Affaire Tadjadit, Debaghi, Riahi et Khimoud : Les avocats dénoncent «l’amplification du dossier par le procureur»

Affaire Tadjadit, Debaghi, Riahi et Khimoud : Les avocats dénoncent «l’amplification du dossier par le procureur»

MADJID MAKEDHI 14 AVRIL 2021 À 11 H 00 MIN 251 publié dans El watan
Dossier amplifié par le procureur et des médias», «violation du principe de la présomption d’innocence» et «volonté d’attenter à l’image et à la réputation des mis en cause».

Ce sont là quelques conclusions tirées par les membres du collectif d’avocats des activistes Mohamed Tadjadit, Soheib Debaghi, Malik Riahi, Tarek Debaghi et Khimoud Nourredine, arrêtés suite à l’éclatement de l’affaire concernant les allégations d’agression sexuelle

sur l’enfant Saïd Chetouane après son arrestation par la police, le 3 avril. Intervenant lors d’une conférence de presse animée hier à Alger, les avocats Abdallah Heboul, Yamina Allili et Nassima Rezazgui dénoncent, d’emblée, un scénario «concocté par le représentant du parquet dans une volonté de ternir l’image des activistes en question, en leur collant des accusations en lien avec la délinquance». «Le procureur général et des médias ont amplifié le dossier», affirme Me Yamina Allili.

Revenant sur les propos du représentant du parquet, Me Abdallah Heboul pointe du doigt l’objectif de coller de graves accusations aux mis en cause et peser sur l’affaire. «Le procureur général a affirmé que les prévenus étaient des repris de justice. C’est très grave, car Mohamed Tadjadit et ses amis ont fait de la prison, non pas pour des faits de délinquance, mais pour avoir participé au hirak populaire. Ce sont des condamnés politiques», déclare-t-il.

Pour Me Heboul, la simultanéité de la conférence de presse du procureur général et de la présentation de ces activistes devant le juge d’instruction n’était pas innocente. «Il y a comme une volonté de peser sur le dossier. C’est un précédent grave», dénonce-t-il, apportant au passage un démenti concernant les allégations de certaines chaînes de télévision privée qui ont accusé ces jeunes activistes de «déviation sexuelle» et d’«ouverture d’un lieu de débauche». «Ces accusations ne figurent ni dans le dossier de la justice ni dans le PV de la police», souligne Me Yamina Allili.

Selon Me Nassima Rezazgui, Mohamed Tadjadit et ses amis sont poursuivis pour «constitution d’une association de malfaiteurs», «diffusion de fausses informations pouvant porter atteinte à la sécurité nationale et l’ordre public», «atteinte à la vie privée de l’enfant», «exploitation de l’enfant à travers les réseaux sociaux dans des questions contraires à la pudeur», «incitation d’un mineur à la débauche» et «consommation de la drogue et des psychotropes».

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Qualifiant ces accusations d’infondées, les avocats rappellent certains faits. Selon eux, l’enfant Saïd Chetouane a été arrêté lors d’une marche du hirak. «Sa mère avait contacté l’un des activistes emprisonnés aujourd’hui. Il faut rappeler que c’est l’enfant lui-même qui a dénoncé l’agression sexuelle dont il a été l’objet.

Le fait dénoncé n’est pas nouveau, puisque des cas ont été révélés par le passé, dont ceux de Walid Nekkiche et Samy Dernouni», rappelle dans ce sens Me Abdallah Heboul. Selon lui, en principe, après les déclarations de l’enfant, «il devait y avoir une enquête administrative». Les avocats annoncent, dans la foulée, qu’ils feront appel de la décision du juge d’instruction près le tribunal de Sidi M’hamed de placer les mis en cause sous mandat de dépôt.

Pour rappel, l’affaire Saïd Chetouane, un mineur de 15 ans, a éclaté le 3 avril. Dans une vidéo, l’enfant a affirmé qu’il a été victime d’«attouchements sexuels» et de «maltraitance» à l’intérieur même du commissariat de police. «On a voulu me violer», avait-il insisté dans une autre vidéo.

Au lendemain de la diffusion de la première vidéo, la direction de la sûreté d’Alger avait annoncé l’ouverture d’une enquête sur ordre du procureur de la République. Le jour même, soit le 5 avril, Mohamed Tadjadit et ses amis ont été arrêtés dans un appartement à Aïn Benian, à l’est d’Alger.

La suite est connue…

El watan

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