À toutes les forces politiques, sociales et citoyennes de notre pays…
À toutes les forces politiques, sociales et citoyennes de notre pays,aux esprits épris de justice, d’équité et d’espérance, à celles et ceux qui, dans la clarté ou le doute, interrogent notre destin commun.
Je vous écris en ces moments décisifs non pour convaincre, encore moins pour juger, mais pour témoigner. Pour offrir une parole posée, une main tendue, et une conviction profonde : le dialogue est aujourd’hui la voie la plus noble de notre responsabilité nationale.
Notre pays, la Mauritanie, se tient à un seuil. Celui d’un possible nouveau départ. D’un souffle à la fois réconciliateur et structurant. Et à cet instant, chaque silence a du poids, chaque mot peut devenir acte, et chaque refus ou adhésion participe à dessiner ce que nous voulons être ensemble.
J’ai eu récemment l’honneur d’être reçu par le président de la République. Dans la gravité et le calme de cette audience, j’ai entendu une volonté politique claire : faire du dialogue national une tribune ouverte à toutes les sensibilités, un espace où le peuple mauritanien, dans sa diversité, ses mémoires, ses douleurs et ses espoirs , puisse enfin se dire. Ce que j’ai perçu, ce n’est pas un artifice ou une manœuvre, mais une intention sincère de fonder un moment historique. Une volonté accompagnée d’engagements concrets, dont la création d’une commission indépendante de suivi et d’application des recommandations issues du dialogue, gage de rigueur et de respect de la parole donnée.
Dans cette démarche, je ne vois ni naïveté ni précipitation. Je vois une main tendue, une opportunité offerte à la Nation de se penser autrement.
Je pense à ceux qui hésitent encore, et je les comprends. Les chemins du dialogue sont parfois incertains, les cicatrices du passé encore ouvertes. Mais je crois, profondément, que nous n’avons plus le luxe du repli, ni celui de l’attente. L’histoire ne suspend pas son cours : elle avance, avec ou sans nous.
Je pense à feu le président Kane Hamidou Baba, ce frère de combat, cette conscience vive et indomptable. Lui qui croyait que la Mauritanie ne pouvait s’élever qu’en se regardant en face. Il nous manque, mais sa voix nous accompagne encore. Elle nous rappelle que dialoguer, ce n’est pas se soumettre. C’est s’élever à la hauteur d’une espérance commune.
Il est profondément incohérent de prétendre participer à toutes les échéances démocratiques et politiques du pays ( élections présidentielles, élections législatives et municipales, activités parlementaires ) tout en refusant de s’asseoir à la table d’un dialogue national au nom de prétendues garanties de transparence. La politique exige de la constance, de la responsabilité et surtout une cohérence dans les engagements.
Il appartient désormais au pouvoir de tenir parole.
De faire de ses engagements envers le peuple mauritanien non pas de simples promesses, mais des actes lisibles, justes et fidèles à l’esprit du dialogue.
Le respect de la parole donnée est la première forme de respect envers les citoyens. C’est aussi la condition de la confiance retrouvée.
À celles et ceux qui hésitent encore, je veux dire ceci :
vos doutes sont légitimes, vos interrogations sont entendues.
Mais ne laissez pas la peur des déceptions passées étouffer l’opportunité présente. Le dialogue n’est pas un renoncement ,c’est une exigence de maturité démocratique.
Nous devons ensemble rester vigilants, mais confiants. Exigeants, mais ouverts.
Car si le pouvoir respecte ses engagements, et si chaque voix accepte d’entrer dans le cercle du dialogue avec sincérité, alors ce pays peut connaître un véritable tournant.
Le dialogue ne résout pas tout, mais il ouvre la porte à l’essentiel : se parler pour ne plus se trahir, s’écouter pour mieux se comprendre, et construire enfin ce que nous attendons tous, une Mauritanie fidèle à ses promesses.
Le 09 juillet 2025
Mamadou Moustapha Bâ