Tribune : *Repenser le modèle de développement en Mauritanie :* libérer le potentiel de la jeunesse pour un avenir inclusif.*
Repenser le modèle de développement en Mauritanie
La Mauritanie se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Malgré ses richesses naturelles et ses avancées institutionnelles, le pays reste confronté à des défis structurels majeurs : un système éducatif en perte de qualité, des inégalités d’accès aux soins et à l’emploi, et une jeunesse souvent reléguée au second plan dans la définition des politiques publiques.
Face à ce constat, l’heure semble venue d’opérer une rupture claire avec le modèle de développement hérité du passé et de bâtir un nouveau paradigme fondé sur l’équité, l’innovation et la participation citoyenne.
Vers une Commission Spéciale sur le Modèle de DéveloppementSur instruction du président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, la création d’une Commission Spéciale sur le Modèle de Développement (CSMD) pourrait marquer un tournant historique.
Sa mission serait de repenser en profondeur les politiques publiques et les priorités économiques et sociales du pays.
Cette commission mènerait une large consultation nationale, combinant auditions, visites de terrain et plateformes numériques participatives, afin de recueillir les attentes des citoyens, des institutions locales et des acteurs économiques.
Les jeunes, notamment ceux de la génération Z, y auraient toute leur place pour exprimer leurs aspirations et proposer des solutions adaptées aux réalités du terrain.
Libérer le potentiel de la jeunessePlus de 60% de la population mauritanienne a moins de 30 ans. Cette jeunesse représente à la fois un atout démographique majeur et un moteur potentiel pour la transformation du pays.
Cependant, elle se heurte à des obstacles persistants : chômage élevé, formation inadaptée au marché du travail, précarité et manque de perspectives.
Pour libérer ce potentiel, il est urgent de repenser les politiques de formation et d’insertion, de promouvoir l’entrepreneuriat innovant, d’encourager l’économie numérique et d’ouvrir davantage l’accès aux espaces de décision.
Comme le soulignent de nombreux jeunes : « Comment construire le futur du pays si ceux de 20 à 30 ans n’y participent pas ? »Réformer l’éducation et la santé : deux leviers essentielsL’éducation doit redevenir le socle du développement.
Cela passe par :La réhabilitation de l’école publique.
L’amélioration de la qualité des apprentissages.
L’adaptation des formations aux besoins réels du marché du travail.La montée en compétence du corps enseignant.Une plus grande ouverture aux langues étrangères et aux technologies numériques.L’instauration d’un système d’orientation scolaire efficace, garantissant à chaque élève une place et une voie d’avenir.En parallèle, le secteur de la santé doit être repensé pour assurer un accès équitable et de qualité à tous les citoyens.
L’investissement dans les infrastructures médicales, la formation du personnel et la digitalisation des services sont autant de leviers pour moderniser le système sanitaire.Bâtir un avenir partagéLe nouveau modèle de développement que la Mauritanie doit concevoir ne saurait se limiter à une vision technocratique.
Il devra incarner un projet collectif, fondé sur la dignité, la justice sociale et la transparence. Il s’agit moins de reproduire les modèles étrangers que de créer une voie mauritanienne, portée par ses jeunes, ses femmes, sa diaspora et ses territoires.
Pour beaucoup, l’enjeu est clair : « Le modèle doit nous permettre de trouver notre dignité, de nous armer et de bâtir nous-mêmes notre avenir. ». C’est à ce prix que la Mauritanie pourra amorcer une nouvelle ère de développement durable et inclusif, capable de répondre aux aspirations profondes de son peuple et d’assurer à chaque citoyen les conditions d’une vie meilleure.
Abdoulaziz DEME
Le 17 Octobre 2025