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Cour des comptes : rigueur institutionnelle et maturité républicaine

Mohamed Ould Echriv Echriv explique pourquoi la rigueur et le temps sont essentiels à la force juridique des rapports de la Cour des comptes en Mauritanie.

Cour des comptes : entre rigueur institutionnelle et malentendus publics

Le récent rapport de la Cour des comptes a suscité des réactions contrastées, souvent empreintes de confusion sur son rôle et son calendrier. Dans une analyse lucide, Mohamed Ould Echriv Echriv rappelle que la justice budgétaire repose sur la méthode, le temps et la preuve — non sur l’émotion ou la précipitation politique.

Dans le débat actuel sur le rapport de la Cour des comptes , beaucoup confondent la nature du document , le rythme de sa mise en œuvre et les obligations qu’il impose . Or, la Cour des comptes est une juridiction financière qui agit selon une méthodologie rigoureuse et un calendrier procédural strict .

La remise du rapport au Chef de l’État marque la fin d’une phase mais ouvre un autre cycle, celui du traitement institutionnel . C’est ce passage , qui donne à la Cour des comptes sa force juridique . Ce que certains appellent  » ajournement » n’est en réalité qu’un respect des séquences : la Cour transmet , le gouvernement instruit , les départements sectoriels précisent, et l’exécutif statue . C’est dans ce cadre que le Chef de l’État a reçu le rapport le mardi . Le Premier ministre a fixé un délai administratif au vendredi pour la transmission des compléments et des listes consolidées des coupables . Le porte-parole du gouvernement , a confirmé le samedi que ces éléments ont bien été transmis et que les mesures suivront dans le respect des délais légaux .

Certains, par méconnaissance du processus, ont cru que le vendredi devait marquer le début des arrestations . C’est ignorer que la justice budgétaire obéit à une logique de correction institutionnelle avant d’entrer , le cas échéant, dans le champ répressif . Dans les juridictions comparables — qu’il s’agisse de la France, du Maroc ou du Sénégal —, le temps moyen de mise en œuvre des recommandations de la Cour des comptes varie entre 90 et 180 jours . Ce n’est pas de l’inaction : c’est le délai nécessaire à la transformation du constat en acte exécutoire .

On ne gouverne pas un État dans l’émotion, mais dans la traçabilité. Les rapports de la Cour des comptes constituent des documents de reddition et d’éclairage, pas des instruments d’exécution immédiate. Les transformer en slogans politiques ou en tribunaux publics , c’est ruiner leur portée juridique.

La Mauritanie n’a pas besoin d’une justice spectaculaire, mais d’une gouvernance stable, prévisible et documentée. Le jour où nos débats comprendront que le délai n’est pas un obstacle, mais une garantie , nous aurons fait un pas vers la maturité institutionnelle . C’est cette rigueur — la rigueur de la méthode, du temps et de la preuve — qui distingue l’État durable du régime émotionnel . Et c’est à cette rigueur que je reste fidèle, non par conservatisme, mais par conviction républicaine.

Mohamed Ould Echriv Echriv

 

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