Contre la corruption, le pari du numérique – partie 2
Pari du numérique
Ayant connu une évolution rapide et parfois anarchique, notre pays a sauté plusieurs étapes de l’évolution « normale » qu’ont suivie d’autres nations. Nous n’avons, par exemple, jamais réussi les multiples campagnes d’adressage de nos villes, ce qui a longtemps freiné le développement de plusieurs secteurs d’activité, jusqu’à l’apparition des localisations GPS sur nos smartphones. Nous n’avons pas pu faire respecter les feux rouges avant l’installation de caméras intelligentes capables de détecter automatiquement les infractions.
Ces exemples illustrent à quel point le numérique constitue un levier essentiel pour surmonter nos défis de développement. Il crée des raccourcis vers l’efficacité, là où les approches classiques échouent ou peinent à s’imposer. C’est cette voie qu’il nous faut consolider pour affronter l’un des maux les plus persistants de notre administration : la corruption et la mauvaise gestion.
Comme évoqué dans la première partie de cette série, chaque ouguiya de l’argent public dépensé devrait suivre un circuit entièrement dématérialisé, depuis la planification jusqu’au paiement. Idéalement, ce circuit numérique doit couvrir l’ensemble des étapes de la dépense publique : planification (PAA, PPM), engagement, liquidation, ordonnancement et paiement. Ce dernier maillon demeure encore fragile et mérite une refonte complète pour en garantir la transparence et la fiabilité.
Une telle approche permettrait d’assurer une observation continue de la gestion des fonds publics, de limiter les erreurs de bonne foi et d’empêcher les manipulations de mauvaise foi. Le numérique ne juge pas ; il enregistre, il trace, il prouve.
Cette vision rejoint la volonté affirmée à plusieurs reprises par le Président Ghazouani, de bâtir une administration plus transparente, plus efficace et plus proche du citoyen, où la technologie sert de levier à la moralisation de la vie publique.
Au-delà de la transparence, la dématérialisation totale du circuit de la dépense publique permettrait d’économiser un temps considérable dans le traitement et le contrôle des dossiers, de réduire les déplacements inutiles et de diminuer la charge administrative. Elle optimiserait les ressources humaines et financières, en concentrant les efforts sur le contrôle, l’analyse et l’évaluation, plutôt que sur la manipulation de documents physiques et la répétition de tâches manuelles.
Comme le rappelle Transparency International, « la dématérialisation des procédures réduit le contact direct entre l’usager et l’administration, et par conséquent les opportunités de corruption ».
S’inspirer de cette approche, c’est avancer vers un écosystème national de gouvernance numérique interconnecté, où les systèmes du budget, du Trésor, des marchés publics et autres dialoguent entre eux. Un système où les alertes automatiques signalent les anomalies, où l’intelligence artificielle contribue à détecter les risques de fraude, et où la traçabilité devient une culture institutionnelle.
Le numérique n’est pas seulement un outil moderne : il est un instrument de transformation et de redressement. Il soutient la guerre résolue que mène le Président Ghzaouani, contre la corruption sous toutes ses formes et en faveur d’un développement fondé sur la transparence, la justice et l’équité. En plaçant la technologie au cœur de la gouvernance, notre pays se dote des moyens de bâtir un État où la probité devient la norme et la confiance entre l’État et le citoyen se renforce jour après jour, donnée après donnée.
Deddah Fadel



