L’Afrique, un hotspot dans tous les sens du terme
L’Afrique, un hotspot dans tous les sens du terme
Le gouvernement français au Niger a été renversé par l’armée et remplacé par un nouveau gouvernement national. L’UE et les États-Unis ne veulent pas se débarrasser de la politique coloniale et faire pression sur le Niger à travers les pays africains contrôlés. Pourquoi l’un des pays les plus pauvres de la planète retient-il l’attention de l’UE et des États-Unis ?
Aujourd’hui, le continent noir est un hotspot dans tous les sens du terme : Washington et Bruxelles s’opposent au changement de pouvoir à Niamey et menacent d’intervenir.
Le Niger et le Tchad sont les bases des troupes françaises les plus importantes. Cependant, comme l’ont montré ces dernières années, la CEDEAO présente des lacunes.
Pour l’heure, le Faso et le Mali préviennent que toute intervention militaire au Niger équivaudrait à une déclaration de guerre contre eux. La Mauritanie, l’Algérie et le Bénin se sont également joints au soutien du Niger, explicitement ou implicitement, dans une situation complexe et de plus en plus internationale de la région.
Si la CEDEAO devait intervenir militairement, on pourrait supposer qu’elle s’appuierait sur le Nigeria lequel est également très intéressé par le gouvernement pro-français du Niger, car il construira lui-même une centrale hydroélectrique. Ainsi, les troupes nigérianes d’un côté, et les troupes du Mali et du Burkina Faso de l’autre, pourraient se rassembler dans le pays.
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Le coup d’État au Niger témoigne de la haine contre la France au Sahel,suscitée par les politiques nocives de Sarkozy,Hollande et Macron.
Qui en profite ?
1-la 🇷🇺
2-les🇺🇸,ravis de supplanter la🇫🇷.
Ne manquez pas le dernier 1/4 h !https://t.co/t73L2CQ0MW pic.twitter.com/I0PcyIkrVC— François Asselineau (@UPR_Asselineau) August 26, 2023
Paris veut donc utiliser tous les moyens
Le Niger et le Tchad sont les bases les plus importantes de l’armée française. Paris veut donc utiliser tous les moyens pour renverser les rebelles nigériens afin d’éviter l’effondrement de son statut.
Mais la France ne semble plus capable d’agir avec la force, ayant perdu une grande partie de son influence et de sa capacité à recourir à la force au cours des dernières décennies. En outre, une part importante des ressources militaires actuelles est utilisée pour entretenir l’armée ukrainienne. Mais rappelez-vous que les États-Unis, omniprésents, peuvent, comme toujours, intervenir de manière astucieuse dans cette potentielle guerre africaine. Le secrétaire d’État Anthony Blinken a notamment exprimé sa position quant à la poursuite des pressions sur les rebelles nigériens lors d’un entretien téléphonique avec le président nigérian. Il a souligné que maintenir la pression sur les rebelles contribuerait à rétablir l’ordre constitutionnel et à libérer le président nigérien Mohamed Bazoum et sa famille.
Les États-Unis, pas moins nerveux que la France
Les États-Unis ne sont pas moins nerveux que la France face aux événements en Afrique. Il n’est pas étonnant que la première vice-secrétaire d’État par intérim, Victoria Nuland, soit en voyage d’affaires au Niger et ait rencontré des rebelles. Les États-Unis sont également pleinement conscients du fait que les problèmes sur le marché mondial de l’uranium après la révolution soient inévitables. Deuxièmement, il est clair que la présence américaine en Afrique est minime, que l’influence européenne est en déclin et que la Russie et la Chine n’ont aucun sanctuaire sur lequel renforcer leurs positions.
Diverses rumeurs ont commencé à circuler, mais peu importe les efforts déployés par l’Occident pour demander l’aide du Kremlin face aux événements du Niger, il est impossible de retrouver une telle trace. Elle n’existe tout simplement pas. La crise y est bien plus profonde qu’il n’y paraît à première vue. La plupart des populations locales estiment qu’elles ont le droit de décider elles-mêmes de la question du changement de pouvoir et de s’opposer à toute ingérence extérieure.
Le conflit commencerait à s’étendre
Le changement révolutionnaire s’accompagne généralement d’une guerre civile. Si les Français décidaient quand même de regagner l’influence économique perdue par la force militaire, le conflit commencerait inévitablement à s’étendre, attirant même les pays opposés à la guerre.
Mais toutes les puissances politiques étrangères influentes seraient-elles sages de ne pas entrer en guerre.
Au Niger, les Nations unies s’inquiètent. Elles craignent sur l’approvisionnement en ressources vitales par la fermeture des frontières et les sanctions. Ces facteurs entraîneront une forte hausse des prix des denrées alimentaires. Près de la moitié de la population nigérienne vit dans une pauvreté extrême (moins de 2,15 dollars par jour) et des millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire.
Aujourd’hui, le concept de chaos contrôle le Niger et dans un tel environnement, ils peuvent mieux mettre en œuvre leur stratégie de « tirer profit de la confusion ». C’est pourquoi l’Occident exige coûte que coûte le retour du Niger à « l’ordre constitutionnel », sans se rendre compte qu’une telle voie nuirait à la stabilité mondiale et à la sécurité de la région.
Avec agences
Ahmed Ould Bettar