
Entre loyautés brisées et sursaut démocratique . Depuis plusieurs semaines, le Sénégal vit une situation politique inédite.
Le tandem présidentiel formé par Bassirou Diomaye Faye, élu en mars dernier à la tête de l’État, et son Premier ministre Ousmane Sonko, leader charismatique du PASTEF, montre des fissures profondes.
Ce duo, né d’une alliance stratégique et d’un rêve commun de rupture, se retrouve aujourd’hui pris dans ses propres contradictions : entre légitimité électorale et ambition politique, entre idéal révolutionnaire et exigences institutionnelles.
La crise actuelle ne se limite pas à un affrontement de personnes.
Elle expose un conflit de visions sur la gouvernance et la distribution du pouvoir dans un pays qui a longtemps incarné une démocratie stable en Afrique de l’Ouest.
D’un côté, le président Diomaye Faye cherche à affirmer son autorité et à gouverner dans le respect de la Constitution. De l’autre, Sonko, fort de sa popularité et de son rôle moteur dans la victoire de la coalition, refuse de jouer les seconds rôles.
Cette tension met à l’épreuve la maturité démocratique du Sénégal.
Si elle dégénère, elle risque d’éroder la confiance des citoyens et de fragiliser les institutions, au moment même où le pays doit affronter des défis économiques et sociaux considérables.
Quelles issues démocratiques ?
Plusieurs alternatives s’offrent aux acteurs politiques s’ils veulent préserver la stabilité nationale :Le dialogue républicain : une concertation ouverte, impliquant non seulement les deux camps, mais aussi les forces vives de la nation (société civile, syndicats, religieux).
Un compromis institutionnel, même temporaire, serait une victoire de la raison sur l’ego.
Un arbitrage parlementaire : le renforcement du rôle de l’Assemblée nationale, voire des législatives anticipées, permettrait au peuple de trancher indirectement cette rivalité en redistribuant les rapports de force.
La médiation.
constitutionnelle : le Conseil constitutionnel ou une instance neutre pourrait rappeler les limites des prérogatives de chacun, pour éviter l’enracinement d’un conflit d’autorité.Mais au-delà des procédures, c’est la culture démocratique sénégalaise qui est mise à l’épreuve.
L’enjeu n’est pas seulement d’éviter la rupture, mais de réinventer un leadership collectif où les ambitions se plient à la volonté du peuple.
Car si les institutions tiennent, c’est d’abord parce que les citoyens refusent que le pouvoir devienne un champ de bataille personnel. Le Sénégal doit montrer, une fois de plus, qu’il est possible de sortir d’une crise politique non par la force ou la peur, mais par la sagesse démocratique.
Abdoulaziz DEME
Le 12 Novembre 2025



