Décryptage : le volcan / Par Ahmed Ould Bettar 6e partie

Situation confuse en Mauritanie

Secrets de Wikileaks, fusion d’Adil dans la majorité, guerre contre le trafic de la drogue, recherche et intervention sur le psycho-trauma , fièvre de la vallée du rift et pour ne citer que ces points évocateurs de la température du volcan, plongent aujourd’hui le pays dans une période de méditation dans l’espoir de discerner cette existence politique et socioéconomique qui échappe à nos yeux, à laquelle, il faut les prodiges de la toile pour faire sursauter.

Pêle-mêle, bien de choses, parfois bonnes parfois mauvaises se passent dans le pays. Hélas, ainsi va la vie qui n’est pas faite que pour être malheureux ; l’homme étant parfois contraint par la force divine de trébucher pour prendre conscience de ce qu’il est réellement : une faible créature malgré la puissance de l’argent et du pouvoir.

Le premier enseignement qu’on peut tirer localement de ce volcan toujours endormi, mais bien présent avec ses imprévisibles irruptions qui rappellent à chacun la nécessité d’être vigilant est cette intégration d’ADIL, du moins de son leader à la majorité présidentielle, couronnée hier par une audience avec le président de la république, au terme de laquelle, Ould Waghef qui redescendait d’escaliers réveillant en lui ces souvenirs d’ex premier ministre, de la deuxième personnalité de l’ancien pouvoir de Ould Cheikh Abdallahi, crédite Mohamed Ould Abdel Aziz la même légitimité que le chef de file de l’opposition Ahmed Ould Daddah, qui a déjà tranché ce point.

Pour les autres partis de l’opposition, l’accord de Dakar, l’élection légitime et autres revendications sont désormais révolues, car ce n’est que temps perdus pour des objectifs impossibles et non partagés. Le puits de l’esclavage et de la discrimination bouillonne lui aussi avec ces appels qui demandent l’annulation pure et simple du lycée militaire, qui indexé auparavant par Hamidou Baba Kane, pour l’effectif très faible des négromauritaniens, l’a été récemment par Biram, selon lequel, l’établissement est un vrai symbole de la ségrégation.

Entre temps, la guerre passe à son paroxysme entre défenseurs et indifférents de l’esclavage avec notamment ces guerres larvaires dont l’électronique s’est enorgueilli ces derniers temps avec les tirs entre Breika et des élites de la diaspora.

Mais, plus inquiétant aussi, ces récentes déclarations qui accusent les mauritaniens d’être menacée de xénophobie, révélées par des militants des droits de l’homme, qui pensent que le pays n’arrive pas encore à retrouver les meilleurs sentiers capables de cicatriser les lourdes plaies du passé et d’ouvrir des perspectives prometteuses de l’unité, de la cohésion et de la justice sociale au vrai sens du terme.

L’autre point du volcan qui inquiète plus les mauritaniens et qui promet encore des révélations compromettantes à tous les niveaux est le site Wikileaks dont l’arrestation et l’emprisonnement de l’auteur Julian Assange n’a fait que jeter de l’huile sur le feu, avec ces hackers solidaires de la personnalité de l’année (Assange), déterminés à reprendre son flambeau pour que vérité soit connue.

Les petits flots déjà déversés par le site sur la Mauritanie, crée déjà une grande polémique avec ces tirs croisés entre le pouvoir et l’Ufp de Mohamed Ould Moloud, mais qui n’épargnent pas aussi Ould Daddah, Ould Boulkheir et même Ely Ould Mohamed Vall se trouve dans la mêlée.

Sur un autre plan, sommes en droit de nous féliciter de la nouvelle politique étrangère qui se dessine, qui privilégie des relations solides avec les Etats voisins, notamment de la sous-région, que celles tissées avec des pays lointains tels l’Iran et l’Amérique Latine ?

C’est ce que nous montrent les prochaines visites que le président de la république compte mener au Burkina, au Sénégal… Enfin, soulignons que la guerre contre Aqmi et les trafiquants semble plutôt bien sourire à nos forces armées qui essuient pour la seconde fois consécutive un échec cuisant à un convoi de narcotrafiquants, faisant des morts et des blessés, mais saisissant également un important butin constitué de véhicules, de munitions.

Guerre contre le terrorisme

On a bien assourdi les tympans, en voulant constamment attirer l’attention des dirigeants et de l’opinion nationale que nous sommes assis sur un volcan, qui a besoin d’un sursaut de tous les fils de ce pays pour ne pas cracher son magma. Personne n’a voulu prêter attention à ce que nous avons toujours perçu comme menace posée sur notre tête.

Ce volcan nous l’avons auguré avec l’explosion de Nema, avant les deux offensives menées par l’armée mauritaniennes contre des objectifs terroristes, ou comme l’appelle le pouvoir, les groupes pirates et narcotrafiquants.

Nous l’avions prédit encore avant ces décès mystérieux, décès survenus dans la prison de Dar Naim, mais chaque fois, on a eu tendance à mal comprendre la portée de notre sens de l’alerte. Et puis le cours des événements est venu aussi nous donner raison, avec ces procès au terme desquels, il y a eu des condamnations de mort.

Plus rassurant, car au moins, ces peines seront inexécutables, dans la mesure où la Mauritanie a pratiquement banni les exécutions capitales, qui en fait, n’apportent pas souvent des remèdes au mal soigné, étant donné que les racines de celui restent toujours plantées dans l’eau, produisant de nouvelles têtes extrémistes prêtes à se faire exploser aux côtés d’une caserne militaire ou d’un symbole d’une puissance étrangère.

Certes, le pouvoir est conscient de la menace que constitue ce volcan, s’évertuant régulièrement à prendre des mesures pour étouffer ses interruptions, dont certaines ont échoué à l’entrée du cratère. Mais, les fumées visibles montrent si besoin est que le volcan est toujours menaçant et qu’il peut toujours se réveiller et faire mal.

En organisant un débat national sur le terrorisme et l’extrémisme, présidé par le président de la république Mohamed Ould Abdel Aziz, auquel ont pris part aux côtés des oulémas et des érudits, des spécialistes étrangers de la question terroriste, les autorités montrent qu’elles sont appelées plus que jamais à se mobiliser pour parer à la catastrophe.

En décidant également de poursuivre la guerre contre les pirates et les narcotrafiquants, le pouvoir en place montre aussi que la Mauritanie ne doit se limiter au jeu spectateur, attendant la dernière minute pour bouger, mais qu’elle doit anticiper la menace et agir de manière à contenir la colère volcanique.

Une option courageuse qui bénéficie d’un semblant de consensus, avec la participation au débat national de personnalités influentes de la Coordination de l’opposition démocratique tels le chef de file de l’opposition et leader du Rfd Ahmed Ould Daddah, accompagnés par les dirigeants d’El Wiam et d’Adil, respectivement Boidiel Ould Houmeid et l’ancien Premier ministre Yahya Ould Ahmed Waghef.

En recevant ce lundi un message particulier de son homologue français, Nikolas Sarkozy, le président Ould Abdel Aziz est convaincu que la guerre contre le volcan terroriste est gagnée à ses 2/3, dés lors Nouakchott bénéficie du soutien du front intérieur, malgré les réticences d’une partie de la COD et de l’occident, notamment de Paris, et probablement de l’Union Européenne dont la réunion de ce lundi doit s’inscrire dans la logique d’un soutien aux pays du Sahel contre le terrorisme.

Ould Abdel Aziz : peut mieux faire !

A l’heure où le panel de médiation panafricain se prépare à s’envoler pour la capitale ivoirienne Abidjan, avec à sa tête le président de république, pour dénouer le difficile casse-tête politique qui continue de meurtrir ce pays frère, Mohamed Ould Abdel Aziz n’a plus droit à l’erreur, aux titubations et autres allures politiques imparfaites et dépassées qui ont porté un coup dur les deux premières années de son mandat quinquennal à la magistrature suprême mauritanienne.

Il est plutôt temps pour le Monsieur de la « rectification » de s’adapter aux mutations politiques conjoncturelles qui secouent violemment le monde arabe, de prendre des positions novatrices, modernes et nouvelles capables d’opérer le virage escompté et de caractériser son profil d’un chef d’Etat, fier d’avoir, comme le disent ses soutiens, matérialisé sa révolution « naa-naa » (feuilles de menthe pour agrémenter le thé local), un certain août 2008.

Nous ne sommes pas en droit d’être ultra-optimiste, mais rien ne m’empêche d’afficher un espoir mesuré, dés lors où, malgré la présence de nombreux indicateurs toujours déplorables dans la gestion actuelle du pays- certes héritées par le passé-, il y a une certaine volonté chez le président de bien faire, qui pourrait avoir souvent fait l’objet d’avortement ou d’échec, en raison de l’absence de sincérité de la part de son entourage politique et des personnes investies de diriger le pays du sommet à la base.

En effet, vu le triste sort réservé à Ben Ali, à Moubarak et ceux qui les suivront tantôt, c’est vraiment stupide de vouloir se dresser contre le changement politique qui souffle sur l’humanité, notamment sur le monde arabe, dont les populations ont brisé la glace de la peur et sont désormais prêtes à affronter la gâchette des potentats et des dictateurs pour libérer leur pays coûte à y laisser leurs vies.

En accordant sa grâce présidentielle au leader d’Ira-Mauritanie Biram Ould Dah Ould Abeid et à ses codétenus de cette organisation anti-esclavagiste, le président s’est débarrassé d’une certaine haine qui a lourdement pesé sur son pouvoir et sur sa propre personne, à cause de ce dossier épineux dont la gestion demande beaucoup de prudence, mais surtout du concret, même s’il faut fâcher les réfractaires des pratiques esclavagistes.

C’est tout de même une bonne chose, qui n’a pas manqué d’être saluée, mais dont l’écho positif s’est trouvé annihilé par les émeutes de Fassala. Justement, posons-nous la question sur les véritables responsables de ces manifestations ? C’est incontestablement le régime de Ould Abdel Aziz au dernier ressort.

Mais, il n’en demeure pas moins que les premiers coupables dans ces révoltes à l’Est du pays consécutives à des objectifs chers au président des pauvres (garantir l’eau et juguler la flambée des prix) sont les autorités locales qui avaient classé les doléances des populations dans leurs tiroirs, refusant de les communiquer au gouvernement, surtout en cette période de haute tension dans le monde arabe, où toute revendication légitime des peuples doit être prise au sérieux et avec le plus grand soin, pour éviter qu’elle ne se développe en un potentiel foyer de révolution et de tension.

Ce sont donc les autorités locales, qui ont abandonné leurs protégés pour se distraire en assistant à plusieurs milliers de km de là au tournoi du tir de la cible organisé dans le cadre du festival de Chinguitty, qui doivent payer les frais de leurs mauvaises gestions et de leur inconscience devant les requêtes de leurs élus et leurs administrés.

Par ailleurs, la meilleure solution pour le chef d’Etat Aziz est de les démettre – dans la possibilité de la loi- parce qu’ils ont osé planté des épines dans ses pieds à un moment où il ne porte plus les rangers, leurs préférant des sandales.

Si rien n’est fait dans ce sens, le président perdra plusieurs points de sa crédibilité de sauveur du pays, pour avoir érigé l’impunité. Justement dans ce cadre, cette récompense déplacée fait parler d’elle avec la promotion du commissaire de police à l’origine de l’emprisonnement des militants esclavagistes, qui, malgré le grand embarras causé à la république et aux droits de l’homme, aurait été nommé commissaire de police de Ligwareb.

Si le président gère bien le problème de Vassala, il se ménagerait aussi les ires et condamnations des partis politiques de l’opposition et du centre qui ont unanimement condamné les arrestations et dénoncé la passivité de l’action administrative devant la gronde des manifestants, qui cherchant à exprimer pacifiquement leurs doléances avaient été violement réprimés, d’où leur réaction de légitime défense.

Le cas échéant, le panel de médiation, dont la mission est perçue par des analystes comme peine perdue et vouée à l’échec, à la lumière des démarches de conciliabules antérieurs restés sans succès, n’aura rien apporté à la crise mauritano-mauritanienne, dont les dirigeants en cette période cruciale doivent balayer d’abord devant leur maison avant de se mettre au service ou à la solde d’autres causes extérieures.

Enfin, ce constat de « peut mieux faire » reste tributaire des décisions actuelles et futures que le président de la république prendra pour accompagner le baromètre de son opinion et répondre aux profondes aspirations de son peuple, loin de toute démagogie ou attitude à la Benalienne ou à la Moubarakienne dont les cerveaux et leur entourage avaient payé chèrement leur mépris de leurs populations.

Cette vision de la crise nationale ne s’applique pas seulement à Fassala ou à Biram. Elle est au contraire multidimensionnelle et doit être solutionner de bout en bout pour les citoyens mauritaniens beydanes, haratines ou kwars se débarrassent définitivement de leurs préjugés racistes et se sentent désormais égaux et frères dans le bonheur et dans le malheur.

Pour terminer, en rapport à la dernière nomination de Ould Oudaa à la tête de la Snim, elle s’inscrit dans une logique, car son limogeage collait mal estiment bon nombre d’observateurs avec les inédites performances et marchés prometteurs du secteur minier et industriel qu’il dirigeait et dont les médias avaient fait écho avant le mini remaniement. C’est donc une cooptation qui doit servir d’exemple dans l’action politique future pour récompenser et sanctionner au prorata de l’effort consenti.

 Écoutez et cicatrisez les plaintes de votre peuple !!!

La répression violente dont avaient fait l’objet les jeunes du 25 février mardi dernier risque d’embraser le pays, dans la mesure où elle a été réprimée, se soldant par des blessés et donnant ainsi à un simple élan de contestation de droits légitimes, mené pacifiquement, le « combustible » qui avait permis aux révolutions tunisienne et égyptienne de poursuivre leur progression jusqu’à la destitution des potentats.

Des dictateurs dont le vrai tort n’est pas seulement d’avoir pillé leur pays et bradé son économie, mais essentiellement d’avoir refusé de tendre l’oreille, d’écouter et d’identifier les réelles aspirations de ces insurgés, au lieu d’accorder une confiance démesurée aux faux rapports des services de renseignements et de l’administration, qui dénaturent la réalité des choses et qui dressent des bilans élogieux de la situation politique et socioéconomique du pays, qu’ils fabriquent de toutes pièces pour éviter la colère du Rais.

En effet, les jeunes manifestants sont issus de toutes les sensibilités politiques et syndicales, mais ne réclament pas le départ d’un président, le limogeage d’un premier ministre ou la démission d’un gouvernement, contrairement à ce que nous observons à travers les medias et le net dans des Etats arabes.

Il s’agit d’un groupe de jeunes qui ne demandent qu’à être écouté, qui tape à toutes les portes publiques pour demander du travail, se faire soigner ou bénéficier d’une prestation d’un service sans qu’il trouve quelqu’un d’attentionné à sa doléance.

Des jeunes qui s’étonnent du silence de l’administration et des hautes autorités du pays brandissant des banderoles où sont écrites « saket lach », « pour quoi mi dedja », « loutakh me napil», « nin leghenté ghé manya ». Ce qui signifie pour ces spoliés représentant toutes les communautés nationales, pourquoi le pouvoir ne bronche pas pour les écouter et pour qu’elles raisons ils doivent rester motus et bouche cousue alors qu’ils doivent réclamer par toutes les voix autorisées par la loi leurs droits les plus élémentaires à la liberté, au travail et au bien être.

Ma grande surprise est la présence d’un fonctionnaire de l’Etat qui n’a pas grand-chose à partager avec ces manifestants en détresse, mais qu’il n’a pas le choix. Il gagne près de 35000 ouguiyas, il a cinq enfants et il n’y arrive plus.

Face à l’immeuble BMCI, il a comme les ados qui l’entourent une bouffée de colère. « C’est mon pays, celui de l’hospitalité légendaire et je ne quitterai jamais ici, mais c’est devenu intolérable. Moi, je suis un chef de division, d’autres trafiquent les stupéfiants, volent, s’immolent ou se font exploser en kamikaze et, nos collégiennes se prostituent »

Impatient de trouver une réponse aux nombreuses interrogations que nous nous posons sur cette escalade, notamment notre souhait de voir les pouvoirs publics convoquer les délégués des manifestants pour écouter leurs doléances et traiter le malaise socioéconomique de manière responsable et morale, nous avons appris à travers les antennes de Rfi que les autorités avaient plutôt préféré user par la force, versant malheureusement, après plusieurs jours d’observation d’une attitude louable à l’endroit de la manif, dans l’affrontement, jetant ainsi l’huile sur le feu et suscitant à leur grand étonnement la colère de l’opposition dont certaines parties déconseillent déjà le recours à des solutions sécuritaires pour briser la grogne.

Une grogne qui au rythme actuel de répression jette un pavé dans la marre, car la provocation, d’abord sans succès organisée par des supposés sympathisants du régime, ensuite par l’usage de la force, ouvre l’espace de contestation aux partis politiques et aux centrales syndicales, sans parler aussi des autres foyers de contestation qui pullulent dans le pays dont les retraités qui ont rejoint les mécontents.

Notre autre grande surprise a été le commentaire fait par un auditeur sur la manif du mardi dernier à Rfi, dans lequel il a qualifié les insurgés de simples adolescents. Cette manière de minimiser l’élan de contestation est très dangereuse pour ceux qui ne prendront pas à temps les mesures nécessaires, car les jeunes sont l’eau du moulin de la révolution et comme le lion, une fois blessé, il devient plus dangereux.

Parallèlement à notre déplorable état des lieux politique qui interpelle le président de la république Mohamed Ould Abdel Aziz à la plus grande vigilance pour mieux gérer les intérêts conflictuels et parfois diamétralement opposés les uns aux autres du pays, à mon avis, le cas mauritanien partage des similitudes frappantes avec celui de la France où Nicolas Sarkozy perd du terrain devant l’extrême droite, avec ces sondages qui donnent pour la deuxième fois consécutive, la très charmante, Marine le Pen future favorite de l’élection présidentielle française de 2012.

Une perspective politique jusqu’à une date récente incroyable. Pourtant, elle trouve son explication dans le fait que Sarkozy est resté pendant toutes ces années passées de son mandat coupé des aspirations de son peuple, obéissant à sa seule insensibilité, alors que ses adversaires, mal côtés dans les sondages font des percées considérables, parce qu’outre leur charme, ils sont restés à l’écoute des citoyens, de leurs revendications, qu’ils tâtent le pouls de la population française pour bénéficier de sa confiance.

Si les Français auraient pour la première fois la chance de conjuguer l’Elysée au féminin, le palais ocre patrilinéaire mauritanien peut quant à lui jouer sur plusieurs fronts pour gagner le défi de la révolution et pour la gérer efficacement à son profit et à celui de son peuple en écoutant son opinion et en refusant de recourir à la provocation ou de prendre comme réelles ces informations sans commune mesure avec la réalité.

Réveil progressif du volcan

Le consensus creuse petit à petit sa propre tombe Les pouvoirs publics, particulièrement l’agence d’enrôlement, la Ceni et la HAPA installent lentement mais sûrement le dispositif nécessaire à la réussite de la tenue inéluctable des futures élections législatives et municipales. Non loin de ces cercles officiels, le parti au pouvoir se met doucement en ordre de bataille pour ces consultations pour lesquels il est donné, en perspective d’un boycott de la COD et d’une impopularité de formations de la CAP, largement vainqueur, avec la rafle de la plus part des sièges à pourvoir dans le parlement et dans les conseils municipaux. Plusieurs facteurs réunis concurrent aujourd’hui pour attester de l’organisation irréversible des prochaines élections législatives et municipales en octobre prochain. Si l’on se limite aux seules dernières nouvelles sur ce plan, on peut citer le lancement imminent du RAVEL d’une part et ces journées de réflexion de la HAPA d’autre part, organisées le processus électoral avec une bénédiction manifeste de la communauté internationale notamment du PNUD. A propos du RAVEL 2013, la signature par la Ceni et l’Office National des Statistiques d’une convention déléguant à l’office l’organisation d’un recensement de tous les citoyens mauritaniens possédant leurs cartes d’identification, âgés de 18 ans révolus et plus, à la date du scrutin est suffisant pour attester de l’approche de ces consultations, lesquelles doivent être précédées par une période pour permettre aux candidats en lice de mener leurs campagnes, de rivaliser ainsi qu’à l’administration d’établir le fichier électoral. Selon cet accord CENI-ONS, l’office établira un nouveau fichier électoral transparent et une liste électorale fiable comme il recrutera, formera et affectera le personnel chargé de l’exécution technique des opérations de collecte au niveau des centres de recensement. L’ONS élaborera par ailleurs sur place, au niveau de chaque centre de recensement, la liste des inscrits. A propos de la HAPA, l’organisation lundi et mardi (3 et 4 juin courant) de journées de réflexion sur le thème « médias et civisme électoral » dans le cadre d’un projet mené par le PNUD et financé par l’Espagne axé sur le renforcement de la démocratie et du processus électoral est un second indicateur de taille de l’approche de ces élections. D’ailleurs, dans le discours qu’il a tenu à cette occasion, le président de la haute autorité de la presse et de l’audiovisuel avait reconnu clairement la nécessité impérieuse du pays dans la tenue de ces élections notamment en initiant les médias et à travers les citoyens sur les valeurs de civisme à observer en période électoral. Il y a de nombreux autres paramètres clés de l’organisation des prochaines élections outre que ces indicateurs précités, qui poussent des observateurs avertis à dire que le pouvoir fait la sourdre oreille à ses opposants toujours tenaces à un départ à partir de zéro, versés tantôt dans l’exigence du Rahil de Ould Abdel Aziz, tantôt la lumière avec les affaires du sérail de l’Etat liés au trafic de la drogue, tantôt sur la demande d’un bulletin médical sur la santé du Président de la République dans le même temps qu’aucun bulletin de santé n’a été demandé aux membres de la COD . Autant d’ingrédients qui annoncent donc l’agonie lente mais certains du consensus politique, que les perfusions tant espérées de l’initiative de sortie de crise de Messaoud Ould Boulkheir et des autres personnalités politiques n’ont pu tirer de son profond coma, augurant un réveil progressif du volcan. Un cap électoral arrivé à un stade avancé où demain, la Mauritanie pourra plonger dans le chaos sinon se retrouver sous une démocratie paradoxale où l’opposition ne dispose ni d’un parlementaire, ni d’un conseiller, où la majorité aura les coudées franches pour façonner la gestion du pays à ses humeurs, bonnes ou mauvaises, sans être inquiétée.

Bulletin de santé du président

Selon le Financial Afrik, le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, est absent du pays depuis le 14 mai dernier pour les besoins « d’un contrôle médical de routine ». Une période suffisamment « longue » pour attirer l’attention de la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD), un collectif de 12 partis politiques, qui réclame à nouveau un bulletin de santé du chef de l’état. Le président de la République « est introuvable depuis 3 semaines, perdu dans les couloirs des hôpitaux français, ou il se soigne des suites de la blessure du 13 octobre 2012, empêchant la tenue du Conseil des Ministres et bloquant du coup, le fonctionnement de l’état. A ce jour, aucune explication n’a été donnée par rapport à cette absence et aucun bulletin de santé n’a été publié ». Cependant, l’état de santé du président de la république a révélé un bilan négatif a indiqué une source de proximité du Directeur de la Cnam, Abdoul Aziz Ould Dahi précisant que le chef de l’État avait subi à sa demande un contrôle médical qui s’est établi normal. Cette déclaration intervient un jour après la tenue d’une conférence de presse organisée à Nouakchott par la COD qui avait demandé au gouvernement la publication du bulletin de santé de Mohamed Ould Abdel Aziz. Mais par respect de la vie privée, il n’a jamais été demandé pourtant aux membres de la COD un contrôle médical ou une publication de leurs bilans de santé. « La publication des bulletins de santé des membres de la COD n’a pas été demandé », conclut la même source.

Menaces du volcan

Le volcan a enregistré deux ébullitions au cours de ces dernières semaines, produisant alors plus de vingt événements par minute. Il s’agit de petits tremblements de terre, d’une magnitude maximale de 0,6. Même s’ils sont de faible intensité, ils ont en revanche libéré une énergie largement supérieure à la normale, et c’est précisément un signe précurseur d’une éruption massive donnant naissance à une nouvelle coordination regroupant  la Convention pour l’Alternance Pacifique (CAP) et l’Alliance Patriotique (AP).

 Les populations ont été prises de panique de voir ces frémissements éruptifs évoluer à véritable écoulements de larves sur tous les côtés du cratère, puisque, cette troisième voie, issue d’un cocktail  de l’opposition et de la majorité modérée n’est pas de nature à calmer les gémissements magmatiques. 

Avec la nouvelle coordination, le pays présente aujourd’hui un cliché parfait  d’une perversion politique comme dans les années d’antan, capable de le plonger dans le chaos et  de se retrouver mille lieux en arrières sous la chapelle de la république bananière  où l’opposition boycotte  alors que la majorité gouverne à sa guise, même si sa gestion des affaires publiques est vivement contestée.

En effet, la naissance de  la  nouvelle coordination regroupant  la Convention pour l’Alternance Pacifique et l’Alliance Patriotique  a un gout d’inachevé parce qu’attendue comme étant le messie d’une impasse politique de longue durée, sa fusion a accouché d’une souris en ignorant de faire le procès du gouvernement  aux défauts multiples, privilégiant faire l’écho d’un plan de sortie décrié par les principaux antagonistes de la scène politique nationale.

De l’autre côté du volcan, sur le flanc abrupte le plus dangereux pour les moindres éruptions volcaniques en raison de son relief volcanique aggravant, la COD continue de jeter son dévolu sur le président de  la république, Mohamed Ould Abdel Aziz déterminé à maintenir son pouvoir après avoir fait oublier son passé récent de putschiste.  

 En effet, en réitérant sa vision de boycott en perspective de la tenue d’élections sans garanties, la COD compromet son avenir, en offrant sur un plan d’or toutes les chances pour l’UPR  de diriger demain sans partage le pays avec un parlement et des conseils municipaux à 100% issus de leur rang.

Une situation antidémocratique qu’une fois arrivée, même accidentellement serait la faute de la COD  qui a grandement péché en refusant de jouer le jeu démocratique à ses risques et périls surtout que le multipartisme parfait  n’existe même pas dans les Etats de droit les plus parfaits.

Ould Abdel Aziz à deux doigts de  son investiture

L’Union Pour la République (UPR) le parti au pouvoir n’a pas encore annoncé que le président  de la République Mohamed Ould Abdel Aziz  serait candidat à un second mandat lors de la présidentielle de 2014. Mais,  à la lecture de l’actuel paysage politique où les élections législatives et municipales de samedi prochain 23 novembre courant, consacreront  selon de nombreux observateurs avertis l’élection confortable des candidats de l’UPR dans toutes les circonscriptions électorales, cette investiture est plus qu’évidente.

Un plébiscite attendu renforcé par le raz-de-marée qu’enregistrent actuellement les QG de la campagne électorale du parti au pouvoir ainsi que par le suicide politique de l’opposition radicale conjugué aux incertitudes des partis de la CAP de consolider leur poids représentatif dans les instances dirigeantes du pays  mais également par  la mise à la touche par l’UPR des formations de la majorité présidentielle.

Sur le plan diplomatique, Ould Abdel Aziz renforce considérablement sa cote de popularité. Après les chaleureux compliments de la France faits à l’homme de Nouakchott par le ministre de l’Intérieur français Manuel Valls pour sa lutte engagée contre le terrorisme, les puissances arabes viennent d’afficher leur appui au régime de Nouakchott en invitant Ould Abdel Aziz au sommet arabo-africain marqué par l’engagement des pétrodollars d’accorder des millions de dollars aux Etats africains.

Au niveau de la sous-région, la rencontre cordiale des présidents mauritanien  Ould Abdel Aziz et malien IBK en marge du sommet afro-arabe de Koweit-City vient corroborer à son tour cette réputation internationale et sous-régionale du Chef de l’Etat.

Sur le plan intérieur, Ould Abdel Aziz est bien parti pour briguer un second mandat quinquennal à la tête du pays, avec une majorité confortable à la future Assemblée nationale et aux prochains conseils municipaux.

Une investiture de plus en plus évidente que l’UPR bénit discrètement à l’unanimité, mais se préserve pour le moment d’annoncer publiquement en attendant le moment opportun mais aussi  de prouver à travers les urnes que cette candidature du Président de la République Ould Abdel Aziz est d’abord un souhait profondément populaire avant qu’elle ne soit la sienne comme l’atteste le plébiscite de son parti l’UPR.

Prémices d’une candidature de Ould Abdel Aziz

Le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz intensifie ces dernières semaines les actions  de son programme électoral, déjà réalisé à plus de 70%  en faveur des jeunes et des nécessiteux. Le mot d’ordre donné aux membres du gouvernement à la dernière réunion du conseil des ministres, sommant les départements ministériels de redynamiser leurs efforts pour parachever leur agenda de réalisations, illustre à plus d’un titre, l’intention du Chef de l’Etat de briguer un second mandat quinquennal à la tête du pays.

Les préparations pour cette nouvelle magistrature suprême étaient d’ailleurs à pied d’œuvre depuis quelques mois, mais le report répété des dernières élections législatives et municipales avait bousculé le programme d’action des ministres, plutôt réorientés vers la campagne électorale en faveur de l’UPR  en difficulté dans certaines circonscriptions électorales,  au lieu de poursuivre l’exécution de leur plan d’action.

Toutefois, disposant d’un acquis non négligeable pour  attaquer avec sérénité et confiance ce projet de candidature cruciale pour la future présidentielle 2014, Ould Abdel Aziz est confronté encore à des obstacles qui méritent une action immédiate et concrète pour booster les chances de son plébiscite aux futures élections pour diriger le pays.

Il s’agit particulièrement du dossier de l’assainissement, toujours au point mort dans la capitale, notamment pour les inondations  qui hantent les habitants de Nouakchott, aux pieds toujours trempés dans l’eau, à l’approche du prochain hivernage.

A quelques mois de la future campagne présidentielle, laisser le problème de l’assainissement perdurer serait un désaveu pour la politique du Président de la République candidat à sa propre succession, pour montrer aux électeurs dont ils sollicitent les votes, qu’il a honoré ses engagements en matière d’assainissement.

C’est d’autant vrai que les moughataa peuplées de Nouakchott sont plutôt préoccupées aujourd’hui par ce casse-tête que représentent l’assainissement et que leurs votes futurs ne peuvent bénéficier qu’au candidat qui prendra par les cornes ce taureau de l’insalubrité. D’ailleurs, la défaite  relative de l’UPR dans les élections  législatives et municipales au niveau de certaines circonscriptions de Nouakchott n’est-elle une leçon à méditer pour éviter d’être piégé pour les mêmes votes sanctions.

Lire : Décryptage : le volcan / Par Ahmed Ould Bettar 5e partie

 

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