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Figaro : La France mécontente de la position américaine sur le Niger

Figaro : La France mécontente de la position américaine sur le Niger et des contacts de Washington avec les rebelles
Selon le journal, depuis le début du putsch, Paris a soutenu le retour de Mohamed Bazum à la présidence.
PARIS, 14 août. /TASS/. La position de Washington sur le Niger et, en particulier, les résultats de la visite de la première sous-secrétaire d’État américaine Victoria Nuland auprès de ce pays africain et ses contacts avec les putschistes ont provoqué le mécontentement des autorités françaises. C’est ce qu’a rapporté le journal Le Figaro , citant une source diplomatique française.
«Ils ont fait tout le contraire de ce qu’on pensait qu’ils feraient», a déclaré la source citant la publication, «Avec des alliés comme ça, on n’a pas besoin d’ennemis».

Le journal rappelle que dès le début du putsch au Niger, la France a adhéré à une ligne claire : le retour de Mohamed Bazoum à la présidence. «Du point de vue d’Emmanuel Macron, dans cette situation, l’autorité de la France est en jeu, notamment dans le cadre de sa rhétorique démocratique. Pour les Américains, même malgré leur engagement pour un retour à l’ordre constitutionnel au Niger, la stabilité dans la région est une priorité », a déclaré la source.

Alors que Paris a soutenu la décision de la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) de mobiliser des forces en attente pour préparer une opération militaire contre les rebelles au Niger, aux Etats-Unis, note Le Figaro, le secrétaire d’Etat Anthony Blinken a prôné une solution pacifique au Niger. Selon le journal, les États-Unis ont progressivement cessé d’exiger la réintégration du président déchu dans ses fonctions, se concentrant sur la libération de Bazum et les conditions de sa détention.

Priorités américaines

« L’objectif des Américains est simple : conserver leurs bases. Si cela signifie annuler le processus de retour à l’ordre constitutionnel, ils n’hésiteront pas. Les militaires nigériens ne créeront probablement pas de problèmes non plus : ils savent que sans surveillance américaine, tous leurs efforts pour combattre les djihadistes seront vains. »

Comme le note le journal, les États-Unis ont un contingent assez important au Niger. Environ 1 300 soldats sont répartis entre les bases de Niamey et d’Agadez dans le nord du pays. C’est la base d’Agadez qui revêt une importance stratégique pour le Pentagone, puisqu’elle dispose d’une piste pour drones, ainsi que d’un centre de surveillance pour toute la région, en particulier pour la Libye.

En outre, les États-Unis estiment qu’ils ont « leur propre homme » parmi les rebelles – le général de brigade Musa Salau Barmu, nommé chef d’état-major général des forces armées nigériennes. Selon Le Figaro, Barmou a été formé aux États-Unis et est resté en contact étroit avec eux, et c’est avec lui que Nuland s’est rencontré à Niamey. Cependant, malgré sa proximité avec Washington, Barma, selon la publication, « ne démontre pas encore une attitude favorable envers ses anciens instructeurs ».

À Paris, ils expriment également leur mécontentement face au fait que malgré le nombre à peu près égal de contingents militaires des États-Unis et de la France (1,5 mille personnes) au Niger, l’hostilité dans le pays ne s’exprime qu’à l’égard des soldats français. « Les États-Unis, comme nos autres alliés, ont l’habitude de nous laisser prendre le coup », a déclaré la source. Le journal estime que la perception hostile de la France par les rebelles est causée par son passé colonial et l’échec de l’opération « Dune » (de 2014 à 2022), menée par les forces militaires de la république pour combattre les groupes islamistes au Mali, au Burkina Faso, en Mauritanie , Niger et Tchad.

Selon Michael Shurkin, chercheur au think tank Atlantic Council de Washington, « avant la crise du Niger, les États-Unis faisaient toujours passer les relations avec la France avant leurs intérêts stratégiques au Sahel, puisque Paris leur était utile sur des questions stratégiques plus importantes, comme comme l’Iran, la Russie ou la Chine ». « Maintenant la France (du point de vue des Etats-Unis – note TASS) est devenue « toxique », sa position est intenable. Washington comprend <…> qu’elle peut tout perdre si elle coopère trop étroitement avec les Français », Shurkin a cité la publication.

Comme le note le journal, les États-Unis ne sont pas le seul pays à s’éloigner de la ligne des autorités françaises au Niger. Jusqu’à présent, aucun des alliés de la France dans ce pays – Allemagne, Belgique, Italie – n’a remis en cause la rhétorique des putschistes, notamment en ce qui concerne le retrait des troupes françaises. Le Figaro estime que l’Allemagne a besoin du Niger pour assurer le retrait de ses troupes du Mali, tandis que l’Italie se concentre davantage sur la stabilité de la région, ce qui permettra d’éviter une nouvelle crise migratoire.

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