Arrivée à Rabat du premier vol commercial direct entre Israël et le Maroc

AFP

Le premier vol commercial direct entre Israël et le Maroc s’est posé mardi à Rabat en provenance de Tel-Aviv, premier acte significatif de la récente reprise des relations entre les deux pays sous l’égide des Etats-Unis.

Jared Kushner, gendre et conseiller du président américain Donald Trump, et un conseiller du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se trouvaient à bord.

Le Maroc est devenu le quatrième pays arabe à annoncer cette année une normalisation de ses relations avec Israël sous l’impulsion de l’administration Trump, après les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan.

Jusque-là, les quelque 50.000 à 70.000 touristes qui venaient chaque année d’Israël -pour beaucoup originaires du Maroc- devaient passer par d’autres pays pour se rendre dans le royaume.

Le Maroc compte toujours la plus importante communauté juive d’Afrique du Nord -environ 3.000 personnes- et reconnaît dans sa Constitution son « affluent hébraïque ».

« Le Maroc a un rôle historique dans le rapprochement des peuples dans la région », a déclaré au quotidien Al Ahdath Al Maghribia Jared Kushner, architecte du plan Trump pour le Moyen-Orient dénoncé par les Palestiniens.

Il est accompagné du conseiller spécial à la sécurité de M.Netanyahu, Meir Ben Shabbat, à bord d’un avion de la compagnie israélienne El Al baptisé 555, en référence à la « main de Fatima » qui habille l’appareil pour se prémunir du « mauvais oeil ».

Ce vol Tel-Aviv/Rabat devait être suivi par la signature d’accords bilatéraux (connexion des systèmes financiers, visas diplomatiques et gestion de l’eau), et à terme, le lancement de liaisons aériennes directes, selon des sources officielles israéliennes.

Sahara-Palestine

En acceptant de relancer officiellement ses relations avec Israël, le Maroc a obtenu en contrepartie que le président Trump reconnaisse sa « souveraineté » sur le Sahara occidental, une ex-colonie espagnole que lui disputent depuis des décennies les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie.

L’accord propose d’ailleurs l’ouverture d’un consulat américain au Sahara occidental et un programme d’investissement américain — que la presse marocaine assure colossal–, la réouverture de bureaux diplomatiques à Tel-Aviv et Rabat, fermés au début des années 2000, et le développement de la coopération économique bilatérale.

Mais comme le Sahara occidental, le soutien aux Palestiniens est considéré une « cause nationale » au Maroc.

Peu après l’annonce de la reprise des relations le 10 décembre, le roi Mohammed VI avait assuré au président palestinien Mahmoud Abbas la poursuite de « l’engagement permanent et soutenu du Maroc en faveur de la cause palestinienne juste ».

Si la reconnaissance américaine de la « marocanité du Sahara » a été largement saluée dans le royaume, deux manifestations pro-palestiniennes ont été interdites la semaine dernière à Rabat.

Une coalition, regroupant une trentaine d’associations et de partis d’extrême gauche marocains, a dénoncé mardi la visite de la « délégation sioniste », en appelant à manifester contre et à « résister à la normalisation » avec l’Etat hébreu.

Les Palestiniens s’opposent à la normalisation des relations entre Israël et le monde arabe, en estimant qu’elle aurait dû se faire après un accord de paix israélo-palestinien et non avant.

« Pont culturel »

Israël, qui compte des centaines de milliers de juifs d’origine marocaine, et le Maroc, où vit encore la communauté juive la plus importante d’Afrique du Nord, avaient déjà entretenu des relations officielles à la fin des années 1990.

Deux bureaux diplomatiques ont assuré la liaison après les accords de paix israléo-palestiniens d’Oslo de 1993, jusqu’à leur fermeture après le déclenchement de la deuxième intifada en 2000.

Selon des sources officielles israéliennes, il s’agit désormais de « rétablir » des relations qui existaient déjà pour atteindre des « relations diplomatiques pleines ».

Les relations entre la communauté juive et le Palais royal au Maroc, et entre la communauté marocaine et le gouvernement israélien ont servi de « pont culturel » aux nouveaux accords, selon ces mêmes sources.

Le Maroc revendique « l’affluent juif » de son histoire, inscrit dans sa Constitution de 2011. Sous l’impulsion de Mohammed VI, plusieurs programmes de réhabilitation des cimetières, synagogues et quartiers historiques juifs ont été lancés.

Présente au Maroc depuis l’Antiquité, la communauté juive a crû au cours des siècles, notamment avec l’arrivée des Juifs expulsés d’Espagne par les rois catholiques à partir de 1492.

Elle a atteint environ 250.000 âmes à la fin des années 1940, soit environ 10 % de la population, avant de baisser drastiquement après la création d’Israël en 1948.

Beaucoup continuent de revenir dans le royaume retrouver la terre de leurs ancêtres, célébrer des fêtes religieuses ou effectuer des pèlerinages.

AFP

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page