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Docteur Amina N’Diaye, pédiatre, vice-présidente du Front pour la Citoyenneté et la Justice (FCJ) : ‘’ Nous sommes prêts à un dialogue qui n’exclut aucun sujet ‘’

Le Calame : Le Front pour la Citoyenneté et la Justice vient de recevoir son récépissé officiel du ministère de l’Intérieur. Votre sentiment ?

Dr Amina N’Diaye : Mon sentiment est celui de tous les membres du FCJ : fierté et satisfaction. Nous avons travaillé dur pour décrocher ce récépissé ; c’est une étape franchie, le travail va se poursuivre pour le maillage du pays.

– Cette reconnaissance intervient au lendemain de l’adoption d’une nouvelle loi visant la fondation, l’organisation et la gestion de partis politiques en Mauritanie. Comment avez-vous réussi à surmonter les nouveaux obstacles qu’elle a produits ?

– Effectivement, une nouvelle loi vient d’être adoptée. En son temps, nous avons exprimé des griefs à l’encontre de certains de ses articles mais aussi accepté, en bons démocrates, d’œuvrer dans ce cadre à la reconnaissance de notre parti. Nous avons alors déployé des équipes de militants engagés, motivé et mobilisés à travers le pays pour remplir les conditions exigées. Et nous avons réussi, en mettant en avant nos arguments forts : l’unité, la diversité, l’engagement, la jeunesse et la foi.

– Pourquoi avez-vous décidé de mettre en place le FCJ et non pas d’intégrer un des nombreux partis politiques de la place ? De quel projet de société est porteur le FCJ ?

– Nous avons fondé le FCJ parce que le pays en a besoin. Le pays a besoin d’un parti politique rassemblant la Mauritanie dans son unité et sa diversité. Le FCJ est une synthèse de la Mauritanie. En son sein se retrouvent toutes les communautés ethniques et linguistiques, les couches socio-économiques, les générations d’âge, les courants d’idées et de pensées qui adhèrent à la citoyenneté et la justice. C’est cela, la raison d’être du FCJ. C’est pourquoi il a pu surmonter, en si peu de temps, tous les obstacles dressés par la loi. Grâce à sa force d’attraction et au dévouement de ses membres, il s’est retrouvé le premier sur la ligne d’arrivée.

– Le président du FJC a déclaré que le RAG de Biram Dah Abeïd et les FPC de Samba Thiam qui attendent leur reconnaissance depuis plus d’une dizaine d’années « n’ont pas déposé leur demande de reconnaissance à temps » et que « tout le monde est sur un pied d’égalité ». Qu’est-ce qui justifie cette sortie qui a révulsé ces partis, ainsi que divers analystes et observateurs ?

– Je suis sûre que le président n’a jamais voulu et ne voudra jamais dire ou faire quoi que ce soit qui puisse offusquer ou révulser ses frères et amis, les présidents Biram et Samba Thiam. Le fait est cependant qu’un parti doit répondre, pour être reconnu, aux conditions fixées par la loi. Maintenant, il est loisible à tout un chacun de reconnaître ou de ne pas reconnaître celle-ci et d’assumer sa position. En tout cas, mon souhait est que ces formations trouvent une solution avec les autorités concernées et que nous puissions servir, tous ensemble, nos convictions dans l’intérêt de notre cher pays.

– Le RAG et les FPC courent depuis des années derrière leur récépissé alors que d’autres partis ont réussi à boucler leur dossier en quelques mois et à obtenir leur sésame, il y a quelques temps. Frustrant non ? Comprenez-vous l’indignation de ces partis qui dénoncent leur « exclusion » et leur « marginalisation » ?

– Je n’ai rien à ajouter sur ce point. Il faut se situer dans le cadre de la loi en vigueur aujourd’hui ; travailler, comme les autres, à satisfaire aux conditions requises ; ou rester en dehors, quels que soient les arguments avancés. Si l’on décide de rester sur l’ancienne loi aujourd’hui dépassée, c’est un choix souverain qu’on devrait assumer sans rien reprocher aux autres collègues. Encore une fois, je formule le vœu ardent que ce problème trouve une solution.

– Les préparatifs du dialogue ont démarré depuis le mois de Mars dernier. N’avez-vous pas le sentiment que les choses traînent ou, plutôt, que le coordinateur national prend tout simplement son temps pour éviter l’échec ?

– Ne disposant pas d’informations fiables, je ne saurais absolument pas juger de la lenteur ou non du processus. Par contre, je peux dire que notre parti reste attaché à la tenue d’un dialogue national inclusif pour faire avancer les choses et résoudre tant de problèmes en suspens. De plus, je sais que notre parti a répondu à toutes les questions posées par monsieur Moussa Fall, le coordinateur national désigné pour le dialogue. Je saisis cette occasion pour rappeler à tous les acteurs concernés l’importance stratégique de la tenue d’une telle rencontre.

– Quels les principaux thèmes que le FCJ a proposés pour le dialogue ? Que pensez-vous du premier draft de la feuille de route publiée par la coordination, il y a plus d’un mois ?

– Je ne saurais répondre à votre question. Les thèmes proposés par notre parti ainsi que nos remarques et observations par rapport à la feuille de route proposée sont consignées dans des documents internes du parti. Il ne me revient pas d’en révéler la teneur. Je puis cependant vous assurer que nous sommes prêts à un dialogue qui n’exclut aucun sujet d’ordre politique, socio-économique, culturel, sécuritaire ou autre. Absolument aucun.

– La Mauritanie voit éclore différents réseaux de trafics de drogue, de migrants, d’armes, de médicaments contrefaits, ceci malgré les bonnes intentions du pouvoir. Ce cocktail n’est-il pas préoccupant dans un pays limitrophe d’un territoire où sévissent des djihadistes et autres trafiquants de tout acabit ?

– Vous avez raison. Ce que l’on entend à ce sujet est absolument alarmant. Crimes organisés, immigration clandestine, armements, stupéfiants, contrebande, terrorisme sont autant de menaces qui appellent à des réponses conséquentes. Quand la case du voisin brûle, préparez-vous à éteindre l’incendie. La Mauritanie doit s’employer à faire face à tous les dangers qui sévissent dans le voisinage en feu. Nous en avons beaucoup débattu au sein du parti. Il faut d’abord et avant tout consolider le front intérieur, réconcilier, rassembler les Mauritaniens, ensuite développer la conscience citoyenne et renforcer la justice. Une bonne gouvernance à l’intérieur est la meilleure garantie contre les menaces transfrontalières.

– Que vous inspirent ces vacances citoyennes auxquelles appelle le président de la République ?

– L’idée de vacances citoyennes est très bonne. C’est toujours bien d’aller chez soi. Cela permet de renouer avec la population, vivre la réalité du terroir et essayer d’apporter son aide, surtout aux personnes nécessiteuses.

Propos recueillis par Ahmed Ould Cheikh

Soutrce: Le Calame

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