BAD — Financement climatique: Le secteur privé, parent pauvre

BAD — Financement climatique: Le secteur privé, parent pauvre
Par La Presse
Selon le rapport de la BAD, la région aura besoin d’environ 280 milliards de dollars entre 2020 et 2030 pour appuyer sa transition vers une économie à faible émission de carbone et résiliente au changement climatique.

Selon le dernier rapport de la Banque africaine de développement (BAD) sur “Les perspectives économiques en Afrique 2023”, en matière de financement climatique, la Tunisie et l’Egypte reçoivent un flux relativement plus important en Afrique du Nord.

48,3% du financement annuel

Par rapport aux autres pays de la région, la Tunisie reçoit environ 48,3% du financement annuel dont elle a besoin pour le climat alors que l’Egypte reçoit, quant à elle, 35,8% de ses besoins. “Il existe cependant des disparités considérables entre les pays de la région, la Tunisie recevant environ 48,3% du financement annuel dont elle a besoin, tandis que la Mauritanie n’a reçu que 2,2% du financement annuel dont elle a besoin pour mettre en œuvre ses CDN (contribution déterminée au niveau national qui est un plan d’action climatique visant à réduire les émissions et à s’adapter aux effets des changements climatiques) et ses objectifs en matière d’action climatique”, indique le rapport dans sa partie axée sur la mobilisation des financements du secteur privé pour le climat et la croissance verte.

Outre la disparité du déficit de financement entre les pays de la région, le rapport évoque également un écart important entre les besoins absolus de financement climatique de ces pays et les flux de financement effectivement reçus, allant de 2 à 45 fois plus élevés. “À l’exception de la Libye, le secteur public et les donateurs bilatéraux ont été les principales sources de financement climatique en Afrique du Nord, représentant environ 80% des flux totaux. Selon le rapport de la BAD, les pays d’Afrique du Nord ont contribué à hauteur de 18%, tandis que les 2% restants provenaient du secteur privé”.

La priorité aux énergies renouvelables

En ce qui concerne les principaux secteurs prioritaires pour le financement climatique dans la région, le rapport mentionne les énergies renouvelables, les transports, l’agriculture et la gestion de l’eau. “Les flux de financement spécifiques à chaque pays varient par secteur. Le Maroc et la Tunisie ont donné la priorité aux investissements dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, tandis que l’Algérie et la Mauritanie se sont concentrées sur l’agriculture durable”. D’après les auteurs du rapport, les besoins de financement pour l’action climatique et la croissance verte en Afrique du Nord sont importants et diversifiés, couvrant un éventail de secteurs et d’activités. Les besoins en matière d’atténuation sont principalement répartis entre quatre secteurs : les transports, l’énergie et l’industrie, tandis que les besoins en matière d’adaptation concernent principalement l’agriculture, l’eau, les infrastructures et les bâtiments, la prévention et la préparation aux catastrophes, et la santé.

280 milliards de dollars pour la transition énergétique (2020-2030)

Selon le rapport de la BAD, la région aura besoin d’environ 280 milliards de dollars entre 2020 et 2030 pour appuyer sa transition vers une économie à faible émission de carbone et résiliente au changement climatique. Les pays d’Afrique du Nord où les investissements engagés et prévus dans le secteur de l’électricité (production et transport compris) sont les plus élevés sont l’Egypte (36 milliards de dollars), l’Algérie (23 milliards de dollars) et le Maroc (12 milliards de dollars). En Tunisie et en Libye, les chiffres correspondants sont respectivement de 3 milliards de dollars et de 0,3 milliard de dollars. Cependant, les financements publics ne suffiront pas à eux seuls à répondre à ces besoins de financement. La BAD préconise de mobiliser également le financement du secteur privé, qui peut fournir des capitaux et une expertise supplémentaire pour appuyer la mise en œuvre de projets de croissance verte dans la région. “Près de 842 millions de dollars ont été enregistrés comme investissements climatiques privés en Afrique du Nord, dont 41% (345 millions de dollars) sont allés au Maroc, 39% (332 millions de dollars) à l’Egypte et 12% (104 millions de dollars) à la Tunisie”, souligne le document de la BAD.

25 projets approuvés

Le rapport rappelle à cet effet que le Fonds vert pour le climat a approuvé plusieurs projets en Afrique du Nord, notamment un projet de 28,6 millions de dollars en Tunisie pour appuyer les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique et un projet de 41,5 millions de dollars au Maroc pour appuyer l’agriculture résiliente au climat. Selon le site web du Fonds vert pour le climat, en mars 2023, le Fonds aura approuvé 25 projets dans la région, pour un financement total de plus de 1,1 milliard de dollars. Le Fonds d’adaptation a également approuvé un projet en Égypte pour développer un système de gestion de l’eau résistant au climat et un projet de 4,3 millions de dollars en Tunisie pour faire face aux impacts du changement climatique sur les populations vulnérables. D’après le rapport de la BAD, en dépit des nombreuses opportunités de croissance verte et de développement en Afrique du Nord, il existe un déficit important de financement du secteur privé. “Ce déficit de financement est dû à une combinaison de facteurs dont, essentiellement, la faiblesse de l’infrastructure financière, la disponibilité limitée du capital-risque, l’absence de cadres politiques et réglementaires clairs, une sensibilisation et une connaissance limitées des mécanismes de financement innovants (les obligations vertes, le financement mixte…)”, souligne le rapport.

Source: La Presse

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