Drame de Melilla : 33 migrants condamnés à 11 mois de prison

Drame de Melilla : 33 migrants condamnés à 11 mois de prison ferme

Le drame de Melilla est survenu après la normalisation, à la mi-mars, des relations entre le Maroc et l’Espagne à la suite d’une brouille diplomatique de près d’un an sur le dossier du Sahara occidental.

La justice marocaine a condamné, le mardi 19 juillet, 33 migrants africains parmi ceux qui avaient participé à une tentative meurtrière d’entrée dans l’enclave espagnole de Melilla fin juin à 11 mois de prison ferme chacun pour « entrée illégale » au Maroc.

Cette condamnation a été jugée comme étant « sévère » par l’avocat des migrants ainsi que les défenseurs des droits de l’Homme au Maroc.

« C’est un jugement très sévère au regard des éléments du dossier et des circonstances des faits », a estimé l’avocat des migrants, Khalid Ameza, cité par l’AFP.

« Nous espérons que la cour d’appel rectifiera ce jugement sévère », a indiqué de son côté l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH).

Les 33 personnes condamnées faisaient partie de près de 2000 migrants en situation irrégulière qui ont fait, le 24 juin dernier, une tentative de passage en force à Melilla à partir du territoire marocain. Ces migrants étaient poursuivis pour « entrée illégale sur le sol marocain », « violence contre agents de la force publique », « attroupement armé » et « refus d’obtempérer ».

La tentative de passage en force de ces migrants en situation irrégulière, en majorité des Soudanais, a fait 23 morts parmi les migrants, selon les autorités marocaines (au moins 37, selon des ONG espagnoles) ainsi que plus de 200 blessés, dont 140 dans les rangs des forces de l’ordre marocaines et une cinquantaine chez les policiers espagnols.

Brutalités policières

Ce bilan humain est le plus lourd jamais enregistré aux frontières entre le Maroc et les deux enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, les seules frontières de l’Union européenne avec le continent africain.

Le drame a suscité une forte indignation à l’échelle internationale. L’ONU et l’Union africaine (UA) avaient dénoncé « un usage excessif de la force » et réclamé l’ouverture d’une enquête tandis que plusieurs ONG de défense des droits humains ont fustigé « la brutalité » des forces de l’ordre marocaines.

Un rapport publié mi-juillet par le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), un organisme officiel chargé d’enquêter sur les lieux après la tragédie, a cependant conclu mercredi à « la mort par asphyxie » des exilés africains qui ont péri dans des « bousculades », mettant de facto hors de cause les forces de l’ordre.

Le drame de Melilla qui illustre l’échec des politiques migratoires des deux côtés de la Méditerranée est survenu après la normalisation, à la mi-mars, des relations entre le Maroc et l’Espagne à la suite d’une brouille diplomatique de près d’un an à propos du Sahara occidental, un territoire non autonome disputé depuis des décennies entre le Maroc et les indépendantistes du Front Polisario soutenus par l’Algérie.

Avec l’Agence Ecofin

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