S’il n’y avait pas eu résistance armée ?
C’est un fait bien connu, même enseigné aux petits écoliers français : la résistance française avait vaillamment combattu l’occupation allemande.
S’agit-il seulement de graffitis, de manifestations, de prières, de rhétoriques révolutionnaires ?
Non, les Français avaient fait ce que tout peuple colonisé ferait pour sa libération. Tout d’abord, par tout ce qui pourrait rendre le séjour du colon impossible à vivre : sabotage, assassinats, révolte populaire. Ensuite, par l’action directe, lorsque l’issue n’était plus prévisible. Dans le langage moderne, cela s’appelle le terrorisme, qui augmente avec la puissance de l’occupant, de l’agresseur.
Le général de Gaule, un anti-vichyste déterminé, avait bien compris que face à la machine de guerre allemande, il ne fallait pas compter sur les forces populaires et leurs moyens rudimentaires pour chasser l’ennemi. La méthode douce est destinée aux choses douces. L’occupation, en revanche, est intolérable : elle prive un peuple de ce qu’il a de plus cher, de sa liberté, voire de son existence.
Les Alliés n’avaient donc pas lésiné sur les moyens et l’opération Overlord a été lancée – tout sauf un processus de paix, des négociations directes et indirectes appelées « Gaza-Jéricho d’abord », mais un débarquement armé d’une violence inouïe.
Pourtant, la Société des Nations, l’ancêtre des Nations Unies, existait déjà. Pourquoi ne lui a-t-on pas fait confiance pour rétablir les Français dans leurs droits ?
C’était tout simplement ridicule, devant les blindés allemands, le lancer de pierre de l’Intifada du peuple français, c’était David contre Goliath, un bras de fer sans issue heureuse pour la France libre.
Par ailleurs, s’il n’y avait pas eu la guerre d’indépendance algérienne, menée après avoir épuisé tous les moyens pacifiques, l’Algérie serait aujourd’hui un département français, plus chevillé au corps national français qu’un territoire d’Outre-Mer. Et sans les attaques « terroristes » du Viet Minh contre l’armée française, notamment la terreur de Diên Biên Phu, la France n’aurait jamais compris que l’Indochine était un territoire vietnamien, un pays du sud-est asiatique à une dizaine de milliers de kilomètres de l’Hexagone.
Enfin, l’État d’Israël, un petit pays surarmé avec une population presque entièrement réserviste, avait tout gagné par la guerre, au mépris du droit international et de toutes ses résolutions pertinentes.
Quant aux Palestiniens, l’ONU n’était intervenu en 1948 que pour décréter le partage inéquitable de leur pays afin d’offrir un foyer national aux Juifs du monde. Depuis, elle s’est bornée à condamner le cycle infernal de la violence au Moyen-Orient, un sujet d’inquiétude pour ses Secrétaires généraux successifs, toujours préoccupés par cet interminable conflit aux guerres répétitives, dont la dernière en date vient d’être lancée, le 7 octobre 2023, par les brigades Azzedine Al-Qassam, bras armé du Hamas, une association caritative qui, après l’échec de la communauté internationale et les accords d’Oslo, à imposer la solution à deux États, est devenue une force de résistance, une armée de libération nationale inspirée par le peuple algérien, qui a sacrifié un million de martyrs pour y parvenir.
À l’époque aussi le gouvernement français et sa presse complice qualifiaient les résistants algériens de hors-la-loi, de terroristes de la pire espèce.
Gentils ou méchants, qu’est-ce que ces épithètes changeraient à la situation d’un peuple qui se bat pour reconquérir ses territoires occupés ?
Ne soupçonne-t-on pas le Mossad d’être responsable de l’empoisonnement du prix Nobel de la paix Yasser Arafat ?
Ce ne sont évidemment pas les objecteurs de conscience palestiniens et arabes qui feront plier l’entité sioniste, forte du soutien inconditionnel des États-Unis et de celui du camp occidental, juste à cause des roucoulements continus des colombes palestiniennes et des pacifistes du monde. Ce qui a été pris par la force ne peut être repris que par la force, comme l’a dit Gamal Abdel Nasser. De plus en plus d’observateurs lucides en conviennent.
Certes, la distinction entre résistance et terrorisme n’est pas aisée, mais cela ne diminue en rien la pertinence du droit international et de son sacrosaint principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Par quel moyen ?
Ely Ould Sneiba