Algérie – Espagne : Belani répond à Madrid sur « l’implication » de Moscou

Belani met en garde

Amar Belani ,l’ambassadeur algérien a répondu à Madrid sur ses accusations concernant l’implication de Moscou dans la crise qui oppose l’Algérie et l’Espagne depuis le 18 mars dernier.
Les relations entre l’Algérie et l’Espagne se sont nettement détériorées depuis la décision du gouvernement espagnol annoncée vendredi 18 mars de soutenir les thèses du Maroc sur le Sahara occidental.
L’Algérie a montré son mécontentement en rappelant son ambassadeur à Madrid le 19 mars et surtout décidant mercredi 8 juin de suspendre le Traité d’amitié qui lie les deux pays depuis 2002.
Le même jour, une note de l’Association des banques et établissements financiers (Abef) demandait aux banques de suspendre les transactions commerciales avec l’Espagne.
Ces deux dernières décisions ont provoqué une cascade de réactions de la part des responsables espagnols. L’Espagne a sollicité et obtenu le soutien de l’Union européenne. Plus grave, elle a accusé publiquement la Russie d’être derrière la crise avec l’Algérie.
A Alger, les récentes déclarations des ministres espagnols ne sont pas passées inaperçues. Pire, elles ont « ruiné toute chance de normalisation » avec le gouvernement de Pedro Sanchez, selon Amar Belani, envoyé spécial chargé du dossier du Sahara occidental et des pays du Maghreb, au ministère algérien des Affaires étrangères.
« Les déclarations irresponsables faites par la ministre (Nadia) Calvino et les propos distillés en off par le ministre Albares ruinent définitivement toute chance de normalisation des relations avec un gouvernement non fiable qui s’enfonce dans les mensonges et la fuite en avant », a déclaré Belani au journal espagnol El Confidencial de ce jeudi 16 juin.
Le 13 juin, Nadia Calvino, ministre de l’Economie et des Finances a déclaré que l’Algérie s’alignait de plus en plus sur la Russie, confirmant ainsi les propos prêtés par la presse espagnole au ministre des Affaires étrangères Albares qui a accusé l’Algérie d’avoir attaqué l’Espagne sur « instigation » de la Russie.
Dans un contexte mondial marqué par la guerre en Ukraine et les sanctions occidentales contre la Russie, les propos des ministres espagnols visent à diaboliser l’Algérie aux yeux des Occidentaux, en la présentant comme un allié dangereux des Russes. Cette tentative espagnole de lier la crise avec Alger au conflit en Ukraine éloigne toute perspective de réconciliation entre le pouvoir algérien et le gouvernement de Pedro Sanchez.

Belani met en garde

Outre sa réponse aux ministres espagnols sur la prétendue main de la Russie dans cette crise, Amar Belani a démonté les arguments espagnols pour justifier le revirement de Madrid sur la question du Sahara occidental.
« Quant aux autres officiels (Robles et Bau, respectivement ministre de la Défense et secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères) qui soutiennent que la nouvelle position radicale de l’Espagne sur la question du Sahara occidental est « respectueuse du droit international », ils font montre d’un cynisme et d’un aveuglement affligeants », critique Amara Belani.
L’ambassadeur algérien a rappelé que le droit international dispose que le Sahara occidental est un « territoire non autonome éligible à l’autodétermination conformément à la résolution 1514 de l’Assemblée générale des Nations-Unies. »
Le statut « final » du territoire du Sahara occidental reste donc à « déterminer sous les auspices de l’ONU », a-t-il ajouté.
« Ce fait, aucun reniement de l’Espagne ne peut le changer car le sceau de la légitimité appartient à l’ONU et à elle seule », a expliqué Amar Belani. Mais il y a plus grave, selon lui. « Plus grave, non seulement l’Espagne bafoue le droit international mais elle foule au pied le droit européen qui a statué que le royaume du Maroc et le Sahara occidental sont deux territoires « séparés et distincts » excluant ainsi toute souveraineté marocaine sur le territoire du Sahara occidental », a-t-il encore rappelé.
« Comment dès lors s’arroger le droit d’accorder l’autonomie a un territoire sur lequel le Maroc n’exerce aucune souveraineté ? », interroge l’ambassadeur algérien.
Amar Belani n’est pas d’accord aussi avec ce que soutient Madrid sur l’impact de son soutien à Rabat sur la stabilité régionale.
Pour lui, le revirement du gouvernement de Pedro Sanchez sur la question du Sahara occidental va au « contraire, non seulement entraver les efforts de M. De Mistura (envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara occidental) mais aussi encourager le Maroc à persévérer dans sa dangereuse aventure expansionniste, porteuse de risques sérieux d’escalade et d’exacerbation de la tension dans la région. L’Espagne en portera aussi la responsabilité », a-t-il mis en garde.
Par: Riyad Hamadi
TSA

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