Débat passionné sur le nationalisme en Mauritanie : quand l’ethnicisme divise, la citoyenneté doit primer
Débat passionné sur le nationalisme en Mauritanie : quand l’ethnicisme divise, la citoyenneté doit primer
La Mauritanie s’est retrouvée au cœur d’un débat enflammé sur les réseaux sociaux après un tweet de l’éminent professeur et diplomate Ely Ould Sneiba le 22 janvier 2025. Dans un post titré « Les nationalistes pulaars se trompent », le professeur dénonçait les dérives du nationalisme ethnique, rappelant qu’il est impossible de légitimer un nationalisme en rejetant un autre. Cette déclaration a suscité une réaction immédiate, notamment de Mohamed Mohamed Lemine, un journaliste mauritanien talentueux, qui a répondu en soulignant les erreurs des nationalismes, qu’ils soient peuls ou arabes.
Un débat croisé : entre franchise et respect
Dans ses échanges, Ely Sneiba défend une position tranchée : la citoyenneté républicaine doit dépasser les identités ethniques. Il rejette l’idée d’égalité entre communautés, arguant que seules les personnes doivent être considérées comme égales devant la loi, indépendamment de leur appartenance ethnique. « Il n’y a de communauté que la communauté nationale : le peuple mauritanien et non les peuples mauritaniens », martèle-t-il.
De son côté, Mohamed Mohamed Lemine plaide pour une reconnaissance des inégalités historiques et pour la mise en place d’une gouvernance inclusive. Il critique des injustices telles que l’imposition de l’arabisation ou le déséquilibre ethnique dans les recrutements administratifs et militaires. Tout en appelant à dépasser les nationalismes, il insiste sur la nécessité de cicatriser les blessures du passé pour construire une Mauritanie harmonieuse.
Un dialogue intellectuel, mais des visions divergentes
Ce débat, bien que marqué par un ton courtois et respectueux, illustre des visions opposées sur la gestion de la diversité en Mauritanie. Alors qu’Ely Sneiba condamne tout ethnicisme comme un obstacle à l’unité nationale, Mohamed Mohamed Lemine défend l’idée d’une égalité ethnique comme étape nécessaire pour rétablir la confiance entre communautés. « L’égalité doit s’opérer au niveau du citoyen, et elle rejaillira sur le plan communautaire », affirme-t-il.
Des voix d’internautes : entre soutien et questionnements
D’autres intervenants se sont joints à la discussion, apportant des perspectives variées. Certains, comme le doyen Ahmed Salem Deida, soutiennent la nécessité de dépasser le communautarisme pour privilégier une citoyenneté égalitaire. D’autres, comme Haleman Bouk, s’interrogent sur la réponse à apporter face à des nationalismes perçus comme exclusifs. Enfin, Dahane Taleb Ethmane appelle à considérer l’identité nationale comme un socle commun enrichi par la diversité ethnique, avec des langues et des cultures préservées.
Une nation en quête d’équilibre
Ce débat met en lumière les défis persistants liés à la gestion du multiculturalisme en Mauritanie. Entre tensions historiques et aspirations à une unité nationale, il souligne la nécessité de trouver un équilibre entre reconnaissance des spécificités culturelles et affirmation d’une citoyenneté commune. Dans une Mauritanie multiethnique, la voie vers une harmonie durable semble passer par un dialogue ouvert, inclusif et dénué de passions identitaires.
La Rédaction