Dialogue national : le Parti El Insaf entre satisfaction, stabilité et appel à l’unité
Dialogue national : le Parti El Insaf entre satisfaction, stabilité et appel à l’unité
Nouakchott, 12 avril 2025 – Le Bureau exécutif du Parti El Insaf, formation politique au pouvoir en Mauritanie, s’est réuni vendredi 11 avril au siège du parti à Nouakchott. Sous la présidence de Sid’Ahmed Ould Mohamed, président du parti, la réunion a abordé trois points majeurs : la situation politique actuelle, la préparation du dialogue national, et l’analyse de certains problèmes sporadiques.
Un satisfecit global pour la gouvernance actuelle
D’entrée de jeu, le président du parti a présenté un bilan jugé « globalement positif » de la situation politique entre les deux dernières sessions du bureau. Il a salué ce qu’il qualifie de « climat de stabilité et de calme politique » ayant marqué le début du second mandat du président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Cette atmosphère favorable serait, selon El Insaf, le fruit des efforts de continuité et de consolidation des acquis réalisés au cours du premier mandat présidentiel, aussi bien sur le plan social, économique, politique que diplomatique.
Le président du parti a mis un accent particulier sur les avancées diplomatiques, notamment le rôle de la Mauritanie à la tête de l’Union africaine, perçu comme une reconnaissance de la stature croissante du pays sur la scène continentale.
Le dialogue national comme levier d’ouverture
Au cœur des discussions, figure également le dialogue national, initiative saluée par le parti au pouvoir comme un moyen de renforcer l’unité nationale et d’ouvrir le champ politique à l’ensemble des courants. Le Bureau exécutif a exprimé son soutien à l’appel du président Ghazouani à organiser un dialogue « inclusif » sur les questions cruciales qui préoccupent les Mauritaniens.
Le parti considère cette initiative comme une opportunité pour consolider l’expérience démocratique du pays et faire face à des défis persistants en matière de gouvernance, de justice sociale, et de réformes institutionnelles.
Une ouverture prudente, mais calculée
Le soutien exprimé à la coordinatrice des partis de la majorité montre une volonté de présenter un front uni, notamment dans la préparation du dialogue. Toutefois, certains analystes estiment que cette posture pourrait aussi viser à canaliser le dialogue dans un cadre contrôlé, afin de ne pas remettre en cause certains équilibres politiques actuels.
La position de l’opposition : méfiance et conditions
Face à cette déclaration officielle, les partis de l’opposition – notamment le RFD (Rassemblement des Forces Démocratiques), l’UFP (Union des Forces du Progrès), ou encore Tewassoul – adoptent une posture plus mesurée, voire critique. S’ils ne rejettent pas en bloc l’idée d’un dialogue national, ils en conditionnent la participation à certaines garanties, notamment :
– L’inclusion réelle de toutes les forces politiques et sociales, y compris les mouvements de la société civile, syndicats, et associations marginalisées ;
– L’établissement d’un cadre neutre et transparent, sans mainmise du pouvoir sur l’agenda ou les résultats ;
– La prise en compte de dossiers sensibles, tels que les inégalités ethniques, la question foncière, les droits humains ou encore les réformes électorales.
« Nous ne sommes pas opposés à un dialogue national, mais encore faut-il qu’il soit sincère. Il ne s’agit pas de valider des choix déjà faits, mais de discuter sur un pied d’égalité des questions de fond : justice sociale, réformes électorales, et inclusion des voix marginalisées », a déclaré Mohamed Ould Maouloud, président de l’Union des Forces de Progrès (UFP), appelant à un « cadre réellement indépendant et transparent » pour garantir l’efficacité du processus.
L’opposition redoute que le dialogue ne soit qu’un exercice cosmétique, destiné à légitimer le pouvoir sans réelle volonté de transformation structurelle.
Attentes diverses de la population mauritanienne
L’appel au dialogue national est sans doute l’un des gestes les plus significatifs du président Ghazouani depuis le début de son second mandat. Le soutien affiché par El Insaf montre un souci de cohérence politique, mais aussi une tentative d’endiguer les critiques sur la gouvernance du pays.
Cependant, le dialogue ne pourra jouer un rôle structurant que s’il répond aux attentes diverses de la population mauritanienne, marquée par des défis multiples : inégalités sociales, réformes économiques, justice, inclusion des Haratines, et cohésion nationale.
L’optimisme du parti au pouvoir contraste avec une certaine fébrilité dans l’opinion publique, qui attend des actes forts plus que des déclarations consensuelles.
Un moment charnière pour le pays
La Mauritanie se trouve à un tournant. Le climat politique apaisé salué par le pouvoir est réel, mais fragile. Le lancement d’un véritable dialogue national, inclusif et sans tabous, pourrait permettre au pays de renforcer ses institutions, de réduire les tensions sociales et d’instaurer une culture politique basée sur la concertation et la responsabilité.
Mais pour cela, les intentions devront se traduire en mécanismes crédibles, garantissant à toutes les parties prenantes une participation équitable et une influence réelle sur les résultats. Faute de quoi, cette initiative pourrait s’ajouter à la longue liste des dialogues avortés ou détournés de leur objectif initial.