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Contrat de concession d’Arise et la continuité de l’État : Enfumages de Mory Guéta Cissé

Le Calame n’est pas dans le secret des arrangements sous-tabulaires et autres complaisances… familiales, monsieur Mory Guéta Cissé. Nous nous en tenons à alerter l’opinion sur nombre d’affaires douteuses et celle d’Arise que nous suivons depuis son émergence (cf. nos éditions N°1138 du 12/11/2018, N°1171 du 20/08/2019, N°1182 du 05/11/2019, N°1199 du 19/04/2020, etc.) nous paraît des plus probablement de celles-là. Un suivi professionnel certes pas construit sur des rumeurs.

Nous avons bâti la conviction de notre doute sur l’étude de dossiers d’experts qui ont conclu au danger que fait peser cette convention sur les sociétés nationales qui se battent de toutes leurs forces pour la faire capoter puisqu’une fois aboutie, elle les enverrait toutes vers une faillite inéluctable. On a donc bien entendu la partialité de ces entreprises. Elle ne nous a pas empêchés d’apprécier la qualité objective des observations dudit expert.
L’apparemment très émotif et conséquemment empressé Mory Gueta Cissé a-t-il pris le temps de lire, avant de s’exprimer, le courrier de Mohamed Mboyrick, président de la section « Manutention » de la  Fédération des Services et Libérales (FSPL), adressé le 26 Mai dernier au directeur de l’Office of Accountability de l’OPIC, dont nous rapportions quelques faits saillants en notre autre édition N°1205 du 03/06/2020 ? Nous pouvons admettre, avec certes des pincettes, que financiafrik.com se contente de la carte de visite de monsieur Cissé pour préférer donner audience répétée à ses émois « ignorant les tenants et aboutissants » de la convention Arise, comme il le prétend lui-même, plutôt qu’examiner professionnellement le dossier. La banalité d’un tel comportement en notre pauvre presse africaine est malheureusement établie. Mais il ne faut tout de même pas prendre les lecteurs pour des cons, comme s’y emploie d’emblée le titre – « éclairages […] » !!! – donné à l’interview du sieur.

Questions pertinentes

« Enfumages » eût été nettement plus approprié. Pas de fumée sans feu, me direz-vous. Je vous l’accorde mais de quel « littoral contournant le périmètre du Port Autonome de Nouakchott »(sic !) Mory Gueta aurait-il pu constater « l’arrêt des travaux qui [lui] semblaient pourtant bien démarrer » (resic !) ? Les « rumeurs » qui lui auraient permis de prendre incidemment « connaissance d’Arise » (petit sourire…) auraient-elles omis de lui apprendre que c’est précisément le refus de ladite société de répondre aux questions de fond de l’autorité portuaire – en lui opposant sèchement qu’elle n’était « pas compétente » en la matière… – qui a coupé court à toute négociation, entraînant l’arrêt des travaux et l’expulsion des cadres d’Arise hors du PANPA ? Il est vrai que monsieur Cissé ne veut « pas travailler sur la base de simples rumeurs » (franche hilarité…). Louable attitude qui vaut sans doute à son cabinet les amabilités de la CEP… Mais, bref, « Chi Adi, ainsi va la vie, no comment. Sachons rester zen et serein »…
« Mes contradicteurs auraient pu me faire profiter du plus d’informations dont ils disposent », se plaint cependant le malheureux qui « n’a toujours pas reçu les documents » attendus d’Arise qui lui permettraient – enfin ! – de parler en connaissance minimale du sujet. On lui conseille déjà de lire plus souvent « Le Calame » et de parcourir son site www.lecalame.info : sans être exhaustives, les informations y consignées devraient à tout le moins l’aider. Et à supputer qu’Arise veuille bien, de son côté, donner suite à sa requête, on lui souhaite d’obtenir réponses aux cinq brulantes questions suivantes : si tant est qu’Arise-Île Maurice était bel et bien filiale d’Olam au moment de la fondation d’Arise-Mauritanie, où est le PV de l’organe délibérateur d’Olam autorisant l’investissement en celle-ci ? Pourquoi les références d’Arise-Île Maurice ne figurent-elles pas dans la convention affirmant son lien avec Arise-Mauritanie ? Où furent déposés les fonds propres (234 millions de dollars US) annoncés dans ladite convention ? D’où les deux indiens patrons d’Arise-Mauritanie les ont-elles acquis ? Le chantier a-t-il été financé par ces fonds propres ou… un hypothétique emprunt ?

Gueule de bois

Notoirement fervent adepte du célèbre dicton, Mory Gueta soutient qu’une fois le vin tiré, il faut le boire. La Mauritanie n’a pas atteint, grâce à Dieu, ce degré d’alcoolisme qui donne à accepter d’ingurgiter jusqu’au vinaigre. Mais en laissant se développer d’autres aussi pénibles, sinon plus, conventions, notamment celle conclue avec Poly Hondong, elle s’est placée devant des faits accomplis, d’année en année plus difficiles à remettre en cause. Les questions posées autour d’Arise-Mauritanie ne sont ni « insuffisantes » ni encore moins « irrecevables » pour justifier le gel d’une situation déjà assez embrouillée mais encore maîtrisable. Solidement argumentée, la suspicion d’une arnaque impose un examen approfondi des conditions mêmes de la fondation d’Arise-Mauritanie et de son élection sans appel d’offres au marché du quai à conteneurs. Il est donc très hâtif et prématuré de prétendre que « rien ne s’oppose juridiquement à la poursuite des travaux » qui pourraient se révéler, à court terme, plus ruineux, pour les investisseurs, que leur actuelle suspension. Ce n’est pas seulement à la Mauritanie qu’il s’agit d’éviter une douloureuse gueule de bois : la prudence est bel et bien mère de la sûreté.
« Ces dernières années, Nouakchott a remporté haut la main », fait remarquer financiafrik.com dans le chapeau de l’interview accordé à Mory Gueta Cissé, « cinq arbitrages à l’international, sans tambour ni trompette mais en y allant, frein à la main, avec sagesse, droit et responsabilité ». On est bien d’accord, cher confrère, et, « bref, dans l’affaire Arise, aujourd’hui encore plus qu’hier, il ne faut pas nous laisser »… enfumer.

 Ben Abdalla

Le Calame

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