À l’ONU, l’Iran et Israël s’accusent mutuellement d’être « la » menace pour la paix

À l’ONU, l’Iran et Israël s’accusent mutuellement d’être « la » menace pour la paix
Alors que l’Iran s’est dit contraint de répondre à l’attaque de son ambassade, Israël a accusé Téhéran d’être le premier soutien mondial du terrorisme, devant l’ONU, ce dimanche.Au lendemain de l’offensive iranienne en Israël, les deux pays se sont mutuellement accusés, dimanche 14 avril, à l’ONU, d’être la principale menace pour la paix au Moyen-Orient, appelant chacun le Conseil de sécurité à imposer des sanctions contre leur ennemi juré.

L’Iran a justifié son attaque baptisée « Promesse honnête » en réponse à la frappe le 1er avril contre son consulat à Damas. Israël n’a ni confirmé ni démenti cette frappe qui a coûté la vie à sept membres des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de l’Iran. Pour Téhéran, « le Conseil de sécurité a failli à son devoir de maintenir la paix et la sécurité internationales » en ne condamnant pas cette attaque, a affirmé l’ambassadeur iranien à l’ONU Amir Saeid Iravani.

Et « dans ces conditions, la République islamique d’Iran n’a pas eu d’autre choix que d’exercer son droit à l’autodéfense », a-t-il ajouté.

Il s’en est également vivement pris à Israël. « Il est temps pour le Conseil de sécurité d’assumer ses responsabilités et de faire face à la véritable menace pour la paix et la sécurité internationales », a-t-il lancé. Le Conseil « doit prendre des mesures punitives d’urgence pour forcer ce régime à arrêter le génocide contre la population de Gaza ».en mondial du terrorisme, a exposé son vrai visage de déstabilisateur de la région et du monde », a lancé l’ambassadeur israélien à l’ONU, Gilad Erdan, lors de cette réunion d’urgence du Conseil de sécurité convoquée à son initiative. « Le masque est tombé, il faut enfiler les gants », a-t-il ajouté, appelant le Conseil de sécurité à « agir » en prenant « toutes les sanctions possibles » contre Téhéran, « avant qu’il ne soit trop tard ».

Il a également demandé de désigner comme « organisation terroriste » les Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique, et d' »imposer toutes les sanctions possibles contre l’Iran avant qu’il ne soit trop tard ». Il a en particulier fait référence au mécanisme du « snapback » qui permet aux membres de l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, dont les États-Unis sont sortis en 2018, de réimposer les sanctions internationales contre Téhéran, alors levées en échange de l’engagement iranien à ne pas mener d’activités nucléaires à des fins militaires.

Très peu de dégâts, mais objectif atteint pour Téhéran
Selon l’armée israélienne, l’Iran a envoyé « un essaim de 300 drones tueurs, des missiles balistiques et des missiles de croisière ». Une attaque qui a fait craindre un embrasement régional, en pleine guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.

Israël a affirmé avoir « déjoué » cette opération nocturne en abattant, avec l’aide des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France et d’autres pays, 99 % des missiles et des drones, grâce à « une défense sans précédent », s’est félicité le porte-parole de l’armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari.

Seuls quelques missiles balistiques « sont entrés et ont touché légèrement » une base militaire, qui reste en activité, a affirmé l’amiral Hagari, faisant état de plusieurs blessés légers, dont une fillette de 7 ans placée en soins intensifs. L’agence iranienne Irna a signalé, de son côté, de « sérieux dégâts dans la plus importante base aérienne du Néguev », dans le sud d’Israël.

L’Iran a pour sa part dit avoir « atteint tous ses objectifs ».

« C’est le moment du désamorçage et de la désescalade »
S’exprimant lors du Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a condamné l’attaque de l’ambassade, au « principe d’inviolabilité » des établissements diplomatiques, ainsi que les frappes iraniennes. Il a surtout averti que « le Moyen-Orient est au bord du précipice. Les populations de la région font face à un vrai danger de conflit généralisé dévastateur. C’est le moment du désamorçage et de la désescalade ». « Ni la région, ni le monde ne peuvent se permettre plus de guerre », a-t-il lancé, affirmant qu’il était le « moment de montrer une retenue maximale ».

« Il est vital d’éviter toute action qui pourrait conduire à des confrontations militaires majeures sur de multiples fronts au Moyen-Orient », a-t-il ajouté.

De son côté, l’ambassadeur américain adjoint Robert Wood est resté fidèle à sa ligne de conduite et a reconnu une « responsabilité collective en tant que membres du Conseil de sécurité d’assurer que l’Iran respecte les résolutions du Conseil et cesse ses violations de la Charte. […] Dans les prochains jours, en consultations avec d’autres États membres, les Etats-Unis vont examiner des mesures additionnelles pour que l’Iran soit tenu responsable, ici aux Nations unies ».

Faut-il craindre une escalade ?
Alors qu’Israël est déjà engagé dans une guerre contre le Hamas, ayant fait plus de 33.720 morts, dont une majorité de civils palestiniens, l’état hébreu répliquera-t-il à l’attaque iranienne ? Plusieurs analystes jugent quasi inévitable une riposte d’Israël. Toutefois, avant de riposter, « il ne s’agit pas seulement de consulter, mais d’obtenir l’approbation de Washington », a assuré Tamir Hayman, ancien chef du renseignement militaire israélien.

Joe Biden, qui ne souhaite pas d’escalade dans cette région, a été clair : « Nous ne voulons pas d’une guerre étendue avec l’Iran », a-t-il déclaré dimanche. Il a indiqué à son homologue qu’il ne soutiendra pas Israël en cas de riposte.

Les États-Unis n’entendent pas non plus participer à d’éventuelles représailles israéliennes, assure un haut responsable américain s’exprimant aux journalistes sous couvert de l’anonymat. Et, selon lui, Israël « ne cherche pas une escalade importante avec l’Iran » alors même que cette attaque était destinée à « détruire et tuer ».

Un point sur lequel Israël et Iran sont d’accord. Car Téhéran a également assuré qu’il ne voulait pas d’escalade, mais répondrait à « toute menace ou agression ».

RTL

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