En Algérie, une chaîne de télévision suspendue après une polémique sur l’émir Abdelkader

Au cours d’un débat sur la station El-Hayat TV, un ex-député a qualifié de « traître » la figure de la résistance au colonialisme français au XIXe siècle, provoquant un tollé.

L’Autorité algérienne de régulation de l’audiovisuel (ARAV) a suspendu temporairement une chaîne de télévision privée à la suite d’une vive polémique historique sur l’émir Abdelkader, héros de la première résistance contre la France coloniale.

La station El-Hayat TV est privée d’émission pendant une semaine, à partir du mercredi 23 juin, selon un communiqué de l’ARAV publié lundi.

Cette sanction, accompagnée d’un avertissement, fait suite à la diffusion d’une programme vendredi, au cours de laquelle un ancien député a qualifié de « traître » l’émir Abdelkader, figure hautement respectée en Algérie. Cette accusation, portée par Noureddine Aït-Hamouda, fils du colonel Amirouche, l’un des chefs combattants de la guerre d’indépendance contre la France, a provoqué un véritable tollé, notamment sur les réseaux sociaux.

Au cours du même programme, M. Aït-Hamouda a également accusé de trahison l’ancien président Houari Boumédiène et le dirigeant nationaliste Messali Hadj. Le ministère des moudjahidine (« anciens combattants ») a annoncé, lundi, dans un communiqué, qu’il se constituerait partie civile dans le procès intenté à « ceux qui ont porté atteinte aux symboles de la nation ».

« Manquements professionnels »

Devant la polémique, le présentateur de l’émission controversée et patron d’El-Hayat TV, Habet Hannachi, a assuré que les propos de l’ex-parlementaire « ne représentent en rien le point de vue de la chaîne ».

Le ministère de la communication a emboîté le pas à l’ARAV, en annonçant lundi la suspension pendant une semaine de l’accréditation d’El-Hayat TV. L’ARAV a affirmé « se réserver le droit d’engager toutes les mesures et procédures judiciaires adéquates en cas de récidive de tels dépassements et manquements professionnels », selon son communiqué.

En 2012, une loi avait mis fin à cinquante ans de monopole de l’Etat sur l’audiovisuel. Plus de 50 chaînes de télévision privées ont vu le jour depuis, mais seules six d’entre elles, dont El-Hayat TV, ont reçu un agrément provisoire pour l’ouverture de représentations en Algérie.

Les autorités veulent désormais mettre fin à l’ère des télévisons privées offshore – comme El-Hayat TV − qui sont donc considérées comme des chaînes étrangères.

Le Monde avec AFP

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