Mauritanie

« Dialogue national : participez… ou assumez d’être irresponsables ! »

« Dialogue national : participez… ou assumez d’être irresponsables ! »

Quelle magnifique leçon de démocratie ! On commence par durcir la loi sur la reconnaissance des partis politiques, en fermant la porte à ceux qui, depuis treize ans, patientent sagement dans l’antichambre de la République. Puis, avec un aplomb remarquable, on leur tend une invitation pour participer à un soi-disant « dialogue inclusif ». Quelle générosité ! Quelle clairvoyance !

Mais attention : refuser cette invitation hypocrite serait immédiatement interprété comme une preuve d’irresponsabilité ou, pire encore, comme l’échec à saisir « une occasion unique » offerte par un pouvoir si magnanime. C’est donc la politique du bâton et de la carotte, version locale : on vous écrase d’abord sous le poids du mépris, puis on vous accuse d’immaturité si vous osez protester.

Quant à cette nouvelle loi, elle illustre parfaitement la situation : soit Ghazouani ne contrôle plus rien, soit il ne s’intéresse à rien. Peut-être a-t-il choisi de se reposer pendant que, dans son dos, les clans du système s’affrontent entre eux : d’un côté ceux qui murmurent qu’il faudrait avancer un peu, et de l’autre ceux qui s’accrochent désespérément à un ordre ancien devenu leur unique raison d’exister.

Ainsi, sous couvert d’un “dialogue”, c’est un vrai chef-d’œuvre de cynisme qu’on nous propose : une farce où la participation forcée devient la condition de la respectabilité, et où le silence ou le refus deviennent des crimes politiques. Pendant ce temps, la Mauritanie, elle, continue d’attendre — patiemment — que l’on cesse enfin de la prendre pour une simple variable d’ajustement wetov

Sy Mamadou

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