La Mauritanie face au monde en 2025 : diplomatie d’équilibre et ambitions régionales
Introduction
En 2025, la Mauritanie s’affirme comme un acteur diplomatique discret mais stratégique, engagé dans une politique étrangère fondée sur l’équilibre, la diversification des partenariats et la recherche de stabilité dans un environnement régional instable. Située au carrefour du Maghreb, du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, la République islamique de Mauritanie tente de consolider sa position internationale tout en répondant à d’importants défis internes économiques et sociaux.
Une diplomatie de diversification assumée
Des partenariats globaux élargis
La diplomatie mauritanienne en 2025 repose sur une logique pragmatique de diversification des alliances. Nouakchott entretient des relations actives avec les grandes puissances mondiales, évitant toute dépendance exclusive.
La Chine demeure l’un des partenaires majeurs du pays, notamment dans les domaines des infrastructures, de la santé, de l’eau et des transports. Le soixantième anniversaire des relations diplomatiques entre les deux pays a été l’occasion de réaffirmer un partenariat stratégique fondé sur des investissements concrets et un soutien politique constant.
Parallèlement, la Mauritanie renforce ses liens avec la Russie, marqués par la signature de plusieurs accords de coopération couvrant des secteurs variés, traduisant la volonté de Nouakchott de s’inscrire dans un monde multipolaire.
Sur le plan moyen-oriental, l’éventualité d’une reprise des relations diplomatiques avec Israël, évoquée dans certains cercles internationaux, a toutefois été formellement démentie par l’ambassadrice de la Mauritanie aux États-Unis. Cet épisode illustre à la fois l’attention portée par Nouakchott à sa position internationale et sa volonté de clarifier sa ligne diplomatique, en tenant compte de ses intérêts stratégiques ainsi que des sensibilités régionales et nationales.
L’Europe : partenaire économique et migratoire clé
Les relations avec l’Union européenne restent centrales. En 2025, la Mauritanie consolide sa coopération avec plusieurs États membres, notamment l’Espagne, à travers des accords portant sur les transports, la cybersécurité, la sécurité sociale et la protection de l’environnement.
Cependant, ce partenariat est marqué par une forte dimension migratoire. Nouakchott joue un rôle crucial dans la gestion des flux migratoires vers l’Europe, ce qui renforce son importance stratégique mais suscite également des critiques d’organisations de défense des droits humains, mettant en lumière les tensions entre impératifs sécuritaires et respect des droits fondamentaux.
Un ancrage africain renforcé
Le Sénégal et l’Afrique de l’Ouest
Au niveau régional, la Mauritanie poursuit le renforcement de ses relations avec ses voisins ouest-africains, au premier rang desquels le Sénégal. La coopération bilatérale s’inscrit dans une dynamique de bon voisinage, de sécurité partagée et d’intégration économique, notamment autour des projets énergétiques et des échanges commerciaux.
Le Maroc : coopération pragmatique
Les relations avec le Maroc connaissent également une dynamique positive. Nouakchott et Rabat multiplient les échanges politiques et économiques, consolidant une coopération fondée sur les intérêts communs et le respect mutuel. La Mauritanie cherche toutefois à préserver une posture équilibrée sur les grandes questions régionales, notamment celles touchant au Maghreb.
L’Algérie : un partenariat stratégique en pleine intensification
L’année 2025 marque une intensification notable des relations entre la Mauritanie et l’Algérie, désormais perçues comme un axe stratégique sahélo-maghrébin.
Les échanges de visites officielles de haut niveau témoignent d’une volonté partagée de renforcer la concertation politique et la coordination diplomatique. Les deux pays affichent une convergence de vues sur les dossiers régionaux sensibles, notamment la stabilité du Sahel, la lutte contre le terrorisme et la défense de la souveraineté des États.
Sur le plan sécuritaire, l’Algérie apparaît comme un partenaire clé de la Mauritanie, en particulier en matière de renseignement, de sécurisation des frontières et de prévention des menaces transnationales.
La coopération s’étend également aux domaines de l’énergie, des hydrocarbures, de l’électricité et des échanges commerciaux. Alger voit en Nouakchott un point d’ancrage stratégique vers l’Afrique de l’Ouest, tandis que la Mauritanie entend tirer parti de cette relation pour renforcer son rôle de trait d’union entre le Maghreb et l’espace sahélien.
Stabilité et sécurité dans un Sahel en crise
Dans un Sahel fragilisé par les coups d’État, les conflits armés et l’expansion des groupes extrémistes, la Mauritanie apparaît en 2025 comme l’un des rares pays à avoir préservé une relative stabilité politique et sécuritaire. Cette position renforce sa crédibilité auprès de ses partenaires internationaux, qui voient en Nouakchott un acteur fiable et modéré.
Coopération multilatérale et image internationale
La Mauritanie poursuit son engagement dans les cadres multilatéraux africains et internationaux. Son adhésion à des initiatives internationales liées à la gouvernance de l’information et à la coopération diplomatique vise à améliorer son image et à renforcer son intégration dans les mécanismes globaux.
Les institutions financières internationales, telles que la Banque mondiale, accompagnent le pays dans ses réformes économiques, avec pour objectif de promouvoir une croissance plus inclusive et durable.
Conclusion
En 2025, la Mauritanie s’inscrit dans une diplomatie de réalisme et d’équilibre. En diversifiant ses partenaires, en renforçant son ancrage africain et maghrébin — notamment à travers l’intensification de ses relations avec l’Algérie — et en capitalisant sur sa stabilité relative, le pays cherche à consolider sa place sur l’échiquier régional et international.
Si les défis internes demeurent considérables, Nouakchott apparaît aujourd’hui comme un acteur pivot, soucieux de préserver son autonomie stratégique tout en s’ouvrant au monde, dans un contexte international marqué par les recompositions et les incertitudes.
Ahmed Ould Bettar



