« Nous, élus locaux de France, sommes particulièrement inquiets pour le continent africain »

Collectif

Des édiles français appellent à accompagner leurs homologues africains dans le renforcement des solidarités durant la crise sanitaire et aussi après.

Publié hier à 19h00, mis à jour hier à 19h26   Temps deLecture 7 min.

Distribution de colis alimentaires à Pretoria, capitale sud-africaine, le 16 avril 2020.
Distribution de colis alimentaires à Pretoria, capitale sud-africaine, le 16 avril 2020. PHILL MAGAKOE/AFP

Tribune. Aucun pays, aucun territoire, ne sont aujourd’hui épargnés par la pandémie du nouveau coronavirus. Au-delà des drames humains, cette crise sanitaire mondiale a et va avoir des conséquences sociales et économiques dont on ne mesure pas encore aujourd’hui l’ampleur.

Le temps des bilans viendra qui permettra de tirer les enseignements quant à nos modes de vie, nos choix de développement économiques et sociaux, notre rapport à la préservation des ressources.

Mais la priorité est aujourd’hui de stopper la propagation et de sauver les populations. Chaque Etat prend les mesures nationales génériques qu’il estime nécessaires pour stopper la propagation du virus et laisser le temps de soigner celles et ceux qui sont atteints par la maladie du Covid-19. Ces mesures nationales sont à peu près les mêmes dans chaque pays : confinement et gestes barrières.

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Si la sécurité et la santé des habitants d’un pays constituent bien sûr la préoccupation première des Etats, que se passera-t-il quand, une fois les pays développés « guéris », l’épidémie pourrait continuer à décimer les populations des pays les plus vulnérables, notamment en Afrique ? Une approche concertée et solidaire entre les Etats, articulant l’action locale et l’action internationale, est indispensable pour être efficace. Elle est en cours. Le président de la République a ouvert la voie en se prononçant pour l’annulation de la dette des pays africains et un moratoire a été acté en un temps record par les pays du G7 et du G20.

Action de proximité

A l’échelle locale – les élus le savent bien –, l’efficacité de la gestion de crise dépend aussi beaucoup de la capacité des autorités locales à prendre en main l’action de proximité : faire respecter le confinement ; éduquer la population aux gestes barrières efficaces ; mettre en place des systèmes d’entraide pour subvenir aux besoins des personnes les plus vulnérables ; être attentif aux conséquences du confinement sur les violences intrafamiliales et les dégradations psychiques ; assurer la continuité des services publics de salubrité et de vie quotidienne ; détecter les cas de contamination et les isoler le plus rapidement possible.

La solidarité au sein des territoires français est remarquable, indispensable. Mais elle n’a pas de sens si elle se limite aux frontières de notre pays ou même à celles de l’Union européenne. Elle doit aussi être internationale et s’exercer pour agir ensemble contre le Covid-19. Agir localement tout en garantissant une action internationale, c’est la voie pour que cette lutte soit efficace et, surtout, pour éviter la propagation du virus dans des zones pour le moment encore peu touchées.

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Dans cette lutte mondiale, nous, élus locaux, sommes particulièrement inquiets pour le continent africain qui doit faire face à plusieurs défis dans cette lutte pour limiter la pandémie : les systèmes de santé, sans sous-estimer l’expérience et la résilience africaines face aux épidémies, sont le plus souvent trop fragiles ; les concentrations de population sont extrêmement fortes en milieu urbain, mais aussi dans les lieux où sont regroupées les personnes déplacées en raison de crises humanitaires, conflits armés ou attaques terroristes ; l’absence de tests de détection est patente ; la croyance, non vérifiée, que l’Afrique pourrait être protégée grâce à son climat chaud et à sa jeunesse fait baisser la garde et la vigilance.

Tous, Etats, élus locaux, organisations non gouvernementales (ONG), associations, entreprises, chercheurs, doivent agir ensemble pour soutenir l’action des Etats et des autorités locales africaines afin de juguler la propagation de l’épidémie et limiter les conséquences sur l’économie, l’alimentation, la santé.

Apprentissage mutuel

Ainsi nous, membres de Cités Unies France, qui sommes élus de collectivités territoriales françaises – maires, présidentes et présidents de conseils départementaux, de conseils régionaux, d’intercommunalités, responsables d’associations nationales, élus locaux –, toutes et tous engagés, souvent de longue date, dans des projets de coopérations avec nos partenaires africains qui sont nos amis, avons décidé de nous mobiliser sans attendre. Nous avons ainsi lancé un fonds de solidarité, alimenté par les collectivités françaises, destiné à soutenir les collectivités territoriales africaines dans leurs efforts quotidiens pour venir en appui à la population avant, pendant, mais aussi après la crise.Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Le G20 suspend le remboursement de la dette des pays pauvres, sans l’annuler

Nous nous engageons par ailleurs à accompagner les autorités locales pour la mise en place, dans la proximité, d’initiatives de résilience, de relance des économies locales, d’apprentissage mutuel : nombre de pays africains, déjà confrontés par le passé à de graves crises sanitaires, dont Ebola notamment, ont pris des initiatives innovantes qui peuvent nous inspirer. Il s’agira aussi de construire ensemble de futurs partenariats, autour de projets de transition économique, sociale, écologique et démocratique.

Nous demandons par ailleurs la création d’un fonds global pour les collectivités africaines, porté et alimenté par l’Union européenne, ainsi que par les Etats, les grands bailleurs de fonds pour le développement et le Réseau mondial des collectivités – Cités et gouvernements locaux unis.

LISTE DES SIGNATAIRES de la tribune lancée à l’initiative de Roland RIES, maire de Strasbourg et président de Cités Unies France Gérard ALLARD, maire de Rezé ; Daniel ALLIOUX, adjoint au maire de Lieusaint, président du groupe-pays Mauritanie de Cités Unies France ; Liliane ANDRES, conseillère municipale d’Erstein, présidente du groupe-pays Cameroun de Cités Unies France ; Nathalie APPÉRÉ, maire de Rennes ; Benoît ARRIVE, maire de Cherbourg-en-Cotentin ; Marie-Hélène AUBERT, vice-présidente du conseil départemental des Yvelines ; Patrick AYACHE, vice-président du conseil régional Bourgogne-Franche-Comté ; Evelyne AZIHARI, vice-présidente du Grand Châtellerault ; Pierre BEDIER, président du conseil départemental des Yvelines ; El Mustapha BELGSIR, conseiller municipal de Poitiers ;¨C21CBruno BELIN, président du conseil départemental de la Vienne, président du groupe-pays Burkina Faso de Cités Unies France ;¨C22CRachid BENYACHOU, adjoint au maire de Vert-Saint-Denis ;¨C23CMichel BISSON, maire de Lieusaint, président de la communauté d’agglomération Grand Paris Sud ;¨C24CFélix BOKASSIA, conseiller délégué de Château-Thierry ;¨C25CChristophe BOUCHET, maire de Tours ;¨C26CJocelyne BOUGEARD, adjointe au maire de Rennes ;¨C27CCorinne CADAYS-DELHOME, adjointe au maire de La Courneuve ;¨C28CMartine CALLEBERT, présidente de l’Association linselloise des échanges internationaux ;¨C29CAntony CAPS, vice-président du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle ;¨C30CIsabelle CAULLERY, vice-présidente du conseil départemental des Hauts-de-Seine ;¨C31CGuy-Michel CHAUVEAU, maire de La Flèche et président de la communauté de communes du Pays fléchois, président du groupe-pays Mali de Cités Unies France ;¨C32CAlain CLAEYS, maire de Poitiers ;¨C33CNathalie COLIN COCCHI, adjointe au maire de Chambéry ;¨C34CGérard COLLOMB, maire de Lyon ;¨C35CMarie-France CONSTANTINI, adjointe au maire de Saint-Jean-de-Boiseau ;¨C36CThierry COZIC, maire d’Arnage ;¨C37CGuillaume CROS, vice-président¨C38Cdu conseil régional Occitanie-Pyrénées-Méditerranée, présidence du groupe-pays Chine ;¨C39CMichel DANTIN, maire de Chambéry ;¨C40CEtienne DASSONVILLE, vice-président de Via Zogoré, coopération décentralisée Linselles-Zogoré ;¨C41CDominique DAVERAT, adjoint au maire d’Allonnes ;¨C42CGuillaume DE RUSSÉ, vice-président du conseil départemental de la Vienne ;¨C43CIsabelle DEBOURG, adjointe au maire de Limoges ;¨C44CKarine DOGNIN-SAUZE, adjointe au maire de Lyon ;¨C45CMarie-Guite DUFAY, présidente du conseil régional Bourgogne-Franche-Comté ;¨C46CValérie DUMONTET, vice-présidente du conseil départemental de l’Aude, présidente du groupe-pays Liban de Cités Unies France ;¨C47CChristian DUPUY, maire de Suresnes, président du groupe-pays Haïti de Cités Unies France ;¨C48CChristian FAVIER, président du conseil départemental du Val-de-Marne ;¨C49CNicolas FLORIAN, maire de Bordeaux ;¨C50CEric FOURNIER, maire de Chamonix-Mont-Blanc, vice-président du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes ;¨C51CAlain GALLIANO, vice-président de la métropole de Lyon ;¨C52CJean-Philippe GAUTRAIS, maire de Fontenay-sous-Bois ;¨C53CPhilippe GROSVALET, président du conseil départemental de Loire-Atlantique ;¨C54CDidier GUILLAUME, maire de Choisy-le-Roi, vice-président du conseil départemental du Val-de-Marne ;¨C55CJean HARTZ, vice-président de Grand Paris Sud ;¨C56CAnne HIDALGO, maire de Paris ;¨C57CDavid KIMELFELD, président de la métropole de Lyon ;¨C58CAmadou KOUYATÉ, adjoint au maire de La Flèche ;¨C59CPhilippe LALLEMANT, président de Via Zogoré, coopération décentralisée Linselles-Zogoré ;¨C60CMaryse LAVRARD, adjointe au maire de Châtellerault ;¨C61COlivier LEBRUN, maire de Viroflay ;¨C62CYves LEFEBVRE, maire de Linselles ;¨C63CEmile Roger LOMBERTIE, maire de Limoges ;¨C64CLiliane LUCCHESI, conseillère déléguée au conseil régional Bourgogne-Franche-Comté ;¨C65CHalima MANHOUDJ, adjointe au maire de Montreuil ;¨C66CNicole MIQUEL-BELAUD, conseillère déléguée à la ville de Toulouse ;¨C67CGeorges MORIN, conseiller à la ville de Gières, président du groupe-pays Algérie de Cités Unies France ;¨C68CFrançois MORTON, maire de Guyancourt ;¨C69CJean-Luc MOUDENC, maire de Toulouse ;¨C70CHélène NEDELEC, vice-présidente de Nantes Métropole ;¨C71CAbdoul NIANE, adjoint au maire de Lieusaint ;¨C72CPierre de Gaétan NJIKAM, adjoint au maire de Bordeaux ;¨C73CAnna PIC, adjointe au maire de Cherbourg-en-Cotentin ;¨C74CBenoît PILET, adjoint au maire d’Angers, vice-président d’Angers Loire Métropole, président du groupe Sahel ;¨C75CGilles POUX, maire de La Courneuve ;¨C76CPascal PRAS, maire de Saint-Jean-de-Boiseau ;¨C77CBrigitte RAGUSA, présidente du groupe Mali-Viroflay ;¨C78CAgnès RAMPAL, conseillère régionale au conseil régional Sud-Provence-Alpes-Côte-d’azur, présidente du groupe-pays Tunisie de Cités Unies France ;¨C79CJean ROATTA, adjoint au maire de Marseille, président du groupe-pays Maroc de Cités Unies France ;¨C80CRose-Marie SAINT-GERMES AKAR, conseillère déléguée, communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise, présidente du groupe-pays Bénin de Cités Unies France ;¨C81CGildas SALAÜN, conseiller municipal délégué de la ville de Nantes ;¨C82CFanny SALLÉ, conseillère départementale chargée des solidarités internationales ;¨C83CBamadi SANOKHO, adjoint au maire de Gentilly ;¨C84CVirginie SEYNAVE, adjointe au Maire de Linselles ;¨C85CGeorges SIFFREDI, président par intérim du conseil départemental des Hauts-de-Seine ;¨C86CMichel TABANOU, adjoint au maire de Fontenay-sous-Bois ;¨C87CJérôme TEBALDI, adjoint au maire de Tours, président du groupe-pays Corée du Sud ;¨C88CJean-Louis TESTUD, adjoint au maire de Suresnes ;¨C89CRodolphe THOMAS, maire d’Herouville-Saint-Clair, vice-président du conseil régional de Normandie ;¨C90CPatricia TORDJMAN, maire de Gentilly ;¨C91CMax VINCENT, conseiller délégué de la métropole de Lyon ;¨C92CAndré VIOLA, président du département de l’Aude et coprésident de la Commission nationale de la coopération décentralisée ;¨C93CJean-Marc WILLER, maire d’Erstein ;¨C94CMarie-Isabelle YAPO, adjointe au maire de Rezé ;¨C95CLaurent ZIEGELMEYER, conseiller municipal à la ville de Choisy-le-Roi.

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