Mauritanie : discours officiel entre richesses naturelles et maladresse rhétorique
Nana Mohamed Laghdaf analyse un discours international prononcé au nom de la Mauritanie. Elle y salue la mise en valeur des ressources mais critique l’usage de la formule « mon pays est petit », perçue comme une faiblesse dans l’arène diplomatique.
Un discours a été prononcé au nom de notre pays, devant le monde.
Il a mis en avant les ressources naturelles, les potentiels énergétiques, les promesses économiques d’une Mauritanie qui attire. Sur ce point, il faut reconnaître la justesse : notre terre regorge de fer, d’or, de poisson, et semble-t-il de terres rares , d’uranium et bientôt, d’hydrogène vert.
Cela a été évoqué à juste titre . Mais tout cela est incomplet. Car un discours ne vaut pas seulement par ce qu’il dit, mais par ce qu’il laisse entendre. Et derrière l’énumération des atouts, une formule est revenue, insistante, presque gênante : « mon pays est petit ».
Répétée à plusieurs reprises, elle a résonné de manière malencontreuse comme un aveu d’infériorité, là où il aurait fallu parler avec hauteur et confiance en inspirant à l’autre une haute idée du pays.
La modestie est une valeur. Elle est même une vertu cardinale dans notre société, nourrie par la pudeur du désert et les enseignements de notre religion. Mais dans l’arène internationale, les mots doivent être pesés au trébuchet.
À ce niveau , la parole en genéral ne constitue pas une simple attitude : elle est un acte politique. Un pays qui se dit et se reconnaît petit , quelle que soit par ailleurs la reférence de cette petitesse (nombre de la population), finit par être perçu comme tel — et ce même s’il détient par ailleurs des ressources importantes, une position géographique stratégique et une belle diversité culturelle.
Nana Mohamed Laghdaf