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Des relations consulaires « normales » entre la France et le Maghreb

Des relations consulaires « normales » entre la France et le Maghreb.
Publié dans Magazine de l’Afrique le  19 decembre 2022 parLaurent Allais
La politique de restriction sur les visas accordés aux ressortissants algériens et marocains a pris fin, assurent les autorités françaises. La moitié des visas n’étaient plus délivrés, depuis un an. Les diplomates préparent une visite d’État du président français à Rabat, au premier trimestre 2023.

En visite en Algérie, le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a révélé que depuis le 11 décembre, la France et l’Algérie avaient repris « une relation consulaire normale, celle qui existait avant la crise Covid ». Ces relations sont désormais « à la hauteur des relations amicales extrêmement fortes et spécifiques » entre les deux pays.

« La France et le Maroc, ont plus que jamais besoin l’un de l’autre pour assurer leur sécurité, soutenir leur développement économique et répondre aux attentes de leurs jeunesses et leurs sociétés. »

Cette normalisation de la délivrance de visas aux Algériens intervient après celle décidée vis-à-vis de la Tunisie, fin août, et celle annoncée avec le Maroc le 16 décembre.

Durant l’automne 2021, la France avait décidé de restreindre l’octroi de visas aux ressortissants du Maghreb, afin d’inciter Algérie, Maroc et Tunisie à des efforts en matière de coopération et de lutte contre l’immigration illégale. On a enregistré jusqu’à 30% de refus pour les Tunisiens et 50% pour Marocains et Algériens.

« Nous avons pris les mesures, avec nos partenaires marocains, pour restaurer une relation consulaire » dans le domaine migratoire, a déclaré Catherine Colonna, lors d’une conférence de presse tenue en compagnie de son homologue Nasser Bourita, le 16 décembre (photo ci-dessus). Tout comme avec l’Algérie, cette coopération est effective depuis le lundi précédent. Cette décision de la France « va dans le bon sens », a estimé Nasser Bourita, qui a tenu à préciser toutefois qu’il s’agissait d’une décision « unilatérale de la France ».

En 2021, Paris avait décidé de réduire de moitié les permis d’entrée accordés aux Marocains, devant la réticence du Royaume à réadmettre ses ressortissants en situation irrégulière en France.

Cette mesure était critiquée par les ONG ainsi que par les Marocains attachés à une bonne entente avec la France. Ce différend avait empoisonné les relations entre les deux pays durant un an, même si le ministre Nasser Bourita a tenté d’en minimiser les conséquences. Il a préféré insister, tout comme son homologue française, sur l’« importance particulière » qu’entretiennent les deux pays. Importance qui sera sans doute réaffirmée lors d’une visite d’État qu’Emmanuel Macron, effectuera durant le premier trimestre 2023, à une date qui n’est pour le moment pas précisée.

Écrire une nouvelle page

Le président français et le roi du Maroc, Mohammed VI, se sont entretenus le 14 décembre au soir – après la demi-finale France Maroc au Qatar –, quelques semaines après un premier échange, le 1er novembre, a précisé la ministre française.

« Nous avons pour instruction de préparer ce rendez-vous très important, au plus haut niveau », a confirmé Nasser Bourita, ajoutant que Paris et Rabat avaient une « vision commune » sur la manière de faire évoluer leur relation.

La France souhaite « être dans une relation de partenariat exemplaire avec le Maroc, un partenariat d’exception, fraternel et moderne », a également assuré Catherine Colonna. Il s’agit de proposer au Maroc « ce que la France, qui elle aussi a profondément changé, a de meilleur », a-t-elle poursuivi. Pour la France, il s’agit de trouver une relation nouvelle avec le Maroc, tandis que ce dernier entend prendre une place nouvelle en Afrique.

Elle a invité à « écrire, ensemble une nouvelle page, dans un contexte où la France et le Maroc, ont plus que jamais besoin l’un de l’autre pour assurer leur sécurité, soutenir leur développement économique et répondre aux attentes de leurs jeunesses et leurs sociétés ».

Le ministre algérien de l’Intérieur, Brahim Merad (à droite), reçoit sont homologue français, Gérald Darmanin, le 18 décembre 2022.
Le ministre algérien de l’Intérieur, Brahim Merad (à droite), reçoit sont homologue français, Gérald Darmanin, le 18 décembre 2022.
Enfin, les ministres français et marocains ont été interrogés sur la question délicate du Sahara occidental. Si le Maroc a longtemps reproché à la diplomatie française son manque de soutien ferme – contrairement aux États-Unis, notamment –, il « n’a jamais considéré que la position de la France était négative », a rassuré le ministre Bourita. De son côté, la chef de la diplomatie française a indiqué que « le Maroc sait qu’il peut compter sur l’appui de la France », espérant une solution « durable » tandis que « les tensions refont surface ». Les séparatistes du Front Polisario réclament un référendum d’autodétermination tandis que Rabat souhaite pour le Sahara occidental un statut de région autonome.

@NA

Source: Magazine de l’Afrique

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