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Billet d’humeur : Quand le devoir de réserve se transforme en devoir de menace

Un ancien cadre mauritanien limogé menace aujourd’hui de poursuivre l’État. Quand loyauté administrative rime avec mémoire sélective et revanche tardive.

Des années après son limogeage, un ancien cadre de l’administration mauritanienne menace aujourd’hui de poursuivre l’État en justice. Retour, avec humour et ironie, sur un cas d’amnésie administrative aiguë… et de loyauté sélective.
Il y a des vocations tardives qui laissent songeur. Tel ce cadre — jadis nommé en grande pompe au Conseil des ministres, puis poliment remercié par les mêmes canaux — qui revient aujourd’hui, la toge de justiciable sur l’épaule, menaçant l’État d’un procès retentissant. Rien que ça.

On pourrait croire à une revanche des oubliés, à une saga de loyauté trahie, ou à un feuilleton politico-administratif. Mais non. Il s’agit plutôt d’un épisode de « Retour vers le Futur« , version bureaucratie : l’ancien haut fonctionnaire, soudain pris de zèle démocratique, découvre que le gouvernement l’a limogé sans lui demander son avis. Scandale ! Injustice ! Camouflet à la République ! Ou peut-être… simple fin de mission ?

Car rappelons-le, avec un brin de pédagogie : un cadre nommé en Conseil des ministres, ce n’est pas un CDI à la SNIM ou un contrat à durée indéterminée avec l’ANAIR. C’est un contrat de confiance avec l’État. Et dans ce contrat, il y a une clause implicite mais sacrée : le devoir de réserve. Autrement dit, tant qu’on est à bord du navire, on rame dans le sens du courant. On peut penser ce qu’on veut, mais on le pense silencieusement.

Or, notre héros du jour, au lieu de faire preuve de la discrétion attendue, a cru bon de jouer les francs-tireurs. Résultat : la porte. C’était il y a des années. Aujourd’hui, il s’en émeut. Il veut “ester”. Le verbe est rare, mais l’intention est claire : il veut traîner l’État en justice. Avec, sans doute, en filigrane, une petite envie de fauteuil retrouvé, ou au moins de micro tendu.

Mais on est tenté de lui dire : mon cher Monsieur, la dignité d’un serviteur de l’État se mesure aussi à la manière dont il accepte d’en partir. On ne peut pas passer du devoir de réserve au devoir de revanche dès qu’on quitte les lambris ministériels.

Et si le gouvernement vous a remercié, c’est peut-être qu’il avait de bonnes raisons. Politiques, sans doute. Mais dans une République, la loyauté n’est pas une option, c’est une condition d’emploi.

Alors, menacez, plaidez, gesticulez si ça vous chante. Mais sachez que la grandeur, parfois, c’est aussi de se taire avec panache.

Ahmed Ould Bettar

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