Attaque de Rambouillet: trois personnes en garde à vue, réunion à Matignon


Rambouillet (France) – Les premières gardes à vue dans l’entourage de l’assaillant du commissariat de Rambouillet (Yvelines) se poursuivaient samedi et devaient aider les enquêteurs à dessiner le profil de l’homme, inconnu de la police et du renseignement, qui a tué vendredi à coups de couteau une fonctionnaire de police.

Par AFP
publié le 24/04/2021 à 09:42 , mis à jour à 12:09 L’Express

L’attaque mortelle, qui intervient après trois attentats jihadistes en quelques semaines à l’automne, mobilise à nouveau le gouvernement.

Une réunion rassemblera samedi à 15H30 les services et ministres concernés (Intérieur, Justice, Armées) autour du Premier ministre Jean Castex, qui a écourté sa visite en Occitanie. Il s’est rendu samedi matin « au commissariat de Toulouse pour réaffirmer la détermination complète de l’Etat » face à la menace terroriste, selon Matignon.

« Du combat engagé contre le terrorisme islamiste, nous ne céderons rien », avait tweeté vendredi le président Emmanuel Macron.

Jamel G., un Tunisien de 36 ans, a tué de deux coups de couteau la fonctionnaire de police – non armée – Stéphanie M., 49 ans, dans l’entrée du commissariat de Rambouillet, puis a été abattu par un policier.

Les auditions de trois personnes, placées en garde à vue vendredi soir, se poursuivaient samedi matin. Il s’agit du père du meurtrier et de deux personnes qui l’ont hébergé, l’une récemment à Thiais (Val-de-Marne) et l’autre à son arrivée en France en 2009, a indiqué une source proche du dossier.

Selon une autre source proche de l’enquête, les deux personnes interrogées avec le père forment un couple qui aurait domicilié l’assaillant « au moins administrativement » dans le Val-de-Marne.

Le téléphone de Jamel G. contenait « des nasheeds », des chants religieux musulmans, désormais fréquemment utilisés pour la propagande jihadiste, a précisé cette source.

Les enquêteurs doivent encore exploiter les éléments saisis lors de deux perquisitions réalisées vendredi aux domicile du logeur à Thiais et du père à Rambouillet, où avait déménagé Jamel G., a-t-elle précisé.

Arrivé en France en situation irrégulière, ce chauffeur-livreur était titulaire depuis décembre d’une carte de séjour valable un an, selon le parquet national antiterroriste (Pnat), qui s’est saisi de l’enquête.

L’homme aurait effectué un « repérage », accréditant la préméditation, avant d’attaquer la victime, selon le procureur antiterroriste Jean-François Ricard.

Des témoins ont par ailleurs rapporté qu’il aurait crié « Allah Akbar », selon une source proche de l’enquête.

Les enquêteurs de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) s’emploient à préciser le parcours de Jamel G., si des personnes l’ont aidé ou encouragé dans son projet ainsi que ses éventuels contacts noués en ligne avec des membres de la sphère jihadiste.

Jamel G. est originaire de Msaken, ville commerciale proche de la station balnéaire de Sousse, sur la côte est de la Tunisie, où réside encore sa famille dans une maison modeste. Il aurait au moins une soeur et deux frères, dont un jumeau.

Un cousin, Noureddine, rencontré par l’AFP, l’a décrit comme « quelqu’un de très calme, pas particulièrement pieux », mais il ne l’avait plus vu depuis longtemps. Un de ses beaux-frères a indiqué à l’AFP qu’il était récemment venu pour deux semaines en Tunisie et qu’il était « dépressif » à ce moment-là.

  • « Héroïne du quotidien » –

Les prochains jours seront aussi ceux des hommages à Stéphanie M., mère de deux filles de 13 et 18 ans, agente administrative du secrétariat au commissariat, depuis 28 ans « à Rambouillet », selon une source policière.

Le commissariat est situé dans un quartier résidentiel cossu de cette ville « tranquille, quasi provinciale », a souligné la maire Véronique Matillon.

« À nos héroïnes et héros du quotidien qui portent chaque jour avec fierté l’uniforme de la République au péril de leur vie: les Français savent ce qu’ils vous doivent », a tweeté Jean Castex, qui s’était rendu sur place vendredi.

Ce drame survient alors que la police des Yvelines garde en mémoire l’assassinat d’un couple de fonctionnaires de police, tué à coups de couteau en 2016 dans son pavillon de Magnanville, par un homme se revendiquant de l’organisation Etat islamique (EI).

Le 16 octobre 2020, les Yvelines avaient de nouveau été marquées par l’attaque au couteau d’un professeur de collège, Samuel Paty, décapité par un jeune homme de 18 ans originaire de la république russe de Tchétchénie.

Depuis 2015, une vague d’attentats jihadistes a fait plus de 260 morts en France.

Plusieurs de ces attaques ont été perpétrées à l’arme blanche et en ciblant les forces de l’ordre, conformément aux mots d’ordre récurrents du groupe EI.

La dernière attaque meurtrière des forces de l’ordre en France remonte au 3 octobre 2019, quand, dans l’enceinte de la préfecture de police de Paris, un employé avait poignardé à mort trois policiers et un agent administratif, avant d’être tué.

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