Billet d’humeur – Presse : la carte refait sa déco

Billet d’humeur – Presse : la carte refait sa déco

Par Ahmed Ould Bettar

Mercredi 30 avril 2025. Pendant que vous faisiez la queue à la boulangerie  pour une baguette pas trop cuite, au Palais présidentiel, c’était jour de Conseil des ministres. Un rituel républicain aussi sacré que le thé à la menthe en fin de journée. À l’ordre du jour, entre deux sujets plus sérieux que festifs : un décret sur… la carte de presse.

Oui, cette fameuse carte, sésame un peu froissé au fond de la poche du journaliste, mais toujours brandie avec fierté quand il s’agit de passer un barrage policier ou de quémander un café à une conférence de presse. Le Conseil a donc décidé de fixer, noir sur blanc, les règles du jeu : comment on obtient cette carte, comment on la garde, comment on peut se la voir retirer (attention aux excès de zèle ou aux plumes trop trempées dans l’acide), et combien de temps elle reste valable avant de finir comme une carte de fidélité périmée.

Cette décision n’arrive pas comme une virgule dans un texte bien huilé. Elle est prévue par la loi du 15 février 2024 — une loi qui s’occupe, entre autres choses, de définir ce qu’est un journaliste professionnel (spoiler : ce n’est pas quelqu’un qui tweet depuis son canapé). En clair, le gouvernement veut faire le ménage : structurer la profession, séparer le plumitif du professionnel, et peut-être éviter que la carte ne devienne l’accessoire officiel de l’imposteur.

Derrière ce décret, une ambition plus noble : élever le niveau du journalisme local, permettre à la presse nationale de faire ce qu’elle sait faire de mieux — informer, éduquer, parfois agacer — mais dans les règles de l’art. Car, comme dirait l’autre, une presse libre, c’est bien. Une presse libre avec une carte en règle, c’est mieux.

Alors chers journalistes, préparez vos dossiers, ressortez vos CV (et vos casiers judiciaires propres si possible), car la carte version 2025 arrive. Et cette fois, elle risque de piquer un peu si vous n’avez pas coché toutes les cases.