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Le conclave des anciens ministres : composition en trois catégories !

Le conclave des anciens ministres qui vient de voir le jour, sous le patronage du premier ministre, est une curiosité exotique dont notre pays a le secret. Un petit groupe d’anciens ministres, notamment de la période récente et certains de la fin de la période Maaouiya, cherche à reprendre du service.

L’initiative s’est faite au nom de tous les anciens ministres en général, mais les vrais bénéficiaires sont ceux qui tirent les ficelles et qui cherchent à utiliser ce parapluie pour accéder aux ressources symboliques et matérielles de l’Etat. L’idée est de vendre le concept au régime, s’il est preneur, à ce moment-là, les plus ambitieux finiront par en profiter.

En temps normal, quand on a été ministre dans son pays, on se voit ouvrir les portes de l’expertise à l’étranger ou au niveau national, notamment dans les organisations internationales et les bureaux d’études. Mais, chez nous, la plupart de nos anciens ministres n’ont pas cette chance, parce qu’ils n’ont rien à vendre. Ils ont été nommés ministres sur des bases tribales et politiciennes, pas du tout sur la base d’une compétence ou d’une expertise quelconque, ni même sur une capacité de mobilisation populaire. Ils envisagent donc leur avenir exclusivement sous l’angle de l’appartenance à l’Etat et au service du régime. En dehors de l’Etat, ils n’existent pas. Et comme l’Etat les a oubliés, ils essaient de se rappeler au bon souvenir des autorités.

Pour éviter toute généralisation forcément abusive, il faut différencier et disséquer ce groupe d’anciens ministres réunis en conclave, en trois catégories, parce que le jeu de ceux qui tirent les ficelles est de mélanger tout le monde :

Les anciens ministres crédibles : Ils appartiennent assez souvent au régime de Ould Daddah ou à la première période du régime militaire, avec quelques exceptions pendant le régime de Ould Taya ou la première transition démocratique. Ils sont très discrets, certains exercent toujours, ici et là, d’autres sont retirés de la scène publique. Ils ont une expérience et une expertise réelles. Ils pourraient servir l’Etat sous des formes à étudier.

Les roumouz el vessad : considérés, à tort ou à raison, comme des symboles de la corruption et ayant perdu toute crédibilité. Clairement, ce sont des élites que les mauritaniens ne veulent pas de leur retour qui signifie la décrédibilisation du régime actuel. Leur recyclage signifie le recyclage des pratiques corruptives. Ils ne peuvent plus servir le pays. Ils l’ont desservi et l’ont déjà détruit.

Les transparents : Si on compare les 3 groupes, ils sont sans doute les plus nombreux. Ils n’ont rien à proposer, pas d’expérience ou d’expertise quelconque à partager ou à mettre au service de l’Etat. Leur surprenante ascension politique s’explique généralement par des logiques clientélaires et népotiques, ils constituent sans doute l’écrasante majorité des différents gouvernements de Ould Taya et de Ould Abd El Aziz…et certainement le gros des troupes du « syndicat » des anciens ministres, à côté des roumouz el vessad.

Mohamed El Mounir

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