Coronavirus : le conseil scientifique dénonce les propos « infamants » de Didier Raoult devant les députés
Dans une lettre envoyée à l’Assemblée, des membres du conseil scientifique dénoncent particulièrement les accusations de conflits d’intérêts portées par le professeur Raoult lors de son audition fin juin.
Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 12h08, mis à jour à 12h25
Des propos tenus fin juin par Didier Raoult devant les députés de la commission d’enquête sur le Covid-19 sont « infamants et dépourvus de fondements » et relèvent de la « calomnie » ont accusé le conseil scientifique qui éclaire le gouvernement et la Haute Autorité de santé (HAS) dans des courriers à l’Assemblée nationale obtenus jeudi 2 juillet par l’Agence France-presse.
« A la suite des déclarations du Pr Raoult devant la commission d’enquête le 24 juin 2020, les membres du conseil scientifique Covid-19 considèrent ses propos et insinuations comme infamants et dépourvus de fondements », écrit le président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, dans une lettre datée du 30 juin.
Elle est adressée à la présidente de la commission, Brigitte Bourguignon, son rapporteur, Eric Ciotti, et au président de l’Assemblée, Richard Ferrand. Cette lettre, à laquelle sont associés 12 des 13 membres du conseil scientifique, critique particulièrement les accusations de conflits d’intérêts portées par Didier Raoult lors de son audition.
« Intention de tromper »
Selon le Pr Delfraissy, le Pr Raoult – qui avait brièvement fait partie du conseil scientifique créé début mars, avant de le quitter – a fait preuve d’une « certaine forme “d’intention de tromper” » les députés de la commission en « [entretenant] de manière répétée une confusion entre les notions pourtant bien distinctes de liens et de conflits d’intérêts ».
« Les membres du conseil scientifique souhaitent vous faire part de leur vive réprobation à l’endroit d’allégations sans fondement tenues par le Pr Raoult pourtant sous serment, ainsi que de propos manifestement outranciers dont les intentions et les prétentions ne lui semblent plus guère relever du registre de la science », conclut la lettre.
Dans un courrier distinct daté du 1er juillet et adressé à Richard Ferrand, la présidente de la HAS, Dominique Le Guludec, conteste aussi des propos du Pr Raoult sur les conflits d’intérêts. « Affirmer devant la représentation nationale, de manière vague et non étayée, que la HAS est soumise à “des conflits d’intérêts très sérieux” relève de la calomnie », écrit Mme Le Guludec.
« Je ne saurais accepter que la réputation de la Haute Autorité de santé, son sérieux et son intégrité soient remis en cause avec une telle légèreté à l’occasion d’un moment aussi important qu’une audition par les parlementaires », conclut-elle.
Dans un autre courrier officiel consulté mercredi par l’AFP, l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) avait de son côté jugé que des déclarations du Pr Raoult « semblent s’apparenter à un faux témoignage ».