Boghé : le Président Ghazouani inaugure la route Boghé–Kaédi et lance des projets structurants

Route Boghé–Kaédi

À Boghé, le Président Ghazouani déroule la trame d’un développement ancré dans les territoires

Par notre envoyé spécial dans le Brakna

Sous un ciel clair, le ruban rouge tendu entre Boghé et Kaédi n’était pas qu’un symbole. Mardi matin, en inaugurant la route réhabilitée reliant les deux villes, le Président de la République, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a donné corps à une séquence politique et économique qui se veut résolument tournée vers l’intérieur du pays, là où les infrastructures conditionnent encore l’accès au développement.

Parti à l’aube de Nouakchott, le Chef de l’État a été salué à l’aéroport international Oumtounsi par les plus hautes autorités civiles et militaires, avant de mettre le cap sur la wilaya du Brakna, accompagné d’une délégation ministérielle étoffée. Le déplacement, minutieusement préparé, s’inscrivait dans une double logique : inaugurer, mais aussi vérifier, sur le terrain, l’état d’avancement de projets structurants touchant aux routes, à l’eau potable et à l’agriculture.

Boghé en liesse, une route comme promesse

À l’arrivée à Boghé, l’accueil populaire fut à la hauteur de l’événement. Tout au long du cortège présidentiel, chants, slogans et banderoles ont accompagné le passage du Chef de l’État, traduisant une attente longtemps nourrie par les habitants de cette zone riveraine du fleuve Sénégal.

Point d’orgue de la visite : l’inauguration officielle de la route Boghé–Kaédi, longue de près de 100 kilomètres et large de 9 mètres, entièrement réhabilitée après 30 mois de travaux pour un coût global de plus de 852 millions d’ouguiyas, financés sur fonds propres de l’État. Après avoir suivi un exposé technique détaillé, le Président a procédé à la coupure du ruban symbolique et au dévoilement de la plaque commémorative, scellant l’ouverture officielle de cet axe stratégique.

Cette infrastructure, au-delà du bitume, est appelée à fluidifier les échanges, sécuriser les déplacements et renforcer les liens économiques entre le Brakna et le Gorgol, dans un contexte où la mobilité reste un facteur clé d’intégration nationale.

Un programme routier d’ampleur nationale

Dans son allocution, le ministre de l’Équipement et des Transports, Ely Ould El Veirik, a replacé ce chantier dans une dynamique plus large. Depuis 2019, a-t-il rappelé, plus de 3 000 kilomètres de routes ont été construits ou réhabilités à travers le pays, dans un souci d’équité territoriale.

Le responsable a détaillé les principaux axes déjà réalisés ou en cours — d’Aleg à Maghtaa Lahjar, de Diouk à Kiffa, de Tintane à Néma — tout en évoquant les études avancées pour de futurs projets structurants, dont l’autoroute Nouakchott–Boutilimit et plusieurs lignes ferroviaires à vocation économique. Une feuille de route ambitieuse, pensée pour accompagner la croissance et désenclaver durablement les régions de l’intérieur.

L’eau, autre pilier de la visite présidentielle

Au-delà des routes, le Président Ghazouani s’est rendu dans la commune de Hayré Mbar, dans la moughataa de Bababé, pour s’enquérir de l’état d’avancement d’un projet hydraulique et agricole majeur, destiné à changer la vie de près de 115 000 personnes réparties sur 165 villages des wilayas du Brakna, du Tagant et de l’Assaba.

Ce projet, financé à hauteur de près de 60 milliards d’ouguiyas grâce à un don des Émirats arabes unis, repose sur le captage des eaux du fleuve Sénégal. Il prévoit la construction d’infrastructures lourdes : stations de pompage et de traitement, réservoirs stratégiques, réseaux de canalisations de plus de 170 kilomètres, ainsi qu’un vaste dispositif d’irrigation capable de mettre en valeur 3 500 hectares agricoles.

Posée en mars 2024, la première pierre de ce chantier s’inscrit dans la nouvelle stratégie nationale de l’eau, visant à préserver les nappes souterraines tout en valorisant les ressources de surface renouvelables.

Une visite qui s’achève, un signal politique qui demeure

Au terme de cette journée dense, le Président de la République a quitté Boghé pour regagner Nouakchott, après avoir multiplié les échanges avec les autorités locales, les élus et les responsables techniques. Pour les habitants du Brakna, cette visite restera comme un marqueur fort : celui d’un État qui descend sur le terrain, inspecte, inaugure et projette.

Dans un pays où les infrastructures ont longtemps cristallisé frustrations et inégalités, la route Boghé–Kaédi et le projet hydraulique de Hayré Mbar apparaissent désormais comme des leviers concrets d’inclusion territoriale, et comme des jalons visibles d’une gouvernance qui entend inscrire ses promesses dans le paysage.

Khalil Sow pour Rapide info