À Poitiers, des tensions entre Marocains et Sahraouis
À Poitiers, des tensions entre Marocains et Sahraouis.
À l’occasion du passage de Claude Mangin à Poitiers, dont le mari est emprisonné au Maroc, vingt-cinq manifestants sont venus protester contre sa venue.
Environ vingt-cinq Marocains et Franco-marocains de Poitiers se sont rassemblés devant la maison de la Gibauderie ce lundi 7 avril 2025. En cause, la présence de Claude Mangin, défenseure de la cause sahraoui. Elle s’est lancée dans une « Marche pour la liberté », commencée le mois dernier d’Ivry et à destination de Kénitra au Maroc.
« C’est là qu’est emprisonné mon mari, confie Claude Mangin. Il a été arrêté en 2010. » Pour elle, il n’y a aucun doute sur le motif de son arrestation : son origine sahraouie. Ce territoire au sud du Maroc et au nord de la Mauritanie est un sujet de tensions important. Les Marocains le revendiquent, le Polisario, mouvement politique fondé en 1973, souhaite son indépendance.
Poitiers est la quatrième étape de sa marche. Pendant deux jours, elle et les six personnes qui l’accompagnent sont à la maison de la Gibauderie dans laquelle elles proposent une exposition sur le Sahara occidental. Dans leur projet, elles sont soutenues par la Ligue des droits de l’Homme à Poitiers.
« Nous ne voulons pas qu’elle vienne politiser cette affaire à Poitiers »
Dehors, vingt-cinq défenseurs de la cause marocaine sont venus s’opposer à cette venue. « Nous nous sentons agressés, explique Bouziane Fourka, du collectif de la communauté marocaine et franco-marocaine de Poitiers et amis du Maroc. Cette dame a organisé ça pour sauver la peau de son mari. Un mari qui a été condamné par des tribunaux au Maroc. Nous ne voulons pas qu’elle vienne politiser cette affaire à Poitiers. Si elle veut la libération de son mari, il faut que ça passe devant des tribunaux. »
Ces franco-marocains sont d’abord rentrés dans la maison de la Gibauderie avant d’en ressortir en compagnie de Sophie Jeusseaume, présidente de l’établissement, ainsi que Joëlle Dumasdelage, l’une des coprésidentes de la Ligue des droits de l’Homme à Poitiers. Cela a donné lieu à un échange dans le calme malgré quelques moments de tensions.
De la tension, en revanche, il y en a eu entre les manifestants et les défenseurs de la cause sahraouie. Des membres des deux camps se sont invectivés à travers la porte de l’établissement. Un des salariés de la maison de la Gibauderie a même fermé la porte à clé quelques minutes, de peur que la situation dégénère.
« Dans chaque ville dans laquelle nous allons, il y a des tensions, explique Claude Mangin. Mais c’est rarement aussi tendu qu’ici. »
Elle sera à Poitiers jusqu’à ce mardi soir, avant de prendre la direction d’Angoulême.
Source : La Nouvelle République (France)