvre du plan d’action qui a accompagné la stratégie proprement dite. La stratégie n’est pas seulement le plan d’action.

Comment les différentes catégories d’acteurs perçoivent le code des pêches, le code de la marine marchande et leurs textes d’application (décrets, arrêtés, notes de services et circulaires, aurait permis une certaine appréciation de la mise en œuvre partielle ou totale de la stratégie 2015-2019.

Au lieu de distribuer des mentions à des institutions, à des Directions ou à des responsables, les experts auraient gagné en évaluant l’organisation du Ministère (organigramme) et des services déconcentrés et décentralisés, les ressources humaines disponibles (profils, redéploiement et conditions de vie et de travail), etc. Dans quelle mesure les relations du Ministère des pêches avec celui chargé de l’environnement et l’Autorité de la Zone Franche de Nouadhibou et autres impactent les performances du secteur des pêches, aurait mérité plus d’attention dans cette opération dite d’évaluation.

Le recours à l’organisation de groupes de travail

Enfin, le recours à l’organisation de groupes de travail lors de ce genre d’atelier, est une vraie innovation et peut ainsi constituer une valeur ajoutée indiscutable. Les résultats limités de ces groupes et les observations formulées par le Ministère des pêches et ses professionnels, ne changeront rien certainement aux yeux du Ministre Nani Chrougha.

A propos, Son Excellence ne porte pas certainement beaucoup d’espoir sur cette étude pour élaborer une nouvelle stratégie quinquennale pour son Département. En effet, il connait déjà là il veut arriver puisque c’est lui l’initiateur de l’étude et l’auteur de ses termes de références.

Monsieur le Ministre avait aussi suivi de près et contribué fortement à l’élaboration de la précédente stratégie et des textes de son opérationnalisation. C’est lui aussi qui avait assuré la mise en œuvre de cette stratégie pendant environ trois ans.

Les hommes aux principaux postes, sont des collaborateurs de confiance que sont Excellence avaient choisis lors de son dernier passage au Département.

Aussi, personne dans la pêche ne peut tromper le Ministre des pêches qui avait largement eu, avant, le temps de connaitre, plus que quiconque, les lobbies au niveau de l’Administration centrale, des établissements sous tutelle ainsi que dans le secteur privé. Cette situation n’a certainement pas changé le temps qu’a duré son congé au Ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de à l’Aménagement du Territoire.

L’obligation des résultats et la liberté donnée aux Ministres quant à choisir leurs collaborateurs, ne peuvent que réconforter notre Ministre dont la nouvelle devise, dévoilée à l’occasion de cet atelier du 02 octobre, est « transparence, confiance et productivité ».

Serai-ce peut-être un message qui aiderait à décoder comment sera assuré  le passage d’une stratégie sectorielle azizienne à une autre sous le règne Ghazouani. Wait and see !

Dr Sidi El Moctar Taleb Hamme

Nouadhibou, le 03 Octobre 2019

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