ÉditoriauxAccueil |Gouvernance & Institutions

La lumière de la Cour des Comptes : transparence et indépendance en Mauritanie

La Cour des Comptes mauritanienne incarne une nouvelle ère de transparence et d’indépendance institutionnelle à travers son rapport 2022-2023.

Transparence et indépendance

Il y a, dans les mots du président de la Cour des Comptes, une vérité simple, nue, que nul vernis politique ne saurait recouvrir. Dans un pays où l’opacité a longtemps été la compagne silencieuse de la gestion publique, le simple fait qu’un rapport soit publié, discuté, exposé aux regards de tous, relève presque du prodige. Et pourtant, il ne s’agit ici ni de miracle ni de coup d’éclat : seulement d’un acte institutionnel, accompli dans la lumière du jour.

La Mauritanie, à travers cette Cour, semble vouloir rompre avec un passé fait de silences et de soupçons. Le président Hmeyda Ahmed n’a pas cherché à enjoliver la réalité : la transparence ne s’improvise pas, elle s’apprend. Et l’indépendance ne se décrète pas, elle se conquiert. Ce qu’il dit – et surtout ce qu’il fait – sonne juste. Dans la parole calme du magistrat, il y a comme une respiration nouvelle de la République.

Le réalisme de ce rapport tient d’abord à sa méthode : vérifications, confrontations, réponses contradictoires, validation en chambre. Rien de spectaculaire, rien d’excessif. La vérité administrative s’y déploie avec sa lenteur propre, ses imperfections, sa rigueur parfois sèche. Et pourtant, c’est dans ce terreau d’audits et de chiffres que pousse la confiance publique.

Aucun scandale éclatant, aucune fraude monumentale. Seulement des erreurs, des négligences, des dysfonctionnements. Cela aussi, c’est la réalité — celle d’une administration en apprentissage, d’un État qui tâtonne vers la responsabilité. Le courage de la Cour n’est pas d’avoir dénoncé des fautes imaginaires, mais d’avoir exposé sans détour ce qu’elle a trouvé : ni plus, ni moins.

Ce réalisme-là, que d’autres nations ont mis des décennies à construire, mérite d’être salué. Non parce qu’il flatte le pouvoir, mais parce qu’il l’oblige. La publication régulière des rapports annuels n’est pas une simple formalité bureaucratique ; c’est un acte civique. Elle rend visibles les rouages d’une machine publique trop longtemps dissimulée.

La Cour des Comptes devient ainsi le miroir où la République se regarde. Ce qu’elle y voit n’est pas toujours flatteur, mais c’est ainsi que l’on grandit : en se confrontant à soi-même.

Encore faut-il que ce miroir ne soit pas brisé par les passions politiques. Le président Ahmed a raison de mettre en garde contre les récupérations partisanes. Car la transparence n’est ni de gauche ni de droite, ni du pouvoir ni de l’opposition : elle est de l’État.

L’heure est donc à la vigilance, à la continuité, à la maturité. Ce rapport, par sa sobriété et son honnêteté, dessine les contours d’une Mauritanie qui commence, doucement, à se regarder en face. Et c’est déjà beaucoup.

Rapide Info
Source : Conférence de presse de la Cour des Comptes, Nouakchott

Laisser un commentaire

Articles similaires