Baïdy Ndiaye / Ahmet Ndiaye : aux origines d’un petit talibé orphelin de Guédé -village aux anges !
Baïdy Ndiaye / Ahmet Ndiaye : aux origines d’un petit talibé orphelin de Guédé -village aux anges !
Chapitre 1 – Les Origines
Le ciel de Guédé Village avait une clarté particulière, ce matin-là. Le fleuve se réveillait en silence, comme s’il savait déjà que quelque chose allait basculer. Dans ce village ancestral, où chaque nom porte une mémoire et chaque souffle une histoire, naquit un garçon au regard intense. Il s’appelait Baïdy Ndiaye, mais la vie allait l’appeler autrement : Ameth, le fils de la douleur et de l’espérance.
Son père s’appelait Doua , était originaire de Kassak Nord , était en même temps le cousin de sa mère.Sa maman s’appelait Ramata Baïdy dite Thilla Diop , une femme de dignité, douce comme les premiers vents d’hivernage. Elle portait la vie en elle avec une noblesse silencieuse, cette grâce qu’avaient les femmes du Fouta lorsqu’elles marchaient, lorsqu’elles priaient, lorsqu’elles chantaient. Ramata aimait profondément son fils. Il était sa lumière, son souffle.
Mais à la veille de la Tabaski de 2020, alors que le village s’apprêtait à sacrifier des béliers et à célébrer la fête, la tragédie frappa. Ramata mourut en couches, la vie emportant la vie. Ce fut un cri étouffé dans les cases, un tambour brisé au cœur des femmes. Le village tout entier se figea. Ce jour-là, la fête n’eut pas lieu. Les habits neufs restèrent dans les malles, et les chants cédèrent la place aux pleurs.
Le petit Baïdy, encore si jeune, ne comprenait pas. Il regardait les adultes, cherchant sa mère dans leurs yeux, dans leurs gestes, dans l’air. Mais elle n’était plus là. Et dans ce vide immense, naquit son premier chagrin.
Mais le Fouta n’abandonne jamais un enfant. Guédé, son village, est un peuple avant tout. Et dans ce peuple, le serigne Dara, de son vrai nom Boubou Bâ, répondit à l’appel du destin. Il n’était pas un étranger pour Baïdy. Il était l’oncle maternel de Ramata, un homme pieux, respecté, aux gestes lents et mesurés. Quand il posa ses yeux sur l’enfant, il comprit qu’il devait en faire son fils d’âme.
« Cet enfant doit vivre, et non seulement survivre », dit-il, les yeux dans le lointain.
Ainsi, Baïdy quitta Guédé, ce village de ses premiers pas, cette terre qui sentait encore l’odeur de sa mère. Il marcha, la main dans celle de Dara, vers Thiès, cette ville où les chemins se croisent, où les destins se tissent différemment.
Il n’emporta avec lui ni jouet, ni livre,ni trésors. Seulement un nom, un silence, et un amour perdu. Et dans le cœur du vieux serigne, brûlait une promesse muette : offrir à cet enfant une vie digne de sa mère, digne du Fouta, digne de Dieu.
Aly Camara.