La Libye décide de mettre en circulation 30 milliards de dinars pour pallier le manque de liquidités
La Libye décide de mettre en circulation 30 milliards de dinars pour pallier le manque de liquidités.
La Libye prend des mesures exceptionnelles pour résoudre son problème de liquidités persistantes. Le jeudi 5 décembre 2024, la Banque centrale du pays a annoncé avoir confié à la société britannique “De La Rue” l’impression de 30 milliards de dinars (soit 6,25 milliards de dollars) pour répondre à la pénurie de billets de banque dans les établissements financiers.
Une décision qui intervient après plusieurs années de difficultés économiques majeures, exacerbées par des tensions politiques internes depuis la chute de Kadhafi en 2011.
Une réponse au manque de liquidités
La crise de liquidités en Libye dure depuis plusieurs années, malgré les importantes recettes pétrolières du pays. Les Libyens, forcés de faire face à des pénuries de billets dans les banques, se retrouvent souvent dans de longues files d’attente pour retirer de l’argent ou percevoir leurs salaires. Depuis la fin du régime de Mouammar Kadhafi, la confiance dans le système financier libyen reste fragilisée, avec des répercussions directes sur la vie quotidienne des citoyens.
Le projet d’émission de 30 milliards de dinars vise à « résoudre progressivement » cette crise à partir de janvier 2025, selon la Banque centrale de Libye. Le gouverneur de la Banque, Najy Issa, a rencontré mercredi 4 décembre les dirigeants de “De La Rue” pour discuter de la mise en œuvre du contrat.
Les défis économiques persistants
Malgré ses vastes ressources pétrolières, la Libye est confrontée à des problèmes structurels majeurs. Le pays, qui dépend fortement des revenus pétroliers pour financer son budget, est toujours plongé dans une crise de gouvernance, exacerbée par la division entre le gouvernement basé à Tripoli et les autorités rivales de l’Est.
Le pays a aussi été confronté à une série d’événements difficiles, comme le retrait de certaines coupures de billets, dont les billets de 50 dinars, en raison de leur contrefaçon massive. Le processus de réimpression et de remplacement des billets s’est révélé complexe et coûteux. Selon les autorités, l’impression de nouveaux billets permettra non seulement de répondre à la demande en numéraire, mais aussi d’améliorer la sécurité des transactions.
L’adoption des solutions électroniques
En parallèle à l’impression de nouveaux billets, la Libye commence à adopter des solutions électroniques pour favoriser le paiement sans numéraire. Le manque de liquidités a poussé une partie de la population à se tourner vers les cartes bancaires et les paiements électroniques. Toutefois, l’infrastructure pour gérer ce type de paiements reste insuffisante, un problème que les autorités cherchent à résoudre en encourageant les banques à développer davantage ce secteur.
Le gouvernement a annoncé qu’il mettrait en place des mesures pour faciliter l’accès aux cartes bancaires et inciter les citoyens à utiliser des paiements numériques, afin de réduire la dépendance au cash. Le but est de moderniser le système financier tout en répondant à l’urgence de la situation.
Une solution temporaire ?
Malgré l’ampleur de ces mesures, certains experts estiment que l’émission de 30 milliards de dinars ne sera qu’une solution temporaire à la crise de liquidités en Libye. Le pays devra engager des réformes structurelles plus profondes pour rétablir la confiance dans son système financier et réduire sa dépendance aux revenus pétroliers.
Il est donc probable que cette initiative d’impression de billets ne suffise pas à elle seule à résoudre les problèmes économiques de la Libye. Pour éviter une nouvelle crise de liquidités, il sera nécessaire de renforcer les institutions financières, de promouvoir des investissements étrangers et d’assurer une gestion plus rigoureuse des finances publiques.
La situation politique en toile de fond
La crise économique libyenne est intimement liée à la situation politique instable du pays. La division persistante entre les autorités de Tripoli et celles de l’Est du pays, ainsi que les conflits armés locaux, rendent difficile la mise en place d’une politique économique cohérente. Le processus de réconciliation politique, qui reste un défi de taille, devra être un élément clé pour assurer la stabilité financière et la prospérité à long terme du pays.
Ainsi, la Libye est donc à un tournant crucial. L’émission de 30 milliards de dinars représente une tentative de réponse à la crise de liquidités, mais elle ne saurait résoudre à elle seule les problèmes de fond. Les autorités libyennes devront aller au-delà des solutions temporaires et engager des réformes économiques et politiques profondes pour redresser le pays et restaurer la confiance dans son système financier. Le chemin reste semé d’embûches, mais les mesures prises récemment constituent un premier pas vers une possible stabilité.
Sources infos: tunisienumerique.com