Coronavirus : plus de 177 000 morts et un risque de « catastrophe humanitaire »… le point sur la pandémie dans le monde

Il y a un risque de catastrophe humanitaire. Plus des deux tiers des décès mondiaux sont concentrés en Europe, où les bilans quotidiens baissent, mais restent importants.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 02h59, mis à jour à 17h48

La pandémie causée par le nouveau coronavirus, apparu il y a quatre mois en Chine, prend chaque jour un peu plus d’ampleur dans le monde : humainement, avec des bilans toujours très élevés dans beaucoup de pays, malgré un confinement qui concerne désormais 4,5 milliards de personnes dans plus d’une centaine de pays ; économiquement, avec des centaines de milliers d’entreprises à l’arrêt et une crise sociale qui s’annonce catastrophique.

Selon la dernière comptabilisation de l’Agence France-Presse, mardi 21 avril au soir, au moins 177 000 personnes sont mortes des suites du Covid-19, dont plus de 110 000 en Europe, et plus de 2,5 millions de cas ont été diagnostiqués dans 193 pays et territoires.

  • Un déconfinement partiel et à des rythmes différents

La question se pose notamment en Europe, où plusieurs pays ont mis en place des mesures restrictives depuis parfois plus d’un mois pour tenter d’endiguer la pandémie. Parmi les pays les plus frappés, des signes positifs apparaissent, comme des bilans humains quotidiens moins lourds et une moindre tension dans le système hospitalier.

  • En Espagne, 435 morts ont été recensés entre mardi et mercredi, un chiffre qui a augmenté légèrement pour le deuxième jour consécutif et qui porte le total de décès à 21 717, a annoncé le ministère de la santé. Un confinement général extrêmement strict restera en vigueur jusqu’au 9 mai, avec quelques assouplissements d’ici là, comme l’autorisation de sortie des enfants, jusqu’ici obligés à rester à l’intérieur de leurs foyers.
  • En Italie, le nombre de morts s’élève à au moins 26 648, mais le nombre de nouvelles infections augmente bien plus lentement, selon le ministère de la santé, qui assure que la plupart des personnes contaminées sont désormais isolées. Le pays prépare un lent déconfinement, à partir du 3 mai.
  • Au Royaume-Uni, qui a enregistré 759 nouveaux décès à l’hôpital, portant à 18 100 morts le bilan depuis le début de l’épidémie (sans compter les décès en maisons de retraite), et est toujours « en situation de danger », le confinement instauré le 23 mars a été prolongé d’au moins trois semaines mais le gouvernement reste flou sur ce qu’il se passera après.

Plusieurs pays européens – Allemagne en tête, mais aussi AutricheNorvègeDanemark – ont, en revanche, commencé à assouplir le confinement, tout en conservant des mesures de « distanciation sociale ». Berlin et dix des 16 Etats fédérés allemands ont décidé d’imposer le port du masque dans les transports publics.

Cette tendance n’est pas la même partout dans le monde : à Singapour, par exemple, la prolongation du confinement ira jusqu’à début juin, après un bond du nombre de cas. Lire le décryptage : quels pays ont commencé à assouplir les mesures de confinement, et comment

  • Aux Etats-Unis, où le bilan frôle les 45 000 morts, l’immigration légale a été suspendue

Le président américain, Donald Trump, a confirmé mardi soir une « pause » de soixante jours pour l’immigration, qui s’appliquera aux demandes de « cartes vertes » (résidents permanents) mais pas aux visas de travail temporaires. Le décret sera « probablement » signé mercredi :

« Cette pause sur l’immigration placera les Américains sans emploi en première ligne pour les emplois au fur et à mesure de la réouverture de l’Amérique. Il serait injuste que les Américains soient remplacés par une main-d’œuvre venue de l’étranger. »

L’économie américaine est confrontée à de très mauvais chiffres. Pour y faire face, le Sénat a adopté à l’unanimité un plan de près de 500 milliards de dollars pour soutenir les PME, aider les hôpitaux et renforcer le dépistage du coronavirus.

Mark Lennihan / AP
Mark Lennihan / AP

Tout cela pendant que la pandémie continue de faire des ravages dans le pays : plus de 2 700 morts entre lundi et mardi, l’un des pires bilans journaliers, pour un total de 44 845 décès, selon le comptage de l’université Johns Hopkins. Les Etats-Unis sont de loin le pays le plus touché par le Covid-19, avec également plus de 820 000 cas diagnostiqués.

La situation s’améliore dans la ville de New York, qui compte à elle seule plus de 14 000 décès liés à la maladie, ainsi qu’à Chicago, à Boston, à La Nouvelle-Orléans et dans l’aire urbaine de Detroit, selon Deborah Birx, membre de la cellule de crise de la Maison Blanche. Mais selon Robert Redfield, directeur des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), une deuxième vague épidémique cet hiver pourrait être pire que la première, car elle coïnciderait avec le début de la grippe saisonnière.

Le premier ministre de l’Australie, Scott Morrison, a discuté avec les présidents français et américain ainsi qu’avec la chancelière allemande de l’ouverture éventuelle d’une enquête internationale sur la pandémie. Cette initiative suscite de vives critiques en Chine, qui accuse les parlementaires australiens d’être à la solde des Etats-Unis. Le président américain tient Pékin pour responsable de la pandémie.Lire l’analyse : Versatile et clivant, Donald Trump se retrouve pris au piège du coronavirus

  • La crainte d’une « catastrophe humanitaire » et sociale
Adelle Kalakouti / AP
Adelle Kalakouti / AP

Partout à travers la planète, le confinement de plusieurs milliards de personnes est en train de provoquer un gigantesque choc social. Pour le Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM), le Covid-19 risquait de provoquer un doublement du nombre de personnes au bord de la famine en 2020, induisant une « catastrophe humanitaire mondiale » pour près de 250 millions de personnes.

La veille, l’ONG Oxfam, citant des estimations de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), disait que le nombre de personnes menacées de famine dans la seule région d’Afrique de l’Ouest pourrait quasi tripler en trois mois, avec 50 millions de personnes en août.

Le nombre de personnes au chômage explose partout sur la planète. En Europe, tous les gouvernements ont lancé d’énormes plans de soutien pour éviter le chômage de masse, en payant provisoirement les salaires afin que les entreprises conservent leurs employés.

Alette van Leur, directrice des politiques sectorielles de l’Organisation internationale du travail (OIT), voit dans cette crise multiforme « un effet dévastateur sur les travailleurs et les employeurs », à travers « des pertes massives, sur la production et les emplois dans l’ensemble des secteurs ».

« Le monde du travail traverse la pire crise internationale depuis la seconde guerre mondiale. L’impact économique de la pandémie sera probablement grave et durable. »Lire notre enquête : le confinement provoque une crise sociale mondiale


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