Droit de réponse au Dr Bakary Sambe Timbuktu Institute sur RFI.

Droit de réponse au Dr Bakary Sambe Timbuktu Institute sur RFI.
Nous avons eu cette très grande surprise d’apprendre que dans un rapport tiré par des cheveux intitulé : « La menace du JNIM dans la zone des trois frontières du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal… » Des mouvements et ONG abolitionnistes sont peintes comme les maillons faibles ou « traitres » au sein des communautés autour des trois frontières qui risquent ou peuvent être des alliés du Jihadisme violent JNIM, un mouvement terroriste dans la région. Nous ne savons pas les motivations qui se cachent derrière l’arrière crâne des auteurs d’un tel rapport monstrueux qui a mis en danger des millions de vies innocentes, mais, nous leurs disons que depuis la nuit du temps, aucun mouvement abolitionniste n’a été allié d’une quelconque violence religieuse pour se libérer du joug de l’esclavage et ses séquelles.
Nous dénonçons avec la plus grande fermeté le chapitre ci-dessous dans leur rapport incriminé en ligne et demandons son retrait, puisque les informations ne reposent sur aucune preuve. Nous mettons en défi Dr Bakary Sambe et Timbuktu Institute de nous emmener des preuves palpables de l’implication ou la récupération par JNIM d’un leader prédicateur abolitionniste de l’esclavage ou d’un responsable d’une ONG locale abolitionniste dans la zone des trois frontières.
Faute de quoi, les accusations sont tellement graves que les abolitionnistes se réservent le droit d’enclencher des procédures judiciaires contre Timbuktu Institute et son directeur régional Bakary Sambe. Ils doivent savoir que certains militants abolitionnistes ont déjà payé de leurs vies pour leur engagement contre cette ignominie esclavagiste. Ce rapport vient de jeter en pâture toute personne abolitionniste dans la sous région, qui peut être la cible à la fois des jihadistes ou les pays autour des trois frontières, tout en sachant que certains féodaux esclavagistes cherchent désespérément un argument pour commettre le génocide sur des abolitionnistes. J’en appelle au doyen Alioune Tine de faire entendre raison à Bakary Sambe et son Institute le plus rapidement que possible.
Diko Hanoune/ Secrétaire général de l’Association des Haratine de Mauritanie en Europe (A.H.M.E)
« Griefs socioculturels et religieux
Un autre grief pourrait provenir des élites traditionnelles, y compris certains milieux religieux soufis et autres, qui ne s’attaquent pas assez à un système de castes vieux de plusieurs siècles dans les régions de Matam et de Tambacounda. Cette pratique est particulièrement assez prononcée à Bakel, qui se trouve à la frontière avec la Mauritanie, près du Mali. Le système de castes ou d’esclavage par ascendance consiste à déterminer la position sociale des personnes en fonction de leur famille d’origine ou de leur ascendance. Par conséquent, les personnes considérées comme appartenant à une « classe inférieure » sont reléguées au second plan et se voient refuser l’accès à des responsabilités religieuses voire politiques. La situation est plus accentuée encore en Mauritanie, où certains membres du groupe Beydân (maures blancs), essentiellement arabes – ou revendiquant une certaine arabité -, possèdent d’autres membres du groupe Haratine, au teint plus foncé. Bien que le système des castes soit une pratique ancienne, il s’agit d’une forme de discrimination socio-économique récurrente. Environ un cinquième des habitants des régions de Kédougou, Matam et Tambacounda citent la marginalisation ou l’exclusion sociale comme raison pour laquelle une personne rejoindrait un groupe extrémiste violent, selon une enquête interne du Timbuktu Institute réalisée en 2024. Il s’y ajoute, par le biais de la migration en Europe notamment en France, un phénomène de revanche économique de la part de personnes ou de familles anciennement stigmatisées (esclavage par ascendance). Suite à l’amélioration de leurs conditions économiques et leur contact avec les milieux salafistes en France, ces migrants construisent des mosquées d’obédience wahhabite dans leurs localités d’origine, considérant le discours salafiste comme plus « égalitariste » que ce lui prôné par les leaders de l’islam traditionnel.
Ces derniers prônent, certes, des croyances islamiques de loin plus modérées que l’idéologie salafiste du JNIM, mais leur inertie face au système des castes et à l’esclavage par ascendance pourrait, comme c’est déjà le cas dans la région de Kayes, permettre au JNIM de délégitimer leur autorité parmi les classes considérées comme « inférieures ». En fait, des sources rapportent que des réseaux salafistes ont déjà pénétré la région de Bakel en s’emparant de cette contradiction sociale persistante et ainsi perpétuer une tradition non dénoncée par les tenants de l’islam local. Ils réussissent à présenter le salafisme comme plus égalitaire et comme une « théologie de la libération », contrairement à l’islam traditionnel, qui n’a pas assez condamné le système des castes. Le JNIM a déjà adopté cette approche avec succès au Burkina Faso, en encourageant les communautés pastorales des classes inférieures à se retourner contre leurs « élites ». Cette approche a réussi à galvaniser les recrues dans d’autres régions du Sahel. La région des trois frontières est confrontée à ces mêmes défis socio-économiques et socioreligieux qui mériteraient une plus grande attention. Cela, d’autant plus qu’un mouvement anti-esclavagiste transnational nommé « Gambana » (on est les mêmes, en Soninké) est en train de monter en puissance et de mobiliser en Mauritanie, au Sénégal comme dans la région de Kayes où plus de 800 000 individus continuent d’être socialement considérés comme esclaves. »
Bakary Sambe RFI: Au Sénégal, «Il y a une nette prise de distance des jeunes vis-à-vis du discours religieux classique»