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Ah, les Noirs de mauritanie … quelle innocence touchante !

Ah, les Noirs de mauritanie … quelle innocence touchante !

Toujours prêts à tendre l’autre joue, à croire en la parole donnée, à voir des intentions nobles là où il n’y a que stratégies froides et calculs cyniques. On dit souvent qu’ils sont naïfs — et pour une fois, je suis tenté de dire que ce n’est pas tout à fait faux.

Il y a à peine un siècle, mes oncles, armés de cordes et de dogmes, traquaient mes cousins dans les forêts, sur les plaines, pour les réduire en esclaves. Et devine quoi ? Il n’a jamais été question de remords. Pas même une hésitation. Ce n’était pas un accident de l’Histoire, c’était un système assumé. Aujourd’hui, ils ont simplement adapté le format. On a troqué la chaîne contre la cravate, le fouet contre le décret présidentiel, et le marché aux esclaves contre les conseils des ministres.

Le langage est devenu plus élégant — on parle désormais de “vivre ensemble”, de “cohésion sociale”, de “paix civile” — mais le fond du projet est resté intact : conserver la main sur tous les leviers. Ils ont conquis l’économie avec patience, ont verrouillé le politique avec habileté, et maintenant, nouvelle étape du plan : les terres. Car tant qu’il reste un champ qui n’est pas entre leurs mains, ils estiment que la mission n’est pas accomplie.

On les voit donc débarquer, bien habillés, avec des dossiers en cuir sous le bras, des cartes cadastrales à la main, et le ton posé de celui qui a lu un ou deux livres de droit foncier. Ils viennent expliquer aux descendants des anciens déportés, déplacés, spoliés, que “les choses ont changé”, que “tout se fait désormais dans la légalité”. C’est vrai : l’injustice est devenue légale.

Et pendant ce temps, les Noirs de ce pays, dans un élan admirable de bonne foi, continuent de croire au vivre-ensemble, à la Mauritanie pour tous, à l’égalité possible, au miracle républicain.
Ils applaudissent les nominations cosmétiques, s’émerveillent devant les slogans d’unité, et certains osent même se réjouir qu’un ministre noir ait été vu à la télévision, comme si cela effaçait soixante ans d’exclusion méthodique.

Naïfs ? Non, pas seulement. Peut-être trop civilisés. Peut-être trop patients. Peut-être trop confiants dans un système qui, lui, ne leur a jamais rien promis d’autre que l’humiliation en retour.

Mais qu’on se le dise : mes oncles ont simplement mis un costume sur leur mentalité de maître. Et ils comptent bien régner, tant que personne ne les dérange wetov

Sy Mamadou

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